Nabil El Bousaadi
Soucieuses d’éviter une réédition des manifestations qui avaient eu lieu, à Hong Kong en 2019, à l’appel de l’opposition démocratique hongkongaise, les autorités chinoises ont déposé ce vendredi, auprès du Parlement, un texte visant à interdire «la trahison, la sécession, la sédition et la subversion». Ce projet de résolution, qui porte sur la «sécurité nationale» et dont l’issue ne fait aucun doute dès lors que l’instance législative est toute acquise au Parti Communiste Chinois, sera examiné par l’Assemblée Nationale Populaire le 28 mai prochain lors de la séance de clôture de l’actuelle session parlementaire.
Or, parmi les stipulations du projet de loi présenté par Pékin visant à imposer aux Honkongais le respect du drapeau et l’hymne national chinois figure une clause éminemment liberticide qui, en s’appliquant «sans le moindre délai» après son adoption par l’assemblée, sonnera le glas des libertés individuelles et du régime de semi-autonomie dont jouit le territoire. Cette disposition permettra, en effet, aux policiers chinois de mener des enquêtes en collaboration avec leurs homologues hongkongais et «légalisera», à ce titre, la répression tous azimuts de la moindre dissidence susceptible de voir le jour à Hong Kong.
Pour rappel, au moment de son retour dans le giron chinois, ce territoire avait été soumis au principe «un pays, deux systèmes» lui permettant de jouir d’une très large autonomie par rapport à la Chine continentale et conférant, à ses habitants, une liberté d’expression, une liberté de presse et même le droit de bénéficier d’une justice indépendante ; des droits inconnus en République populaire de Chine.
C0nstituant donc une grave entorse à cette semi-autonomie hongkongaise qui était supposée durer jusqu’en 2047 mais qui a bien souvent été mise à mal, ces dernières années, par Pékin, cet amendement à l’article 23 de la «Loi fondamentale» qui sert de mini-Constitution à Hong Kong depuis sa restitution par les autorités britanniques à la Chine en 1997, a soulevé l’ire des hongkongais dès lors qu’il va court-circuiter les institutions locales.
Aussi, en brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire «Le ciel détruira le Parti communiste chinois» ainsi que des drapeaux américains et en scandant, à l’unisson «Libérez Hong Kong», ce sont plusieurs milliers de manifestants vêtus de noirs qui, en étant confortés par le triomphe des «pro-démocratie» en novembre dernier, ont investis en masse, ce dimanche en début d’après-midi, les grandes artères commerciales de Hong Kong – notamment Causeway Bay et Wanchai – et poussé les forces anti-émeutes, déployées en grand nombre à bord de fourgons blindés, à faire usage de bombes lacrymogènes, de gaz poivre et de canons à eau.
Erigeant des barricades de fortune et se cachant derrière des parapluies pour se protéger des gaz lacrymogènes, certains manifestants ont jeté des projectiles en direction des forces de l’ordre. Or, en rappelant que la «sécurité nationale» impose une rapide mise en œuvre du projet de loi dénoncé par les manifestants, le gouvernement de Hong Kong a condamné ces «actions illégales et extrêmement violentes» et celles-ci se sont soldées par des milliers d’arrestations.
Enfin, si après les manifestations quasi-quotidiennes qu’avait connues le territoire l’an passé, la contestation avait semblé s’être étouffée au début de cette année, la vérité est ailleurs dès lors que c’est le nouveau coronavirus qui s’était interposé sur son chemin. Qu’en sera-t-il à l’issue de cette pandémie ? La reprise aura-t-elle lieu plus fort qu’avant ? Rien ne permet d’en douter mais attendons pour voir…