Hervé Meillon: «Jacques Brel avait une passion pour le Maroc»

Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef

Le journaliste belge Hervé Meillon est parti à  la quête des traces du chanteur, auteur-compositeur-interprète, poète, acteur : Jacques Brel. Dans son nouvel ouvrage, «Jacques Brel et le Maroc», l’auteur revient sur les séjours, les rencontres et la passion de cet artiste pour le Maroc. Nous l’avons  rencontré lors de sa signature de l’ouvrage qui a eu  dimanche 10 février en marge de la 25e édition du SIEL.

Al Bayane: Vous avez  publié en 2013 «Les Belges au Maroc». Vous venez de consacrer un nouvel ouvrage à «Jacques Brel et le Maroc». Pourquoi cette passion pour le Maroc?

Hervé Meillon : La passion pour le Maroc c’est tout d’abord une histoire d’amour. C’est une Marocaine, que j’ai rencontrée en France, qui  m’a fait découvrir Casablanca. J’ai  toujours aimé le peuple marocain. Aujourd’hui, je vis entre Marrakech et Bruxelles. Ce qui me passionne au Maroc, ce sont les lieux communs. On y trouve une vraie générosité. Ce qui est  important  pour moi, c’est la rencontre et le vivre ensemble que nous ne trouvons plus aujourd’hui en Europe.

Comment vous est venue l’idée d’écrire sur Brel, ses voyages et séjours  au Maroc?

Je suis journaliste. Et l’histoire a commencé avec un article qu’on m’a demandé de faire sur Jacques Brel qui allait beaucoup à Mohammedia. A l’époque, je rencontrais Ali Hassan et Mamoun Salaj qui était le neveu de Tayeb Saddiki et qui défend  Brel, le chante et porte sa parole au Maroc. Mamoun m’a aidé en me racontant des histoires qui n’étaient pas toutes vraies et qui étaient parfois des légendes. Alors, moi, en tant que journaliste je me suis demandé si c’était  vrai  ou pas. Je me suis mis à enquêter. Tayeb Saddiki et Afifi me racontaient leurs amitiés avec Brel. Ils me racontaient beaucoup  d’anecdotes. Et comme j’étais un journaliste de la radio télé,  j’avais  invité une équipe de télévision du  Maroc à me suivre pour filmer Tayeb Saddiki et Mohamed Afifi. Ils m’ont suivi dans toutes les interviews que j’avais faites. J’avais un appui visuel de toutes les rencontres. J’ai  filmé Tayeb avant son départ définitif et quand j’ai écrit mon livre, je me suis dit que j’ai de la matière pour en faire un film.

Brel venait-il uniquement au Maroc pour chanter ? Avait-il des amis marocains?

C’est  vrai, je me suis rendu  compte que pendant  les 8 années de sa vie, Brel  venait chanter et faire son travail, mais aussi voir ses amis au Maroc. Il était ami avec des peintres, des artistes et des gens simples. Il avait une passion pour le Maroc. Il allait beaucoup  à l’époque à Mohammedia où  il chantait. Jacques Brel a rencontré aussi celui qu’il a fait débuter dans un Cabaret à Bruxelles à Mohammedia. Jacques continuait à aller voir sa femme à Mohammedia après sa mort. Il y a des chansons qui  ont été écrites par Jacques Brel au Maroc comme la chanson «ne me quitte pas» qui  a  été écrite entre Tanger et Casablanca. Le Maroc l’a inspiré parce que Mohammedia ressemble à la côte belge qu’il aime beaucoup. Il y a des points communs entre l’océan et la mer du nord en Belgique. Il passait des weekends avec ses copains les peintres, les artistes. J’ai fait un film sur Brel, sa vie, sa vision, sa musique et ses séjours.

Sur le plan de l’écriture, le livre est un récit autobiographique. Parlez-nous de ce processus d’écriture.

C’est un road movie, c’est-à-dire que je raconte comment on a tourné le film. Je raconte ses visites et ses rencontres. C’est une histoire fabuleuse à raconter et comment j’ai découvert les lieux, les rencontres, les anecdotes…

Le livre et le film ont été faits  avec beaucoup d’amour. La couverture du livre en témoigne d’ailleurs: Brel avec une djellaba et un tarbouche marocains. Peut-on parler d’une part de «marocanité » dans ce personnage, dans ce livre?

On est en conflit avec mon ami Abdelkader Retnani.  Il a déjà  fait  un livre sur Brel et le Maroc. Je suis parti un peu de son livre. Il m’a reçu dans son stand pour signer le livre. Mais il m’a dit en 2020 en Belgique, c’est l’année du Maroc. Il m’a dit qu’il n’aime pas ma couverture et tout ça, mais qu’on fera un livre de luxe avec les photos. Ce livre je le fais pour laisser une trace du passage de Brel au Maroc et laisser ma petite contribution en matière du vivre ensemble entre les Marocains et les Belges.

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