Au G20 de Hambourg, la montagne a accouché d’une souris…

Réunis depuis vendredi à Hambourg dans un climat particulièrement tendu, les puissants de la planète ont courbé l’échine devant un Donald Trump plus fort que jamais qui  est parvenu à obtenir ce qu’il voulait sur ces deux épineux dossiers relatifs au climat et au commerce.

Ainsi, s’agissant du climat et même s’il est dit dans le document final que l’assistance «prend acte» de la sortie des Etats-Unis des accords de Paris, il est aussi clairement stipulé qu’étant donné que  ces accords sont «irréversibles» les pays du G20 «vont œuvrer pour travailler étroitement avec d’autres partenaires  pour faciliter leur accès et leur utilisation plus propre et efficace des énergies fossiles et les aider à déployer des énergies renouvelables et d’autres sources d’énergie propre». En conséquence, sur l’injonction du nouveau locataire de la Maison Blanche, le communiqué final du sommet a validé la volonté de Washington de «faire cavalier seul» en développant un usage «plus propre» des énergies fossiles. Ce faisant, le G20 aura donc entériné  les divergences sur le climat en acceptant, pour la première fois de son histoire, qu’un de ses membres suive un chemin différent de celui emprunté par ses pairs.

Et si, à ce sujet, la chancelière allemande et hôte du sommet, voulant à tout prix que cette réunion soit vue comme étant une réussite, se réjouit, tant bien que mal, du fait que tous les chefs d’Etat et de gouvernement s’en tiennent aux accords de Paris, le Président français espère, quant à lui, pouvoir amener son homologue américain Donald  à revoir sa copie à l’occasion du sommet sur la lutte contre le réchauffement climatique qui se tiendra à Paris le 12 décembre prochain, deux années exactement après la signature des accords de la COP21.

Pour ce qui est, par ailleurs, du commerce, même en condamnant le protectionnisme, le G20 reconnaît à ses membres, dans son document final,  le droit de se «défendre commercialement en cas de pratiques déloyales» puisqu’on peut y lire : «Nous allons continuer à combattre le protectionnisme, y compris toutes les pratiques commerciales déloyales, et reconnaître le rôle d’instruments légitimes de défense sur ce point». Ainsi, en choisissant une «formule évasive» qui ouvre la porte à différentes interprétations, la position adoptée sur le commerce par le G20 n’est, au demeurant, qu’un compromis de façade entre libre-échange et régulation; «un terrain d’entente dans le système existant  (et) une mascarade signifiant que le désaccord persiste» dira à l’A.F.P., Thomas Bernes analyste au Centre Canadien pour l’Innovation et la Gouvernance.

Mais, force est de reconnaître, toutefois, que les dirigeants de la planète présents à ce sommet ont pointé du doigt le financement du terrorisme et convenu de renforcer la coopération internationale et l’échange d’informations permettant de «s’attaquer à toutes les sources, techniques et canaux de financement du terrorisme».

Enfin, en marge de la tenue de ce sommet, le Pape François s’est adressé, en ces termes, aux différents chefs d’Etat et de Gouvernement : «J’adresse aux Chefs d’Etat et de gouvernement du G20 ainsi qu’à toute la communauté mondiale, un appel du fond du cœur, concernant la situation tragique au Soudan du Sud, au bassin du Lac Tchad, dans la Corne de l’Afrique et au Yémen où trente millions de personnes n’ont pas la nourriture et l’eau nécessaires à leur survie».

Puisse cet appel être entendu et suivi d’effet!

Nabil El Bousaadi

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