Autrefois, la pratique politique faisait partie de l’interaction du mouvement national pour l’indépendance de la Nation, ensuite la mise en marche de la construction démocratique. Il y avait peu de formations partisanes, mais la pluralité idéelle était enrichissante et se nourrissait de valeurs.
L’université procréait les cadres qui vaquaient à leur fonction avec civisme et s’adonnaient aussi à leur vocation de militance fondée sur le bénévolat. Malgré les contraintes, le débat sur les questions de patrie et de société fleurissait sur la tribune universelle.
Très tôt, l’archétype socialiste, basé sur les idéaux des droits humains et le combat contre l’exploitation et l’oppression, commençait à se faufiler dans les rangs de certains partis politiques, quoique le carcan conservateur ait happé les esprits des gens. Il faut bien dire que, sans doute, notre pays fut parmi les rares entités au monde, depuis déjà les années quarante, à épouser les premières lueurs de la gauche marocaine.
Depuis, des leaders imprégnés des vertus de cette vague humaniste, faisaient étalage de leur poigne politique et prêchaient leur inspiration parmi des générations du militantisme généreux et solidaire. Dans cette ambiance marquée de sacrifice et d’affabilité, les partis produisaient des contingents d’adeptes qui, à leur tour, se faisaient rayonner sur les divers espaces de la vie active.
Mais, chemin faisant, cet entrain démocratique se faisait aussitôt réprimer par une forte réplique des gouvernants. D’abord, ces derniers procédaient par la violence, par le biais de toutes les formes de répressions, ensuite, à travers la balkanisation partisane. Aujourd’hui, on se retrouve avec une nuée de partis sans projet sociétal ni légitimité sociale encore moins, raison d’être.
Pis encore, ceux du mouvement national dont les ancêtres ne juraient que par les conduites vertueuses, ne parvient pas à garder les mêmes traditions de naguère, dans leur globalité. On n’édifie plus de cadres, on ne fluidifie plus le message de la citoyenneté, on ne solidifie plus les valeurs. Le débat aussi profond que fécond n’est plus de mise dans les locaux des partis politiques et, de surcroît, les manies de la rente se mettent à s’installer pour faire office d’opportunisme béat. Les principes nobles de l’appartenance à l’école de l’intégrité et de l’altruisme, se font piétiner par d’autres comportements de déviation.
On a donc sacrifié des générations toutes entières pour faire triompher le souci «sécuritaire» au sein d’une nation en pleine effervescence, acculée à la soumission et le désespoir. On ne crée plus l’homme qui crée l’homme pour prétendre faire régner le bien-être dans la société comme disait Jean-Paul Sartre, philosophe existentialiste français du siècle passé : «L’homme invente l’homme !». Pour en réinventer dans notre pays, on est contraint de rebâtir l’homme libre, créatif et citoyen, tout en réinventant le rôle fondateur des partis, axé sur les valeurs et en levant les amarres de l’hybridité partisane.