Les artistes ne meurent pas. Tout simplement parce que leurs œuvres et leurs créations restent toujours au service de l’humanité. Ainsi, les créateurs se délivrent des soucis de la vie et changent de monde d’énonciation, mais ils restent toujours présents et servent, via leurs créations, innovations et leurs ouvrages ce monde mouvementé. L’artiste peintre, Abdellatif Zine, qui a surpris tout le monde, mardi 20 décembre 2016, en tirant sa révérence, dans une clinique privée à Rabat, s’inscrit parfaitement dans ce registre.
Né en 1940 à Marrakech, il s’est délivré des soucis de la vie à l’âge de 76 ans. Toute cette période était dédiée aux arts plastiques et à la défense des droits des artistes et de la création. Il était actif et réactif jusqu’à la veille de son voyage à l’au-delà. Tout le monde croyait qu’il ne s’agirait que d’un malaise, nécessitant un contrôle médical, lorsque Zine s’est déplacé, lundi, à Rabat pour être admis plus tard dans la soirée aux soins intensifs à cause de complications cardiovasculaires. Moins de vingt-quatre heures plus tard, la triste nouvelle a secoué le monde des arts plastiques au Maroc.
Abdellatif Zine n’est plus. Et tout le monde se rappelait le dernier événement qu’il a organisé et qui a connu un franc succès et qui était considéré par les uns et les autres comme un message du défunt qui laissait entendre qu’il disait adieu à tout le monde.
C’était le festival Trans-Art, organisé en octobre 2016 à Casablanca. Il avait provoqué la rencontre heureuse de la musique, la danse, du chant et de la peinture avec le rituel de l’art total. Une innovation qui a bouleversé le monde des arts. En fait, Abdellatif Zine était connu pour ce don créatif et cette touche innovatrice. Il est président fondateur du syndicat marocain des artistes plasticiens professionnels, fondateur de l’union des syndicats des artistes marocains, président de l’ANAP (association national des arts plastiques), membre fondateur de la mutuelle des artistes et expert assermenté auprès des tribunaux pour les beaux-arts. Depuis 1963, date de sa première exposition à la cité universitaire internationale de Paris, il a organisé plusieurs expositions individuelles et collectives au Maroc et à l’étranger. Et en 2016, il a publié sa monographie. Un parcours qui servira les générations montantes. Ce livre, retraçant la vie artistique de Abdellatif Zine, ses exploits et son parcours, vient d’être publié. Comme s’il savait qu’il allait partir. Il a ainsi partagé son héritage artistique avec l’humanité pour continuer de la servir avant de partir.
B. Amenzou