Helmut Kohl: un mort qui fâche encore…

Bien que la seule certitude que nous en ayons c’est qu’avec elle s’achève l’existence physiologique de l’être humain, la mort qui a toujours suscité maintes interrogations, permet parfois de «régler des comptes»… C’est ce qui s’est passé à la suite de la disparition du chancelier allemand Helmut Kohl, le 16 juin dernier, à l’âge de 87 ans.

Ainsi, le premier «règlement de compte» est venu de sa veuve et seconde épouse Maike Kohl-Richter. Selon le quotidien allemand «Der Spiegel», cette dernière aurait exigé que la chancelière allemande n’intervienne pas lors de l’hommage qui sera rendu à Helmut Kohl le 1er Juillet prochain au siège du Parlement européen à Strasbourg par des personnalités nationales et étrangères dont le premier ministre hongrois Viktor Urban, farouche opposant à la politique d’accueil des migrants menée par Angela Merkel et qui, en Avril dernier, avait rendu visite au défunt.

Mais sourde aux injonctions de la veuve d’Helmut Kohl, la chancelière allemande que le défunt chancelier traitait, avec beaucoup de condescendance, de «gamine», lui rendra bien un hommage le 1er Juillet prochain, devant son cercueil recouvert d’un drapeau européen, tout comme le feront de nombreuses autres personnalités parmi lesquelles Antonio Tjani, le président du Parlement européen, Jean-Claude Juncker le président de la Commission européenne, Donald Tusk, le président du Conseil européen, l’ancien président américain Bill Clinton ainsi que le Président Français Emmanuel Macron.

Mais les règlements de comptes entourant la mort du «chancelier de l’unité» ne sont pas seulement d’ordre politique. Ainsi, si l’on en croit l’Agence de presse DPA, Walter Kohl, le fils aîné du défunt qui, après avoir appris, par la radio, la disparition de son père, s’est immédiatement rendu au domicile de ce dernier accompagné de ses deux enfants, se serait vu interdire l’accès à la maison où lui-même avait grandi; une version contestée par l’avocat des époux Kohl qui n’y voit qu’une nouvelle manœuvre par laquelle le fils du chancelier voudrait, encore une fois, salir la réputation de son père et de la seconde épouse de celui-ci. Walter Kohl qui n’avait plus eu de rapports avec son géniteur depuis très longtemps et qui avait déjà raconté dans un livre ses souffrances à l’ombre de ce «géant politique» et «père absent» que fut Helmut Kohl, ne semble pas vouloir laisser passer l’occasion d’entacher sa mémoire encore une fois. L’image de ce fils, aux yeux rougis, qui ressemble étrangement à son père et qui se voit interdire l’accès au domicile où il a grandi a fait le tour du pays.

Autre épisode de ce vaudeville politico-familial entourant la disparition de Helmut Kohl, ce n’est pas dans le caveau familial de Ludwigshafen où reposent ses parents ainsi que sa première épouse que l’illustre défunt sera inhumé mais dans un cimetière de cette petite ville de Spire au Sud-Ouest du pays dont il fut ministre-président de 1969 à 1976 ; une décision qu’il aurait prise, semble-t-il, en 2015 quand son état de santé avait commencé à se dégrader sérieusement.

Enfin, en recourant à l’aide du fils ainé du défunt pour exposer délibérément son «linge sale» sur la place publique, certains ne chercheraient, selon Heribert Prantl le chef du service politique du journal allemand «Süddeutsche Zeitun», qu’à faire planer «quelque chose de tragique au-dessus de l’hommage qui lui sera rendu» et à minimiser l’importance de la contribution de Helmut Kohl à la réunification allemande et à la construction européenne.

Nabil El Bousaadi

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