Made in Morocco

Il fut un temps où sur le dos de certaines boites d’allumettes il était indiqué «En utilisant les produits marocains, vous participez à l’économie nationale». C’était avant le tout jetable que la mondialisation rampante va imposer.

Malgré la défiance de la population, les dépenses des ménages se renforcent et l’apparition de centres commerciaux de plus en plus «géants» et de plus en plus «sophistiqués» à travers les agglomérations urbaines du pays donne à l’activité commerciale un cachet indéniable de modernité. Reste à se demander sur la part du «made in Morocco» dans cette activité commerciale?

La stratification socioéconomique de la population étant de plus en plus en plus prononcée vers le bottom, les souks persistent non seulement dans le monde rural mais aussi à l’intérieur des quartiers urbains en relation avec la satisfaction des «besoins primaires».

Après l’apparition des supermarchés et de quelques grandes surfaces, les malls se multiplient dans l’espoir d’intéresser les bourses moyennes. Ceux qui ne peuvent voyager pour profiter des soldes en Europe y trouvent non seulement  un circuit de promenade, un lieu de rendez-vous et de «fast food»; mais aussi des boutiques franchisées dont l’offre reste accessible. Le luxe reste minoritaire; sûrement en relation avec les revenus limités de notre «bourgeoisie» active et la dynamique des salaires et des revenus dans le pays, qui reste stagnante pour la majorité de la population quand elle n’est pas nulle.

Il reste que la mention «Fabriqué au Maroc» n’est pas prépondérante dans ces lieux dont le zoning risque de faire glisser «les centres de ville» d’une zone à une autre.

Autant pour les «Ferrachas» qui exposent sur la voie publique leurs marchandises et où les produits d’origine marocaine restent liés à l’agriculture et à l’artisanat. Le reste est loin d’être «fabriqué au Maroc». Chacun de ses marchands ambulants poussés par l’exode rural et/ou par le chômage, devient ainsi un élément d’un réseau pour écouler la marchandise venue d’ailleurs aux dépens de l’économie nationale.

Entre l’individualisme qui se propage et la hiérarchie sociale imposée par l’exploitation néolibérale, le mode de consommation reste marqué par l’apparence. L’apparence d’être, l’apparence de l’abondance; sans que cela reflète la capacité de notre beau pays à produire les biens de consommation nécessaires à sa population et à ses exigences en qualité et en coût.

Les choix de consommation de la population restent loin des valeurs sociales et écologiques par le biais de la contrebande et autres «invasions» conséquentes aux accords de libre échange déséquilibrés en faveur des autres parties signataires.

L’espace urbain et sa structure sont entrain de se modifier par les centres commerciaux. Le mode de consommation est entrain de changer les modalités de la vie quotidienne. Il reste à la population de devenir plus vigilante et plus exigeante sur la nature de sa consommation. Cela ne se fera que par le biais d’une politique sociale qui prend en considération les besoins fondamentaux de la personne humaine et de son bienêtre. L’arsenal juridique développé pour la défense du consommateur restera superficiel, sans effet majeur sur la société qui cherche encore à consolider sa pratique démocratique dans toutes ses dimensions.

Enfin que l’on se comprenne, l’usage du «made in Morocco» n’est pas l’expression d’un quelconque chauvinisme ou d’une fermeture d’horizons; c’est une nécessité du développement de l’ensemble de nos forces productives dans le cadre de la consolidation du processus démocratique qui est lui-même «made in Morocco».

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