La Suède rejette le confinement…

Bien que le Covid-19 ne cesse de faire des ravages dans le monde et que la Suède est brusquement passé, jeudi dernier, de 111 à 282 morts, les autorités de Stockholm ne se sont pas jetés aveuglément sur le «confinement» à l’instar de nombreux pays mais ont préféré continuer à défendre, bec et ongles, l’adoption de mesures de distanciation sociale.

Pour rappel, après avoir interdit, dès le 12 mars, les rassemblements publics de 500 personnes, les autorités suédoises ont exigé la fermeture des lycées et des universités à partir du 18 mars puis interdit, le 27 mars, tout rassemblement de plus de 50 personnes. Plus récemment, ce sont les stations de ski qui ont été fermées et les visites aux maisons de retraites qui ont été interdites au même titre que le service au comptoir dans les bars. Il a été recommandé, en outre, aux suédois de «garder leurs distances dans les espaces publics» et aux transports en commun, commerces et clubs de sport de «veiller à ce que leurs clients et usagers se comportent conformément aux nouvelles règles».

Mais s’il est vrai que la Suède possède cet indéniable atout démographique qui consiste en «une faible densité de population et des ménages composés, pour moitié, d’une seule personne», il n’en demeure pas moins vrai que son système de santé reste l’un des plus fragiles d’Europe avec un taux d’équipement ne dépassant pas 2,2 lits pour 1.000 habitants.

Aussi, après avoir étonné ses voisins scandinaves qui, dès le déclenchement de la pandémie s’étaient claquemurés les uns après les autres pour enrayer la propagation du virus, voilà qu’en adoptant une stratégie qui lui est très particulière, la Suède qui compte, désormais, six fois plus que morts que la Norvège (308 contre 50) alors que le premier cas de coronavirus est apparu le même jour dans les deux pays, commence à les inquiéter.

C’est à ce titre, d’ailleurs, qu’après avoir reproché aux autorités sanitaires de leur pays de ne pas avoir effectué suffisamment de tests ni suivi comme il se doit «les personnes malades» et même d’avoir «laissé le virus se répandre», quelques 2.000 médecins et scientifiques suédois, craignant une «catastrophe», ont alors signé, ce jeudi, une pétition appelant au renforcement des mesures de restriction.

Pour beaucoup d’analystes, c’est le modèle de «responsabilité personnelle» des suédois ardemment défendu le 2 Avril par la ministre suédoise des Affaires étrangères qui est en cause. En s’exprimant devant un parterre de journalistes, la Cheffe de la diplomatie suédoise avait tenu à préciser que le fait que les «recommandations de distanciation sociale et d’hygiène» soient respectées par les suédois est la preuve que «les mesures contraignantes ne sont pas le seul moyen de changer les comportements». Cette dernière ajoutera, par ailleurs, que ce «modèle est basé sur la responsabilité personnelle et la confiance dans les  décisions prises par les agences gouvernementales…». Elle rappellera, enfin, que c’est parce que la Suède met l’accent sur l’information, la communication et l’acceptation plutôt que sur la contrainte, que bien que la vaccination ne soit pas obligatoire dans le pays, 98% des ménages vaccinent leurs enfants.

Tout cela est bien beau, certes, mais est-ce suffisant et de bonne guerre en temps de pandémie? Attendons, pour voir…

Nabil El Bousaadi

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