D’hier à aujourd’hui : le 8 mars au Maroc

A l’instar des idées de progrès social et politique, la cause féminine a connu une véritable mutation, au Maroc, grâce aux forces démocratiques françaises qui étaient foncièrement opposées à la colonisation.

L’on peut dire que, avec l’arrivée de militants européens, français, espagnols, portugais et italiens, au Maroc, les idées sur l’émancipation de la femme marocaine ont commencé à germer.

Certes, à travers l’histoire du Maroc, quelques voix féminines, réclamant une meilleure situation, s’étaient fait entendre. Mais c’est juste avant le début de la seconde guerre mondiale, que les premiers noyaux de militantes féminines s’étaient constituées, notamment avec les structures du Parti communiste français (implanté dans la fonction publique, les chemins de fer et les mines grâce à la Confédération générale des travailleurs (CGT), qui vont évoluer, en 1943, avec la création du Parti communiste du Maroc.

Certes de nombreuses militantes patriotes avaient lutté pour la libération du pays du joug colonial. Mais les premières revendications catégorielles avaient démarré notamment après la fin de la seconde guerre mondiale.

Il suffira de citer l’historique (datant d’octobre 1949) communiqué du Bureau politique du Parti communiste marocain, dirigé par feu Ali Yata, condamnant l’envoi de femmes marocaines au Vietnam pour servir de repos aux combattants marocains enrôlés par la France.

Après l’indépendance du Maroc, les premières militantes de l’Union nationale des Etudiants du Maroc (UNEM) étaient fondamentalement militantes du PCM, puis du PLS et, plus tard, du PPS et de l’USFP puis des mouvements du Front des étudiants progressistes (extrême gauche).

Et si le secteur féminin du PPS existe depuis 1975, après la légalisation du PPS, l’UNFP disposait de son secteur féminin déjà. Les idées véhiculées à l’époque étaient fortement combattues chez nous. Alors que, quelques décennies après, c’est l’ensemble du mouvement féminin marocain qui en apprécie la valeur.

C’est pour dire que si c’est le PCM qui a introduit au Maroc les idées du socialisme, des droits de la femme et de l’égalité avec l’homme, d’autres forces qui vont bifurquer du parti de l’Istiqlal et, plus tard de l’UNFP, épouseront les idées défendues par le PPS. C’est tout à son grand honneur.

Aujourd’hui il faudra rappeler que le PPS s’est toujours trouvé au cœur du combat pour l’amélioration de la condition féminine.

Et avec la création, en 1985, de l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM), le combat de la femme marocaine prendra une tournure plus importante.

A l’époque, les partis de l’USFP et de l’Istiqlal disposaient de secteurs féminins et ce n’est que deux années plus tard, en 1987, que l’Union de l’action féminine (appartenant à l’ex OADP) vit le jour.

Ensemble, ces organisations féminines militantes ont pu faire avancer la situation de la femme marocaine. Un important et capital apport à la cause de la femme marocaine.

Il suffira de citer, en vrac, quelques grandes actions, entreprises par le mouvement de la femme marocaine :

  • Amendement du code pénal et surtout les articles qui concernent le harcèlement sexuel
  • Création de la coalition Printemps de l’Egalité pour la Réforme de la Moudawana
  • Création de centres d’écoute pour les femmes victimes de violence
  • Réforme partielle du code du statut personnel en 1993.
  • L’amendement de plusieurs dispositions relatives aux droits des femmes.
  • L’adoption d’une liste nationale dans la loi organique de la chambre des représentants en 2002.
  • La levée des réserves sur la convention de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW)…

Depuis la réforme de la Moudawana, les revendications féminines se sont élargies pour englober, notamment des responsabilités politiques et des postes de décision.

En conclusion, si les autres formations politiques avaient suivi l’exemple et la démarche du PPS, les femmes militantes dans le mouvement national marocain ont pu, dans une symbiose générale, acquérir, progressivement, de grands acquis émancipateurs, tout particulièrement, l’élection de 35 femmes à la Chambre des Représentants, grâce à la liste nationale. C’est leur grand acquis.

Mohamed Khalil

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