Le constat alarmant du CCME sur les saisonnières en Espagne

Heures supplémentaires, licenciement abusif, exploitation sexuelle… Le constat dressé par le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) sur les saisonnières employées en Espagne, dans une nouvelle étude qui vient être transmise au gouvernement, est sans appel.

Certaines observations confirment les plaintes déposées récemment par les «cueilleuses» de fraises. Le diagnostic du Conseil relève que l’exploitation de cette main d’œuvre se situe à plusieurs niveaux. L’employeur peut renvoyer les saisonniers à tout moment, alors que la durée du contrat ne peut être inférieure à trois mois.

Ces renvois ont été très fréquents en 2010 et 2011 en raison de la crise économique et du climat qui a endommagé de nombreuses plantations et fait chuter le nombre de jours de travail de la campagne agricole.Par conséquent, des marocaines se retrouvent sur le territoire espagnol sans emploi et sans indemnités de retour alors qu’elles ont été recrutées avec un contrat en bonne et due forme. «Les premiers risques qu’elles encourent sont de verser dans la clandestinité, d’être exploitées par des employeurs peu scrupuleux ou des réseaux mafieux ou encore de se livrer à la prostitution pour survivre», déplore le Conseil.

Or, la Convention collective prévoit que si deux heures sont travaillées par jour, la journée entière doit être payée. Ce qui n’est pas le cas, affirme le Conseil. Pire encore, des centaines de femmes n’ont travaillé aucun jour en dépit de la loi qui prévoit une période d’essai de 15 jours. Or, une journée non travaillé équivaut à une journée non payée. «Ces employées saisonnières ont pu vivre grâce à la solidarité de leurs compatriotes. Plusieurs affirment s’être endettées et redoutent de retourner au pays sans argent», indique le CCME. De même, les heures supplémentaires ne sont pas compensées par des jours de congé, des journées de travail plus courtes ou des journées rémunérées avec une majoration de salaire, comme le stipule la convention collective.

Par ailleurs, les conditions de logement de ces ouvrières laissent à désirer. Certains patrons offrent des conditions d’hébergement en dessous de toutes normes, déplore-t-on. Il s’agit généralement de baraques en préfabriqué se trouvant à des dizaines de kilomètres des zones urbaines et où le minimum en matière d’hygiène n’est pas respecté. Les conditions de travail sont très dures et engagent les travailleurs, hommes et femmes de toutes les nationalités, dans une compétition du plus grand nombre de caisses de fraises afin de travailler le plus de jours possibles. Les jours non travaillés n’étant pas rémunérés. Or, la convention collective prévoit que les travailleurs sont payés au temps de travail et pas sur la base des quantités récoltées.

De même, les saisonnières cotisent à la même hauteur que les travailleurs présents sur le sol espagnol mais ne bénéficient pas en pratique des droits à une indemnité chômage (à partir de 270 jours de cotisation) ni des droits en termes de retraite ou de maternité.

Face à ce constat, le CCM a émis quelques recommandations. Le gouvernement est appelé à inclure cette main d’œuvre dans un système de protection sociale au Maroc tel que le RAMED. Pour le Conseil, ces saisonnières nécessitent un encadrement durant tout leur parcours migratoire, par des ONG ou des intermédiaires sociaux, pour les aider à surmonter les difficultés et à créer une activité génératrice de revenus dans leur région d’origine.

Les syndicats marocains doivent également être présents lors des recrutements au Maroc. Actuellement, les recrutements se font en présence des syndicats espagnols et en l’absence des responsables du département de l’emploi ! Pourtant, les critères de sélections, qualifiés d’ailleurs de discriminatoires, ont été mis en place par la partie marocaine.

Hajar Benezha

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