D’où vient la pauvreté au Maroc?

«Aucune société ne peut prospérer où la plus grande partie est pauvre!», disait un jour Adam Smith, fondateur de l’économie politique. Cette citation pourrait convenir à notre pays qui a beau «révolutionné» ses infrastructures, sans pour autant, parvenir à hisser le statut de vie de ses populations.

Ce détachement à l’égard de la ressource humaine qui s’est étendu sur plus de sept décennies, a aggravé le dysfonctionnement de la croissance de la société marocaine. Il en résulte inévitablement une échancrure si béante que les efforts déployés jusqu’ici, ne pouvaient concourir à l’émancipation de l’Homme et de l’Espace dans leur globalité, à travers la nation.

Durant plus de la moitié du Siècle, les politiques publiques prônées dans les stratégies nationales sont, en fait restées en deçà des attentes de la majeure partie des citoyen(nes) aussi bien en milieu urbain que rural. Il n’y a, en effet, qu’une seule explication à ce déséquilibre criard de la société que nul ne peut occulter par des slogans creux. Notre pays ne saurait taire indéfiniment ces tares dont les disparités criardes ne font qu’exaspérer.

A ce propos, Christine Lagarde, présidente de la banque centrale européenne, ancienne patronne du FMI, jetait le pavé dans la mare : «Trop d’inégalité nuit à la croissance!». Le son de cloche de cette juriste tricolore retentissait également sur les toiles d’échec de notre pays dont la déchirure sociale gravissait au paroxysme des indicateurs de croissance.

Depuis déjà fort longtemps, on tentait de braver cette réalité amère, par le biais des «sédatifs» qui ne résistaient guère aux cris  de colère des laissés pour compte. «On ne peut enrichir les uns que pour appauvrir les autres!», déduisait la pensée de Karl Marx, au 19e Siècle. Cependant, ironie du sort ! L’actuelle pandémie qui étiole la planète, a bien mis à nu la précarité éclatante qu’on s’efforce de dissimuler pour maintenir le statu quo au grand profit d’une  minorité dominante.

On ne pouvait alors voiler cette vérité qui éclatait au grand jour: «Plus de six millions de foyers et donc plus de vingt millions de personnes vivent la misère !». C’est donc environs la moitié du peuple qui vit dans le besoin de survivre.

Dans le souci absolu de préserver cette population en ce temps d’épidémie qui, à défaut, pourrait générer des instabilités déroutantes, on s’est attelé à nourrir, tant bien que mal, cette gigantesque nuée de pauvres, par le fonds spécial instauré à cet effet. La Covid-  19 aura, en conséquence, crevé l’abcès de ce tabou éternel que notre pays n’a jamais mis au clair afin de rompre avec l’exclusion de son socle fondamental de la prospérité.

Notre pays, saura-t-il tirer les conclusions de cette crise dénonciatrice de ses limites ? En tout cas, cette épreuve aura, sans nul doute, révélé des lacunes mortifères dans son parcours vers l’essor global escompté. Il aura compris qu’il ne peut, en aucun cas, se passer de son élément humain dont il peut être fier et sur lequel il peut compter, en vue de sortir du bout du tunnel. Il devra se pencher sérieusement sur les capacités immenses de son peuple que la contrainte de l’endémie a fait valoir, à plus d’un titre.

Certes, son énergie s’était focalisée sur la mise en place des grands chantiers, mais il importe de déplorer aussi que toutes ces prouesses n’ont pas eu d’effets positifs sur le bien-être des populations. Les écarts sociaux se sont renchéris de plus belle, au profit des nantis, à travers la distribution révoltante des ressources, affectée par des pratiques immondes de la rente, la fraude et l’hégémonie.

Le cumul de ces gabegies qui se commettent aux dépens du peuple, ne font inéluctablement qu’attiser la rogne au sein des masses et, par conséquent,  semer la discorde et l’insécurité. Le Maroc n’a plus d’autre alternative salvatrice que de se séparer de ces conduites menant à la misère et la précarité de ses populations.

C’est en effet, couper court à la politique du libéralisme sauvage et se diriger tout droit vers le renforcement de l’Etat, du Droit et de la Justice. Mais, pour ce faire, il va falloir tout d’abord, couper net les griffes des prédateurs du monopole, de la dépravation et l’impunité.

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