« Kipou », un film sénégalais qui met en lumière le phénomène de non-scolarisation des filles

23ème édition du Festival du cinéma africain à Khouribga

 Par Said ABDENAIM (Map)

Le phénomène de non-scolarisation, qui touche particulièrement les filles dans les zones rurales et dans les quartiers marginaux en milieu urbain, est l’un des problèmes dont pâtissent encore un certain nombre de sociétés arabes et africaines.

Le court-métrage sénégalais « Kipou », réalisé par le cinéaste Abdoulaye Sow et projeté, mardi, dans le cadre de la compétition officielle des courts-métrages de la 23ème édition du Festival international du cinéma africain à Khouribga (FICAK), traite de cette problématique qui persiste toujours, et ce malgré les différentes manifestations de la mondialisation, notamment la prise de conscience et l’ouverture culturelle.

Ce film raconte l’histoire de « Aissatou », une fillette de 11 ans qui aide sa mère à vendre des légumes devant l’école du quartier. Elle s’est vu refuser le droit d’aller à l’école à cause de la culture arriérée de son père analphabète « Baba », un transporteur de marchandises qui considère l’école comme un lieu de débauche pour une fille, nuisant à la réputation de toute la famille.

Pourtant, la détermination et la volonté de la fillette d’apprendre à lire et à écrire ont été plus grandes que celles du père. Elle a décidé de donner son chat « Kipou » à l’une de ses amies scolarisées en échange de cours particuliers, en vue de sortir des « ténèbres » de l’analphabétisme vers la « lumière » de l’écriture et de la lecture.

A l’heure où le progrès d’une nation se mesure à son niveau d’éducation, un certain nombre de pays du continent africain sombrent encore sous le poids de ce phénomène social.

« La privation des filles du droit à la scolarisation est répandue dans de nombreux pays africains », a indiqué, dans une déclaration à la MAP, le cinéaste sénégalais Abdoulaye Sow, ajoutant que « les filles se voient absentes des classes pour des raisons souvent liées aux croyances tribales ».

Par ailleurs, il a indiqué que « la volonté et l’auto-apprentissage sont essentiels pour lutter contre ce fléau dans les sociétés, non seulement chez les filles, mais aussi chez les parents », évoquant le fait que sa mère n’était pas douée pour l’écriture, mais qu’elle a pu apprendre à lire grâce à ses propres efforts.


La fin du film laisse penser qu’il est possible de se débarrasser de ce phénomène, étant donné que le père a été finalement convaincu que l’éducation profitera non seulement à sa fille mais également à toute la famille. Le film souligne donc que les croyances sclérosées de certains pères peuvent être transcendées, et ce à travers l’ouverture, l’apprentissage et la prise de conscience.

La 23è édition du FICAK, qui se tient jusqu’au 13 mai sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, connait la participation de plusieurs films distingués de différents pays arabes et africains.

Le FICAK, qui a choisi comme thème pour cette 23ème édition « Le cinéma africain, l’éveil d’un continent », est considéré comme l’un des plus anciens festivals de cinéma au Maroc et le troisième festival du film africain à l’échelle du continent après le Fespaco qui date de 1969 et celui de Carthage (1966).

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