Le président américain Donald Trump a limogé mardi son influent conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, une décision surprise de par son timing mais pas tout à fait inattendue au vu des divergences profondes entre les deux hommes sur nombre de dossiers.
Ce désaccord portait, selon les médias et les observateurs américains, notamment sur des dossiers stratégiques de politique étrangère allant de la Corée du Nord, à l’Afghanistan en passant par l’Iran. La divergence s’est révélée jusque dans la version donnée par les deux parties sur cette décision de rupture qui marque la fin du mandat de Bolton au sein de l’actuelle administration américaine.
«J’ai informé John Bolton hier soir que ses services n’étaient plus requis à la Maison Blanche», a indiqué le président américain sur Twitter avant d’ajouter: «Je suis en désaccord profond avec beaucoup de ses suggestions, tout comme d’autres membres de l’administration, et j’ai donc demandé à John de me soumettre sa démission, ce qu’il a fait ce matin». Toujours sur Tweeter, John Bolton a livré une toute autre version des faits juste après l’annonce du président américain.
«J’ai proposé de démissionner hier soir et le président Trump a déclaré: Parlons-en demain», a-t-il écrit sans donner davantage de précisions.
En réponse à une question du New York Times, M. Bolton a affirmé, par SMS, que la démission « était une initiative de sa part ».
Le moment choisi par Donald Trump pour renvoyer son troisième conseiller à la sécurité intérieure, a eu l’effet d’une surprise jusque dans les rangs du cabinet.
Une heure auparavant, la Maison Blanche avait annoncé une conférence de presse à l’issue d’une réunion à laquelle devaient prendre part John Bolton et le secrétaire d’État Mike Pompeo.
Considéré comme un faucon et un va-t-en guerre, M. Bolton, 70 ans, qui a occupé par le passé le poste d’ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations Unies sous l’administration de George W. Bush, était de plus en plus isolé au sein de l’administration Trump, rapportent les médias américains. La rupture entre le président et son conseiller à la sécurité nationale relevait autant de «la personnalité que de la politique», indique-t-on. « Le président n’a jamais été chaud à son égard, une dynamique souvent fatale au sein de cette administration », estime le New York Times.
En dépit d’une logique de contestation du multilatéralisme adossée à une stratégie de pression maximale au nom de la défense des intérêts américains, Trump est moins interventionniste. Il n’hésitait pas à aller à l’encontre des positions et conseils de certains de ses proches collaborateurs, en particulier John Bolton, qui poussent plutôt à la confrontation.
Trump est arrivé au pouvoir en effet avec un profond scepticisme quant aux aventures militaires et affiche un intérêt pour des négociations visant à résoudre des conflits latents, comme en témoigne son engagement sur le dossier nord-coréen. «Deux mois avant son entrée à la Maison Blanche, en avril 2018, il (Bolton) avait appelé à une guerre préventive avec la Corée du Nord», avait rappelé The New Yorker dans un long portrait sur Bolton.