Côte d’Ivoire: L’investiture contestée d’Alassane Ouatarra

Nabil El Bousaadi

Elu une première fois en 2010 et réélu en 2015, Alassane Ouatarra, 78 ans, à qui la Constitution de 2016 a interdit de déposer sa candidature pour un troisième mandat présidentiel à la tête de la Côte d’Ivoire avait annoncé, en mars dernier, son intention de passer le relais à son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.

Mais, quand, le 8 Juillet dernier, celui-ci a été terrassé par un infarctus, il n’y avait plus personne à placer sur la ligne de départ de la course à la présidentielle pour représenter le Rassemblement des Houphouëtistes pour  la démocratie et la paix (RHDP). Aussi, en estimant qu’avec la révision constitutionnelle de 2016 «les compteurs avaient été remis à zéro», les partisans d’Alassane Ouatarra ont considéré que ce dernier peut, désormais, postuler pour un nouveau mandat puisque les deux précédents s’étaient déroulés sous l’ancienne Constitution et annoncé, dès le 6 Août dernier sa participation au prochain scrutin présidentiel en dépit des protestations de l’opposition ivoirienne.

Or, dès cette annonce, ce sont des milliers d’ivoiriens qui, en la jugeant anti-constitutionnelle,  sont descendus dans les rues des principales villes du pays pour dénoncer la supercherie. Parlant au nom du principal parti d’opposition, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Maurice  Kakou Guikahué a déclaré que  «Constitutionnellement, le Président Ouattara ne peut pas avoir un troisième mandat. Il ne peut pas être candidat et il le sait». Mais les partisans d’Alassane Ouatarra ne l’entendent pas de cette oreille. Leur entêtement ayant donné lieu à un déchaînement de violences, ce sont au moins six personnes qui seraient mortes,  des centaines qui auraient été blessées et près de 1.500 qui auraient été déplacées à l’issue de trois journées d’échauffourées.

Or, malgré cette recrudescence des violences, le président Alassane Ouatarra a été officiellement investi, samedi dernier, comme candidat du RHDP lors d’une cérémonie qui s’est déroulée au Stade Houphouët Boigny à Abidjan. Dans son discours d’investiture, le président sortant a condamné, en ces termes, les violences que connaît le pays: «Nous voulons la paix (…) Arrêtons de brûler (…), de mettre des troncs d’arbre sur la route ! (…) Faites des meetings ! La violence ne passera pas !».

Mais ce n’est pas pour autant que les violences ont cessé puisque le jour-même au moins deux personnes seraient tombées lors des bagarres qui se sont produites entre des manifestants des deux bords à Divo, une localité située à près de 200 kms au Nord-Ouest d’Abidjan.

«Il y a des blessés. La petite gare routière et des boutiques ont été incendiées et pillées» a déclaré à l’AFP le député Divo Famoussa Coulibaly.

A Bonoua une ville du sud-est du pays qui est aussi le fief de l’ancienne première dame Simone Gbagbo, il y a eu de très violentes altercations inter-ethniques entre de jeunes «abourés» (ethnie locale proche de l’opposition) et des «dioulas» (ethnie du nord du pays proche du président Ouattara) au cours desquelles « le marché central, une trentaine de boutiques et des cars de transports » auraient été incendiés d’après un habitant de la ville. Il en a été de même à Gagnoa, le fief de Laurent Gbagbo.

Ces violences vont-elles cesser avant la tenue des élections présidentielles, le 31 Octobre prochain ? Rien ne l’indique pour l’heure mais attendons pour voir.

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