Al Bayane: Pourquoi la thématique «Le Maroc, vers une ère digitale disruptive» pour cette édition des «Assises de l’AUSIM»?
Mohamed Saad: L’AUSIM est une association qui veille à la promotion de la technologie de l’information, en tant qu’association des utilisateurs des systèmes d’information. Les membres de l’AUSIM ont pour mission de promouvoir l’utilisation du digital et des technologies de l’information au sein des administrations publiques et privées, et évidemment de faciliter la vie quotidienne du citoyen.
Quand l’administration utilise le numérique, elle développe mieux son business. Quand elle utilise les Smartphones, les Big Data ou les URP et les différentes autres applications, elle devient plus attractive sur plusieurs niveaux. Donc, nous avons choisi «Le Maroc, vers une ère digitale disruptive» comme thématique pour cette édition parce que nous sommes sûrs et même nous martelons depuis 25 ans, qu’il faut qu’on aille vers le digital et les technologies de l’information. Cela permettra à plusieurs secteurs économiques de décoller et de multiplier leur valeur ajoutée, que ce soit dans l’agriculture, l’industrie des services, l’automotive, l’aéronautique…
Nous avons accumulé un grand retard en termes d’utilisation des systèmes d’information comme outil indispensable pour les entreprises. Que dites-vous aux professionnels?
On est d’accord ! Le gap est assez important. Mais il faut commencer à un moment donné ! Je crois qu’il faut conjuguer les efforts de tous les acteurs de la société civile, du gouvernement, de la CGEM, des fédérations des PME, des fédérations sectorielles, l’AUSIM, APEBI… en capitalisant sur les expériences accumulées pour s’attaquer aux manquements dans les différentes stratégies, que ce soit Maroc numérique 2013 ou autres, afin de tracer une feuille de route radieuse. Il faut qu’on regarde de l’avant et qu’on fasse ce qu’il y a à faire, notamment au sein des PME car c’est 95 % du tissu économique. Je viens de sortir d’une réunion à la CGEM organisée par une commission qui fédère un certain nombre d’acteurs associatifs, mais aussi l’agence du digital, le ministère afin d’évaluer le terrain et de dicter la bonne stratégie pour faire du digital un levier du développement économique.
La conception, l’installation et le développement des systèmes d’information nécessitent des ressources humaines hautement qualifiées.
Comment qualifiez-vous le niveau de formation au Maroc?
Vous mettez le doigt sur un très grand problème. On en forme, mais malheureusement nos ressources sont happées par les sirènes européennes, australiennes, américaines… Il va falloir qu’on prenne le taureau par les cornes, qu’on en forme assez pour servir le marché marocain et les autres marchés, puisqu’on ne peut pas empêcher les gens d’aller chercher leur avenir ailleurs. Et on a plus besoin de Bac+2, Bac+3, des technico-techniciens que des ingénieurs (Bac+5) venant des grandes écoles, pour justement mieux répondre aux besoins de nos entreprises, notamment les PME.
Deux ans après la dernière édition des assises de l’Ausim dédiée à la Data, quel bilan faites-vous aujourd’hui?
Nous avons parlé, il y a deux ans de la data, de la prolifération de la data, big data, analytics… En termes de Data center, je pense que le marché arrive un peu à maturité. Il y a un certain nombre d’intervenants spécialisés dans l’outsourcing à Casablanca, Rabat, Tanger… Les DSI et les entreprises arrivent à maturité et elles sont aujourd’hui conscientes du fait que plutôt que d’héberger son informatique chez-soi dans un data centre qui coûterait plusieurs dizaines de millions de dirhams, il serait plus efficient d’aller chez l’hébergeur, spécialiste dans la matière, et louer quelques mètres carrés. Nous sommes sûrs que le marché est de plus en plus mature, dans ce sens.
Badr Atabi