Nombre de maires du pays, en difficulté, s’embourbent dans le déficit communal. En plus de leur incompétence en termes de gouvernance, certains se paient le luxe de s’adonner également aux manies de la malversation. La démocratie locale est encore au pied du mur, par ces agissements malsains, en dépit des brins d’avancées jugés relativement notoires qu’enregistre la nation, au niveau de ses institutions représentatives, confortées par la révision de la Loi suprême. Des exemples saillants de cette déchéance déplorable pullulent, un peu partout dans le territoire national.
Certains «montent» leur tête et se considèrent bien au-dessus de la loi, mus par un narcissisme béat. D’autres sont littéralement émoussés par la mainmise des autorités locales et dépassés par le cours des événements locaux. Une autre frange ne se soucie guère des affaires locales et se sert de la commune pour accéder à un statut plus élevé… Dans bien des cas, le bateau de la collectivité territoriale chavire, à cause de la démission de son équipage. Les maires sont sonnés par le mal de mer!
Face à l’absence d’un maire absorbé par ses propres intérêts, le phénomène des marchands ambulants, à titre indicatif, prolifère d’une cadence déconcertante. Partout dans les espaces et les coins de la ville, une véritable ruée vers le domaine public se crée à une vitesse vertigineuse. La profusion des trainées interminables des vendeurs qui s’installent n’importe où et n’importe comment sur les chaussées, voire en pleines rues, se répand dans tous les lieux, encore plus dans les endroits à grand débit humain. On est alors au cœur d’une explosion de commerce informel où tout le monde est devenu marchand de quelque marchandise que ce soit. La rue est totalement prise en otage, où les piétons et les conducteurs de tous genres n’ont plus de place ni de droit à la circulation.
Tout est accaparé, réquisitionné, envahi au grand jour. Et les services d’ordre dans tout cela ? Rien, absolument rien. S’ils parvenaient, eux aussi, à se frayer un chemin dans cette viscosité humaine, ils seraient chanceux, car les marchands ambulants n’ont plus aucun respect pour les gens de l’uniforme. Et si par mégarde l’un des policiers ou mokhaznis a le culot de s’en prendre à ces «ferrachas» qui se comptent désormais par milliers, il est ipso facto maculé d’injures et d’offenses les plus obscènes. La marée des marchands ambulants ne fait donc que grossir de jour en jour, depuis que les autorités n’osent pas intervenir pour mettre un terme à cette hémorragie. L’état actuel de la commune urbaine où trône, depuis des lustres, le maire aux archaïsmes déplorables en termes de gestion et de traitement, est incapable de mettre de l’ordre dans une ville étouffante.
D’aucuns diraient que cette situation critique de la ville où l’anarchie bat son plein s’étendra, tant que le maire fait la soude oreille. En tous cas, le dossier des marchants ambulants qui prend aujourd’hui une dimension sociale des plus déconcertante tend, à coup sûr, à se compliquer pour devenir une véritable bombe à retardement, car nombre de démunis et de laissés pour compte, face à la précarité de la vie, se transforment en marchands ambulants!