Haut-Karabakh : Washington parraine les pourparlers entre Bakou et Erevan

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Si le conflit portant sur l’enclave du Haut-Karabakh – peuplée majoritairement d’arméniens et reconnue par la communauté internationale comme étant une partie intégrante de l’Azerbaïdjan – avait connu une trêve en novembre 2020 après la conclusion d’un accord de cessez-le-feu sous médiation russe et le déploiement par Moscou d’une force de maintien de la paix de près de 2.000 hommes, ce sont les Etats-Unis qui, ce lundi, ont parrainé les discussions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan afférentes cette enclave montagneuse que les deux pays se disputent depuis le démantèlement de l’ancienne Union Soviétique.

Pour rappel, après la guerre qui avait opposé les deux pays à l’automne 2020 et qui avait permis à l’Azerbaïdjan de récupérer de larges pans de son ancien territoire, Moscou avait chargé quelques 2000 soldats russes du maintien de la paix.

Mais, malgré la présence des militaires russes, les heurts dans le Haut-Karabakh et à la frontière azerbaïdjano-arménienne n’ont pas cessé, pour autant, et menacent, à tout instant, de faire dérailler la fragile trêve qui avait été conclue après la guerre de 2020.

C’est à ce titre qu’après avoir accusé l’Azerbaïdjan de chercher à provoquer une crise humanitaire en bloquant l’unique route reliant l’enclave du Haut-Karabakh à l’Arménie, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, avait déclaré, en mars dernier, que « les dirigeants militaires et politiques de l’Azerbaïdjan préparent un nettoyage ethnique et un génocide du peuple du Nagorny-Karabakh » même si Bakou le dément avec force.

Déplorant, en outre, le fait que les soldats russes chargés du maintien de la paix, dans la zone, se soient trouvés dans l’incapacité d’assurer la sécurité de la population alors qu’ils en sont les «garants» même si la Russie avait affirmé que ses «Casques bleus (…) font tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher l’escalade et stabiliser la situation», Nikol Pachinian avait invité ces « forces de maintien de la paix» à «se tourner vers le Conseil de Sécurité de l’ONU pour prévenir un génocide».

Saisissant la balle au bond pour ne pas rater l’occasion de « marquer un point » contre Moscou, le chef de la diplomatie américaine a invité les chefs des diplomaties des deux pays, l’Arménien Ararat Mirzoyan et l’Azerbaïdjanais Djeyhoun Baïramov à se retrouver, lundi dernier, à Washington pour des négociations de paix.

Aucun détail concernant ces négociations et les points d’achoppement n’ayant été porté à la connaissance du public du moment que les médias ont été tenus à l’égard de ces négociations, il ressort des communiqués distincts mais identiques émanant des ministères azerbaïdjanais et arménien des Affaires étrangères, que des «avancées» ont eu lieu même si des divergences demeurent à propos de certaines questions-clés et que «les parties acceptent de poursuivre les discussions».

Se montrant très optimiste à l’issue de ce nouveau round des pourparlers qui s’est tenu sous sa présidence, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a signalé, dans un communiqué, qu’un accord était «à portée de main» car après avoir «abordé des sujets très difficiles, ces derniers jours», les deux parties qui disposent, désormais, d’une «meilleure compréhension des positions de l’autre » ont « accepté en principe, certains termes» et  «accompli des progrès tangibles vers un accord de paix durable».

Aussi, leur a-t-il proposé «de retourner dans leurs capitales pour y partager, avec leurs gouvernements, la perspective qu’avec un peu plus de bonne volonté, de flexibilité et de compromis, un accord est à portée de main» même s’il est vrai que «le dernier kilomètre d’un marathon est toujours le plus difficile» ; ce qui est une raison suffisante pour que les Etats-Unis se disent disposés à aider les deux belligérants à « franchir la ligne d’arrivée».

La Maison Blanche va-t-elle permettre à Bakou et Erevan de retrouver la paix, au grand dam d’un Kremlin empêtré dans son interminable guerre contre l’Ukraine et le monde occidental ?

Attendons pour voir…

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