Par Youness Akrim (MAP)
Première langue la plus parlée au Monde, l’anglais suscite autant d’engouement au Maroc, où l’appétence pour la langue de Shakespeare va crescendo parmi les jeunes de plus en plus ouverts sur la culture anglo-saxonne.
Si l’anglais est tellement populaire parmi les générations Y et Z, c’est bien grâce au flagrant succès des productions hollywoodiennes et la grande diversité du répertoire musical en Anglais, ce qui rend l’apprentissage de cette langue un exercice des plus divertissants.
Et c’est au monde professionnel que l’anglais s’avère d’une utilité indéniable, dans la mesure où elle est devenue la langue de prédilection des communautés d’affaires, qui jette les ponts entre les différentes nationalités, pour nouer des partenariats économiques et commerciaux prospères.
Au Maroc, une destination privilégiée des investissements directs étrangers (IDE), où les implantations des multinationales de renom se font au rythme soutenu, le besoin à des profils anglophones se fait de plus ressentir pour satisfaire les exigences de ces structures pour qui la qualité et la polyvalence du capital humain est un facteur décisif pour passer à l’acte d’investir.
En effet, une récente étude menée par le le British Council, auprès de 1.200 jeunes Marocains, démontre que « l’écrasante majorité des jeunes marocains considère l’anglais comme étant une langue vitale pour leur avenir et pour celui du pays ».
Dans le détail, 74% de ces jeunes pensent que le passage à l’anglais profitera aux ambitions du Maroc en tant que pôle international d’affaires et de tourisme, alors que 85% s’attendent à ce que le nombre de Marocains utilisant l’anglais augmente au cours de la prochaine décennie.
Les jeunes pour qui les plateformes et les applications en ligne sont devenues des outils de premier choix pour apprendre l’anglais, estiment que cette langue leur donnera accès à une éducation de meilleure qualité et des opportunités d’emplois et d’études à l’étranger plus prometteuses.
Contacté par la MAP, Samir Benmakhlouf, fondateur et directeur du « London Academy », a attribué la montée en force d’anglais au Maroc à plusieurs facteurs, notamment la prédominance de cette langue dans des secteurs économiques clés, tels que le commerce et le tourisme ainsi que la disponibilité en abondance du contenu scientifique et technique en anglais.
« L’anglais est une langue du présent, plutôt que du futur”, a-t-il insisté, notant que l’adoption de cette langue combinée à l’appropriation des technologies avancées pourrait booster la croissance économique des pays en voie de développement.
L’émergence d’une génération des profils anglophones est à même de contribuer au renforcement de la coopération économique avec de nouveaux partenaires, tels que les pays asiatiques qui enregistrent les taux de croissance les plus élevés, où encore l’attraction des investisseurs étrangers qui vont économiser sur le coût de formation de leur capital humain, a-t-il soutenu.
Quid de l’offre pédagogique?
Il existe au Maroc plusieurs établissements scolaires anglophones dispensant des programmes pédagogiques conformes aux références internationales tel que le Cambridge International Curriculum.
Concentrées dans les grandes villes du Royaume, ces établissements comme le London Academy et le réseau des écoles américaines constituent des passerelles privilégiées pour les jeunes souhaitant intégrer des universités anglo-saxonnes.
Interrogé sur les débouchés de ces écoles en termes d’enseignement supérieur, M. Benmakhlouf a indiqué que la plupart de ces élèves partent à l’étranger, ajoutant qu’au Maroc, l’offre post-bac consiste en des établissements comme l’Université Al Akhawayn et quelques universités anglophones privées.
L’anglais est la langue la plus utilisée au niveau académique, a-t-il assuré, ajoutant que les matières techniques sont souvent enseignées en anglais à travers le monde, tandis que les recherches universitaires sont publiées dans les revues de spécialité en anglais pour davantage de visibilité.
Au sujet de l’employabilité des jeunes, l’une des problématiques majeures dont pâtissent les pays en voie de développement, M. Benmakhlouf a estimé que la transition vers la langue anglaise pourrait atténuer ce fléau, dans la mesure où le système anglo-saxonne est favorable à l’éclosion des idées entrepreneuriales, comme alternative au salariat.
Pays multilingue et ouvert sur le monde, le Maroc pourrait largement bénéficier de l’attrait de sa jeunesse pour la langue anglaise, afin de consolider sa position de hub financier et industriel régional et s’affirmer en tant que trait d’union entre l’Europe et l’Afrique. Prospecter de nouveaux partenaires et drainer davantage d’IDE dans un monde en pleine reconfiguration, requiert sans doute le perfectionnement des compétences du capital humain tant sur le plan technique que linguistique pour se mettre au goût du jour et éviter d’être à la traîne par rapport à la concurrence.