Les failles stratégiques de la CDG

En marge d’une conférence de presse tenue à Casablanca le mardi 20 juin, la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) a annoncé sa nouvelle stratégie à l’horizon 2022, apprend-on d’après nos confrères.

En effet, notre journal n’a pas été invité à cette conférence puisque la CDG a défini une petite liste de supports à couvrir son événement, nous confie l’agence organisatrice. Nos appels pour avoir une explication, sont restés vains. Pourtant, un établissement de la taille de la CDG, premier investisseur institutionnel et faisant partie du tour de table de la société gestionnaire de la Bourse de Casablanca, devrait se doter d’une stratégie de communication claire et transparente,notamment à travers la facilitation de l’accès à l’information. Un droit constitutionnel, nous dit-on.

Cela dit, selon un communiqué qui nous est parvenu, la Caisse va dorénavant se retirer de l’opérationnel et se consacrer à la maîtrise d’ouvrage déléguée, le cofinancement et l’investissement.  Toutefois, la présentation de cette stratégie reste généraliste puisque la CDG n’a pas livré des objectifs chiffrés notamment les indicateurs de rentabilité. Elle n’a pas non plus cité des exemples de projets identifiés de maîtrise d’œuvre ni des explications pour la vague de départs au niveau de son top management.

Voici la nouvelle stratégie telle annoncée par le Groupe. La CDG privilégiera désormais des modes d’intervention en tant qu’«Expert», «Co-Financeur» et «Investisseur» par rapport au mode «Opérateur» adopté par le Groupe jusque-là. Ce dernier mode consistant en la prise en charge par le Groupe CDG de tous les maillons de la chaîne de valeur d’un projet (conception, acquisition du foncier, aménagement, développement, commercialisation, gestion, …).C’est ainsi que la nouvelle stratégie 2022 du Groupe CDG s’appuiera sur les cinq piliers suivants : épargne-prévoyance, tourisme, développement territorial, co-financeur, investisseur.

Toujours d’après le communiqué, le Groupe concentrera son intervention dans le domaine des stations touristiques, celles de Saïdia et de Taghazout en l’occurrence, ainsi que sur les actifs hôteliers stratégiques. Il fera évoluer son intervention en matière de zones industrielles et d’aménagement urbain du mode opérateur vers un mode tourné vers l’apport d’expertise pour le compte de l’Etat et des collectivités territoriales, sous forme de MOD ou de gestionnaire (mode Expert).Il contribuera également au financement des PME et des collectivités territoriales en partenariat avec le secteur bancaire («Co-financeur») et renforcera la dynamique d’investissements dans de nouveaux secteurs essentiels à la diversification du modèle de croissance du pays tels l’industrie, l’agro-alimentaire, les nouvelles technologies d’information et les énergies renouvelables et ce, à travers des investissements minoritaires ciblés (mode «Investisseur»).

Les cinq piliers du Plan stratégique 2022 du Groupe CDG seront déployés par le biais d’une organisation structurée et agencée autour de 4 groupes de métiers : gestion de l’épargne/ prévoyance, développement territorial, tourisme et banque –finance-investissement.

Enfin, la question qui se pose est la suivante : quand est-ce que la vielle dame de Rabat investira-t-elle dans les nouveaux métiers d’avenir ? En attendant la réponse du directeur général de l’institution, Abdelattif Zaghnoun, nous estimons que pour parler d’une réelle révolution stratégique, une institution devrait muscler ses activités historiques et s’ouvrir sur les métiers d’avenir, notamment à travers le renforcement de ses positions dans l’Automobile et la prise de participation dans les secteurs de l’Aéronautique, Numérique et les Startups. Surtout que le Groupe dispose d’un niveau d’endettement qui doit le pousser à ouvrir la voie à la réalisation de nouveaux investissements «porteurs».

Kaoutar Khennach

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