Saoudi El Amalki
Au moment où on s’attendait à l’éviction du président du conseil de la région de Dara Tafilalet pour ses innombrables gaucheries à faire agenouiller un dromadaire, c’est un nouveau Wali qui fut nommé, à la tête de ces contrées du sud-est du royaume. Ce dernier serait, sans doute, le bienvenu dans les lieux pour le bien dont on ne cesse de lui vanter et surtout, le sursaut qu’on lui attend pour libérer la région des fantaisies répétées du président récidiviste. Du pain sur la planche donc pour le nouveau Wali qui hérite de dossiers brûlants en suspens dont le héros avait pulvérisé tous les records!
Réussir a-t-il, enfin, à mettre un terme à cette malédiction chronique dont la région de Dara Tafilalet est cruellement atteinte ? C’est le vœu qui nourrissent ardemment les populations en attente, face à toutes ces insanités incalcubles. Toute la bonne foi de son prédécesseur n’avait pas suffi à mettre hors état de nuire de son vis-à-vis. Pas même quand le président s’était usé des attributions de la tutelle pour interdire, sur communiqué officiel, à certains membres du conseil de la région d’assister à des sessions, alors que seules la Justice pour le verdict final et l’Autorité pour l’exécution du jugement, sont habilités à se prononcer sur cette affaire, sans substitution de quiconque.
Pour mémoire, on choisira au nouveau Wali, deux exemples de violation de procédure du président, parmi son répertoire pléthorique dont le registre des commissions d’enquête est plein à craquer. Tout d’abord, on soulèvera, une fois n’est pas coutume, la boulette burlesque du transport scolaire qui constitue, à elle seule, un motif suffisant pour congédier l’auteur de ces défaillances. Jugez-en, le scénario insolite de ce canular! Après la résolution unanime du conseil régional d’acquérir deux cents véhicules destinés au transport scolaire, soit la bagatelle somme de soixante millions de dirhams, l’application de cette décision qui revenait au président, a connu, par la suite, un cinglant camouflet, puisque le percepteur s’est formellement oppose à cette acquisition qui ne relève guère du ressort de la région, mais de celui des conseils provinciaux.
Devant cette butte administrative, le président ordonna alors, pour sauver les meubles, d’engager la procédure d’achat de véhicules de transport du personnel de la région, en lieu et place de transport scolaire, comme si l’effectif à transporter se comptait par centaines. Là encore, cette démarche éludée est également tombée dans l’illégalité puisqu’elle n’a pas été adoptée par le conseil régional, d’autant plus qu’on ne peut céder un bien inventorié dans les registres de la région. C’est ainsi qu’on se trouvait contraint de s’acquitter auprès du fournisseur sans que les véhicules ne soient parvenus à destination pour ces lacunes qui ne permettent pas leur acheminement. Les véhicules ont dû moisir sous l’effet de l’érosion avant d’en faire don aux communes, dans l’anarchie et la complaisance. La déperdition flagrante des deniers publics fait légion, dans une institution constitutionnelle qui renvoie aux conduites des républiques bananières!
Cette bavure administrative ne date pas d’aujourd’hui, mais continue à faire le tour par tout et susciter l’indignation, sans qu’on ne réagisse pour avorter l’hémorragie. Enfin, tout récemment, lors de la session de mars, en présence du nouveau Wali qui, certainement, a pris connaissance des anciennes bévues, le président fit appel à la loi pour rejeter la demande d’un groupe partisan au sein du conseil, selon laquelle il n’est pas permis de changer de président de groupe que si la demande contient la signature de l’ensemble des membres. Jusque là, le rejet du président est conforme et ne souffre d’aucune contestation, puisque cela convient malicieusement à ses calculs réducteurs. Mais, on chuchotera à l’oreille du Wali qu’une situation similaire d’un autre groupe partisan dont trois signataires sur cinq avaient formulé la même de mande de limogeage du chef de groupe et de son remplacement par un autre. Inutile de dire que cette demande a été vite tolérée, en transgression totale des mêmes articles que le président utilise aujourd’hui pour refuser la demande du groupe en question. Le président se joue de la loi comme bon lui semble, sur le bout des phalanges ! D’autres caprices à la pelle qu’on pourrait encore évoquer, mais qu’on tairait de crainte de lasser les lecteurs et de verser dans la redondance ! A bon entendeur, salut!