Hajji serait-il derrière le départ de Zaki?

Le successeur de Badou Zaki à la tête des Lions de l’Atlas est encore sur toutes les lèvres. Le Français Hervé Renard, qui a rejoint le Maroc, juste après la chute de Zaki, est donné comme grand favori à sa succession. On avance déjà le salaire du nouveau sélectionneur, qui pourrait être moins élevé que celui de Zaki. Selon des sources de la Fédération du président, Fouzi Lekjaa, le salaire mensuel que pourrait toucher Renard tournerait autour de 40.000 dollars, soit moins de 10.000 que Zaki, qui s’occupait seulement de l’équipe des Lions de l’Atlas. Renard, lui, va prendre en charge, en plus de l’équipe nationale A, la sélection des joueurs locaux et celle olympique.

Zaki, qui a accepté cette séparation à l’amiable, paraît-il, en récupérant un salaire de 3 mois (150.000 dollars) serait récompensé par la Fédération qui lui a proposé de continuer mais en « cachette ». Un poste au sein de la Direction technique nationale lui a été proposé, ce qui est de nature à lui assurer un salaire respectable, du moins jusqu’aux phases finales de la CAN 2017, date de la fin de son contrat avec la FRMF.

En attendant confirmation de la succession d’Hervé Renard, le limogeage de Zaki ne devra pas passer en catimini, en ces moments difficiles où l’équipe du Maroc s’apprête à rencontrer le Cap-Vert en matches décisifs « aller et retour », en mars prochain, pour le compte de la 3e journée de la phase des groupes des éliminatoires de la prochain CAN ainsi que les autres éliminatoires du Mondial 2018 où Zaki et son groupe avaient arraché une qualification dans la douleur pour la phase de groupes.

Les choix inconstants de Zaki ainsi que les résultats mitigés des rencontres, aussi bien amicales qu’officielles et les réactions d’inquiétude sur le proche avenir des Lions de l’Atlas, ont précipité le départ de Zaki, qui se croyait toujours au dessus de la mêlée. Les relations tendues entre lui et certains membres du staff technique seraient également derrière son départ. Surtout avec l’entraîneur adjoint, Mustapha Hajji, avec lequel le courant ne passait plus depuis longtemps. Après avoir convaincu les dirigeants de la FRMF de se passer des services d’un fin technicien qui s’occupait de la direction administrative du staff technique, Aziz Bouderbala, son ancien coéquipier au WAC comme au sein des Lions de l’Atlas de la belle époque du Mondial mexicain 1986, Zaki voulait faire la même chose pour se débarrasser de Mustapha Hajji. Les joueurs dont la majorité est constituée de pros d’Europe n’en voulaient rien savoir. Solidaires avec Hajji, ils ont menacé d’un départ collectif, paraît-il, si jamais Zaki arrivait à l’éloigner.

La fédération a jugé utile de sacrifier Zaki, même si le moment est inopportun. Hajji pourrait continuer en épaulant le nouvel entraîneur, Hervé Renard, qui serait là dans les prochains jours.

Les deux hommes sont des amis et gardent de beaux souvenirs des jours où tous deux jouaient au championnat de France.

Hajji, qui a démenti avoir été derrière la décision fédérale de la séparation avec Zaki, a gentiment réagi en certifiant qu’il est toujours entraîneur national selon le contrat qui le lie à la FRMF, seule instance habilitée à changer d’entraîneur. Les deux sont des salariés de la FRMF.

Hajji pense que : « Ce n’est pas à Zaki d’exiger le départ des entraîneurs. Ce n’est pas lui le président. Il est employé comme moi, et mon patron s’appelle Fouzi Lekjaa. C’est à lui que revient la décision de m’écarter ou de l’écarter du staff de la sélection », a fait savoir Hajji qui pense pour le moment aux deux matchs à préparer contre le Cap Vert, et qui attend les instructions pour recommencer son travail en compagnie du prochain nouvel entraîneur.

Et puis, pourquoi ne pas donner la chance à Hajji qui a le charisme d’entraîneur N°1 de l’équipe nationale. Il a ses moyens techniques estimés et ses méthodes non seulement de diriger une sélection nationale mais aussi et surtout de mener l’équipe à bon port. Il a marqué son temps en tant que joueur en France où il a grandi, et en équipe nationale, avec laquelle il a joué deux coupes du monde en 1994 et en 1998, où il avait remporté un titre de ballon d’or africain ; titre remporté auparavant par Zaki en 1986, Mohamed Timoumi en 1985, et Ahmed Faras en 1975.

Hajji veut tout simplement assurer la continuité et justifier le mérite d’un ancien joueur marocain qui reste l’un des footballeurs les plus brillants que l’Afrique ait jamais connus.

Né le 16 novembre 1971 à Ifrane, Hajji a débuté sa carrière en 1992 avec le club de l’AS Nancy-Lorraine, avant d’opter pour la Maroc au lieu de la sélection espoir de France pour aller jouer au Mondial 1994.

Par la suite, il passe au Sporting Lisbonne en 1996 avant de prendre le chemin de la Liga en 1998, chez le Deportivo Corogne. En cette année, il allait repérer ses capacités et son talent au Mondial français en 1998, avec surtout un magnifique but contre la Norvège (2-2) ; ce qui a contribué à construire sa notoriété internationale avec en plus un contrat faramineux de 5,5 millions de dollars avec le club Coventry City et le Ballon d’or africain 1998.

En somme, sa carrière de joueur est riche et variée dans plusieurs clubs : 1992 et 1996, à l’AS Nancy-Lorraine France, au Sporting Lisbonne (1996-1998), au Deportivo La Corogne (1998-1999), à Coventry City (1999-2001), à Aston Villa (2001-2004), à lEspanyol Barcelone (2004), aux Emirates Ras Al-Khaima (2004-2005), à Sarrebourg Allemagne (2005), puis à Fola Esch Luxembourg (2007).

Voilà une ancienne star du football national, qui mérite bien de continuer au service de son pays et des Lions de l’Atlas…

Rachid Lebchir

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