Coup d’Etat avorté en Ethiopie

«Une tentative orchestrée de coup d’Etat s’est produite contre l’exécutif du gouvernement régional de l’Amhara», la deuxième région la plus peuplée de l’Ethiopie, au nord-ouest d’Addis-Abeba.

C’est ce qui ressort d’un communiqué émanant du bureau du chef du gouvernement éthiopien en date de ce dimanche matin, à la lecture duquel on apprend,  également, que le président de la région de l’Amhara ainsi qu’un de ses conseillers ont succombé à leurs blessures alors qu’un autre haut responsable régional aurait été grièvement blessé. Donnant de plus amples renseignements, le porte-parole du gouvernement a déclaré qu’un «commando de tueurs» avait visé une réunion de hauts responsables locaux.

Cette tentative de coup d’Etat se serait déroulée en deux phases. Ainsi, dans une première étape ayant eu lieu samedi, en début d’après-midi, un «commando de tueurs» dirigé par le chef de la sécurité de l’Amhara, toujours en fuite à l’heure qu’il est,  aurait fait irruption dans la salle où se réunissaient plusieurs responsables locaux et blessé mortellement le président de la région ainsi qu’un de ses conseillers. Un autre dirigeant local aurait également été grièvement blessé. Quelques heures plus tard, ce fut au tour du Général Seare Mekonnen, le chef d’Etat Major de l’armée éthiopienne, d’être assassiné, à son domicile, par son propre garde du corps, arrêté peu de temps après les faits.

Apparaissant à la télévision en uniforme militaire pendant qu’un communiqué de la primature annonçait que la «tentative de coup d’Etat», «condamnable», «contraire à la Constitution» et visant «à saborder la paix chèrement acquise dans la région» ayant eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche n’est pas arrivée à ses fins et que « la situation dans la région d’Amhara est totalement sous le contrôle du gouvernement fédéral en coopération avec le gouvernement régional », le jeune premier ministre réformateur Abiy Ahmed semble n’être toujours pas parvenu à apaiser les tensions qui sapent l’unité du pays quatorze mois après sa prise de fonction.

Pour rappel, dès son arrivée, en Avril 2018, à la tête d’un pays «mosaïque» de plus de 100 millions d’habitants où les fortes tensions inter-ethniques sont sources de violences et de déplacements massifs de populations, Abiy Ahmed, né en 1976, s’est attelé à asseoir la paix avec le voisin érythréen et à mettre en œuvre tout un train de réformes économiques ayant trait notamment à la possession des terres et à l’utilisation des ressources.

Désireux de démocratiser le pays, le nouveau Premier ministre a sévèrement réprimé les atteintes aux droits humains qui étaient de mise en Ethiopie en arrêtant plusieurs responsables de l’armée et des services de renseignements, en légalisant certains groupes dissidents et en essayant même de donner un sérieux coup de pouce à la liberté de la presse. Autant de faits qui n’ont fait que lui attirer les foudres des adeptes de la «ligne dure».

Enfin, si avant la tentative de coup d’Etat de ce samedi, le Premier ministre éthiopien avait déjà fait l’objet, pendant un meeting en Juin 2018, d’une attaque à la grenade au cours de laquelle deux personnes avaient perdues la vie, il semble bien que la volonté de ce dernier de démocratiser l’Ethiopie va incontestablement se heurter, pendant longtemps encore, aux divergences d’intérêts des différentes ethnies qui composent la mosaïque éthiopienne. Quoiqu’il en soit, attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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