France : premier débat des candidats à l’investiture LR

Entre unité et différence

Marquer sa différence sans compromettre l’unité du mouvement: les cinq candidats à l’investiture LR pour la présidentielle tiennent le premier de leurs quatre débats télévisés lundi soir avant de se retrouver ensemble sur la tombe du général de Gaulle mardi.

Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Michel Barnier, Eric Ciotti et Philippe Juvin se retrouvent devant LCI, RTL et Le Figaro pour une émission de deux heures.

Leur mission: séduire les militants qui feront leur choix du 1er au 4 décembre lors d’un congrès du parti, et au-delà convaincre les Français de leur capacité à remporter la présidentielle en avril 2022.

Chacun aura d’abord une minute pour expliquer quel sera son premier décret et son premier déplacement. Assis sur le plateau, ils aborderont ensuite quatre thématiques: économie, immigration, société (dont sécurité et laïcité) puis international. En fin d’émission, chacun aura une minute pour conclure.

Entre une extrême droite -Marine Le Pen et le candidat putatif Eric Zemmour- qui mord sur son électorat et les clins d’oeil appuyés du camp Macron, la droite classique ne peut se permettre les divisions qui la mèneraient à la disparition.
Ces débats vont « nous aider à encore mieux nous rassembler », a souligné le président LR du Sénat Gérard Larcher dimanche, en assurant que la droite, éliminée dès le premier tour en 2017, « n’est pas tant écartelée que cela ».

Mais les sondages restent pour l’heure décevants: Emmanuel Macron, pas encore déclaré, semble confortablement en tête du premier tour, avec Mme Le Pen et M. Zemmour favoris pour l’affronter au second.
Une faiblesse que la droite espère éphémère: « A partir du moment il n’y aura qu’un seul nom dans les sondages pour représenter LR, vous aurez forcément une prime au rassemblement », a affirmé le porte-parole du parti Gilles Platret lundi sur LCI.

Dans le camp LR, aucun candidat n’écrase le match même si Xavier Bertrand devance régulièrement ses concurrents: selon un sondage Ifop-Fiducial pour LCI publié lundi, 54% des sympathisants LR le jugent « en capacité de gagner la présidentielle », contre 26% à Michel Barnier et 16% à Valérie Pécresse.
Mais il s’agira d’une élection interne: Michel Barnier et Eric Ciotti, distancés dans les sondages, jouent la carte de la fidélité au parti, dont Xavier Bertrand et Valérie Pécresse ont claqué la porte avec fracas — avant de reprendre leur carte à la rentrée.

« Les jeux sont ouverts », estime le chef des députés LR, Damien Abad, soutien de Xavier Bertrand. « C’est très difficile de faire un pronostic, il y a une volatilité très forte », reconnaît-il.
D’autant que LR compte désormais 112.00 adhérents, contre 80.000 en septembre, ce qui peut changer les motivations du vote.

Si chacun interprétera la partition à sa façon, au final doit se dégager l’image d’une « équipe de France » où tous s’engagent à soutenir le vainqueur, souligne M. Larcher.
Preuve ostensible de cette unité, les cinq candidats se rendront mardi après-midi à Colombey-les-deux-Eglises avec le patron de LR Christian Jacob pour le 51e anniversaire de la mort du général De Gaulle.
Le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, pilier du macronisme, a ironisé dimanche sur ce débat, « un ballet de personnes sans projet ».

Conscient du rôle qu’avaient eu les débats télévisés en 2016 dans la dynamique de François Fillon, chacun poussera ses atouts pour se distinguer: Xavier Bertrand, patron de la région Hauts-de-France, a les sondages pour lui et l’aisance dans les débats. Valérie Pécresse, seule femme du groupe, soigne une image de compétence confortée par sa présidence de la région Ile-de-France.

Plusieurs fois ministre et négociateur européen pour le Brexit Michel Barnier, offre l’image d’un dirigeant chevronné, même s’il passe pour moins à l’aise dans l’exercice télévisé que ses deux principaux rivaux.
Quant à Eric Ciotti, il défend un projet « de rupture » très droitier sur l’identité nationale ou l’autorité. Enfin Philippe Juvin, maire de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), joue sur son expérience d’élu et de médecin à l’heure du Covid.

Les débats suivants sont prévus le 14 novembre sur BFMTV et RMC, le 21 novembre sur Cnews et Europe 1, et le 30 novembre, soit la veille du premier tour du congrès, sur France 2.
Après le verdict des adhérents, il faudra « qu’on ait tout le monde sur la photo de famille, qu’on donne l’image d’une droite rassemblée, renouvelée, qui a cette furieuse envie de gagner », souligne M. Abad.

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