Accusant le Tadjikistan d’avoir «bombardé le territoire kirghiz avec tout son arsenal disponible» et d’avoir déployé des «équipements lourds» notamment des «blindés», des «lance-roquettes» et même des avions, le comité d’Etat pour la sécurité nationale du Kirghizistan a signalé, jeudi dernier, que des «affrontements intenses» et «violents» se sont déroulés à la frontière entre les deux pays et aux «abords de l’aéroport» et que « des infrastructures civiles de la ville de Batken ont été détruites» alors que le communiqué du ministère kirghiz de la Santé a fait état de l’hospitalisation de trente et une personnes.
Autre son de cloche du côté du Tadjikistan qui impute le déclenchement des hostilités aux forces kirghizes qui auraient ouvert le feu sur des postes frontaliers tadjiks sans faire de victimes.
L’agence de presse russe RIA Novosti a annoncé qu’un garde-frontière tadjik aurait été tué et que trois autres auraient été blessés mais aucune source officielle n’est venue confirmer ce bilan.
Si les disputes « territoriales » ont lieu fréquemment entre ces deux anciennes républiques soviétiques, le nombre des affrontements qui a augmenté durant l’année 2021 et qui s’était soldé par plus de cinquante morts, avait fait craindre le pire.
La raison de ces hostilités est que près de la moitié des 970 kilomètres de frontière qui séparent les deux pays est contestée alors que les progrès en matière de délimitation du tracé ont été très lents ces dernières années.
Cette escalade des tensions a pris fin au moment où le président kirghiz Sadyr Japarov et son homologue tadjik, Emomali Rahmon, qui étaient en Ouzbékistan dans le cadre de la tenue du sommet régional de l’Organisation de Coopération de Shangaï (OCS), sont apparus ensemble sur la photo de famille » prise jeudi soir après que, d’après l’agence de presse tadjike « Khovar », ils se soient entendus pour « créer une commission chargée d’enquêter sur la cause des incidents », aient souligné l’importance de résoudre leurs différends « par des moyens politiques et diplomatiques » et « convenu de donner, pour instruction, aux institutions concernées, de cesser le feu et de retirer les forces et les équipements de la ligne de contact ».
Un communiqué en date du vendredi 16 septembre, a révélé qu’après que les affrontements qui ont opposé les deux pays aient fait plus de trente blessés, « les chefs des Comités de sécurité nationale du Kirghizistan et du Tadjikistan, Kamtchybek Tachiïev et Saïmoumine Iatimov sont parvenus à un accord de cessez-le-feu » prenant effet le jour-même à partir de 16 h (10 h GMT).
Aussi, en exprimant sa « préoccupation », le ministère russe des Affaires étrangères a appelé « les deux parties à prendre des mesures exhaustives et urgentes pour (…) mettre fin à toute tentative d’escalade et aux provocations des tierces parties » et, de son côté, le ministère kirghiz des situations d’urgence a annoncé l’ouverture de centres d’accueil après que plusieurs dizaines de milliers d’habitants d’une multitude de villages frontaliers – dont 19.000 personnes habitants de Batken d’après le Croissant Rouge – aient fui la zone des combats.
Le tracé de la frontière qui, depuis l’effondrement de l’URSS, sépare le Tadjikistan du Kirghizistan va-t-il finir par être accepté par les deux parties et cesser d’être un point de discorde entre les deux anciennes républiques soviétiques ?
Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi