Nabil El Bousaadi
Avec le déclenchement de l’offensive russe contre l’Ukraine, la Suède, voyant que la guerre était à ses portes et craignant que la Russie ne fasse d’elle qu’une bouchée, a estimé que le temps était venu, pour elle, de se départir de sa légendaire neutralité et d’intégrer l’OTAN.
Mais, étant donné que l’adhésion de Stockholm à l’alliance atlantique reste tributaire de l’accord unanime de tous ses membres et que la Turquie, qui en fait partie depuis 1951, tarde à donner son aval, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson s’est déplacé, à Ankara, ce mardi 8 novembre, avec l’espoir de parvenir à convaincre le président turc Recep Tayyip Erdogan du fait que cette adhésion serait «un facteur de sécurité pour tous les pays de l’Alliance».
Or, à défaut de donner, à son hôte, une réponse immédiate après des tractations, des visites et des conciliabules qui ont duré près de 6 mois, le président turc, qui s’est toujours fait un malin plaisir de souffler le chaud et le froid, a, une nouvelle fois, choisi de repousser la ratification de la candidature suédoise à l’OTAN en lui répondant qu’il espère «avoir une conclusion plus positive lors de la réunion conjointe qui se tiendra à Stockholm à la fin du mois».
Ainsi, bien qu’ayant «approuvé le processus d’adhésion de la Suède à l’OTAN», le président turc, qui souhaite avoir «le soutien» de cette dernière face à la terreur» et affirme «comprendre (ses) inquiétudes concernant sa sécurité» aimerait qu’en retour, elle réponde favorablement aux tourments de la Turquie qui subordonne cette adhésion à l’extradition des membres du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) réfugiés en Suède qui sont considérés par Ankara et ses alliés occidentaux comme étant des terroristes.
En qualifiant, par ailleurs, de «très productive» la réunion qu’il a eu avec le président turc et en rappelant que «le mot d’ordre en Suède est de combattre le terrorisme», Ulf Kristersson a assuré qu’à l’instar des Etats-Unis et de l’Union européenne, la Suède, qui comprend «la sensibilité de la Turquie à ce sujet», considère que le PKK est «une organisation terroriste» et se tient, désormais, prête à «répondre à toutes les attentes de son futur allié».
Ainsi, en déclarant comprendre «la responsabilité qu’une adhésion à l’OTAN implique» pour son pays, le Premier ministre Ulf Kristersson a assuré que la Suède «respectera toutes ses obligations face à la Turquie dans la lutte contre la menace terroriste » et rappelé qu’elle «a déjà fait beaucoup pour mettre en place le mémorandum» d’accord signé, à Madrid, et prévoyant un changement d’attitude face à certains groupes d’exilés.
Pour rappel, pour lever toutes les objections de la Turquie afférentes à l’adhésion de la Suède et de la Norvège à l’OTAN, en marge du sommet de l’OTAN qui s’était tenu à Madrid en Juin dernier, Ankara, Stockholm et Oslo avaient signé un mémorandum portant sur les demandes d’extradition des membres du PKK exigées par Ankara.
Aussi, en se félicitant «des mesures significatives et concrètes déjà prises par les deux pays [Suède et Norvège] pour mettre en pratique le mémorandum» précité, le Secrétaire Général de l’OTAN, Jens Stoltenberg a souligné, dans un communiqué en date de ce vendredi soir, le fait que l’adhésion de ces deux pays va «renforcer» l’Alliance atlantique.
Sont-ce là les dernières «retouches» requises pour l’intégration effective de Stockholm et Oslo au sein de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ?
Tout porte à le croire mais attendons pour voir…