Le coronavirus et l’incommunication du ministère de la Santé

Vraisemblablement, le coronavirus, qui secoue la planète presque toute entière, aurait contaminé la communication du ministère de la Santé. En effet, l’actuel ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb n’a pas investi, du moins jusqu’à présent, d’une manière convaincante et rassurante l’axe de la communication pour mieux rassurer la population, surtout qu’aucun cas n’est enregistré au Maroc.

Le ministère est resté sur la défensive en répondant par des communiqués à des rumeurs ou à des interprétations exagérées sur les réseaux sociaux, avant d’organiser, jeudi matin, une timide conférence de presse, en l’absence de la quasi-majorité des représentants de presse.

Et pour rassurer l’opinion publique, il a avoué qu’il n’a que réactualisé le plan existant déjà au ministère, alors que, a-t-il pourtant affirmé, la situation est préoccupante à l’échelle mondiale, surtout avec la vitesse de propagation du virus. De même, le ministre a relaté les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a déclaré l’urgence de santé publique de portée internationale, sans expliciter clairement comment le Maroc les a adaptées au niveau national pour filtrer toutes les voies de communication avec l’étranger.

Il a cité dans ce sillage les fiches sanitaires jaunes remplies par les voyageurs à l’arrivée aux aéroports et aux ports. Mais sa façon de présenter les choses sur ce segment ne renvoyait qu’à la signification négative de la couleur jaune. Et sa communication verbale le trahissait en même temps.

Le ministre, qui a parlé de presque une vingtaine de cas suspects qui ont été diagnostiqués négativement, a rappelé que le coronavirus touche jusqu’à présent 44 pays où 82.165 cas ont été enregistrés. Sur ce chiffre, 2770 personnes ont trouvé la mort et environ 33.000 ont été soignées.

C’est dire que le taux de mortalité est d’environ 3%. Depuis presque l’aube de cette année que le virus en question est d’une brûlante actualité à l’échelle mondiale, mais le ministre n’a réagi par cette prise de parole devant les médias publics que presque deux mois plus tard.

Même l’institution législative qui n’est pas pourtant loin du siège de son département n’a pas été investie par le ministre pour expliquer sa politique de santé en temps normal et surtout en ce cas d’urgence. Alors que sa politique concerne un corps social comme sa profession s’intéresse au corps humain.

Pourtant, l’analogie entre les deux a été tout le temps faite, c’est pourquoi l’importance de la communication a toujours été soulignée pour rassurer le corps social, en lui signifiant que l’être humain est bien au centre de cette politique. «Il m’est arrivé maintes fois d’accompagner mon frère ou d’autres médecins chez quelque malade qui refusait une drogue ou ne voulait pas se laisser opérer…, et là où les exhortations du médecin restaient vaines, moi je persuadais le malade par le seul art de la rhétorique», avait dit Platon. Une citation qui met l’accent sur le rôle de la communication pour tempérer, rassurer, prévenir… et guérir.

B.Amenzou

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