«Le Maroc doit compter sur ses propres potentialités»

Abdelouahed Souhail : de la guerre d’Ukraine à la hausse vertigineuse du coût de la vie

Mohamed Khalil

La section de Casablanca-Anfa du Parti du progrès et du socialisme a organisé, lundi soir au siège central du parti, une conférence politique avec Abdelouahed Souhail, membre du bureau politique et ancien ministre. Le thème retenu pour cette soirée-débat était : « Les mutations internationales et leurs conséquences sur la situation politique, économique et sociale du Maroc ».

C’est Mohamed Khalil, journaliste, qui a modéré cette conférence ponctuée par des échanges fructueux et un débat de grande facture. Synthèse.

Abdelouahed Souhail a placé cette conférence dans la perspective de la tenue du prochain congrès national du PPS, avec le devoir de réflexion sur les difficultés et les défis que la nouvelle situation mondial, régionale et locale impose.

Le conférencier a commencé par un bref rappel de l’évolution politique du monde, faite de guerres et de paix. « Le monde change », a dit en substance Abdelouahed Souhail, en puisant dans l’histoire depuis le début du colonialisme en Afrique et en Asie, les colonialismes espagnols et portugais et les guerres de Napoléon, dont celle perdue contre l’empire russe…  celle avec l’Allemagne en 1870 avec la perte de l’Alsace Lorraine, récupérées après la guerre de 1914-17…

De l’isolationnisme à la volonté de domination du monde

Et, depuis la création des Etats Unis d’Amérique, « la centaine de guerres menées, dont une seule à ses frontières contre le Mexique » et l’acquisition de grands territoires

Le début du siècle dernier, avec la première guerre mondiale – 1914-17- et l’émergence de l’ordre capitaliste et impérialiste, la naissance de l’URSS avec la Révolution bolchevique et la bribe d’histoire de la Guerre de 39 et sa fin en 1945, le partage des deniers de la guerre où l’Union soviétique avait sa part… et la naissance du mouvement des non-alignés, après la mise en place des pactes, d’abord Atlantique (OTAN) et ensuite de Varsovie, la guerre froide, la dislocation de l’URSS, le détachement des anciennes républiques soviétiques, l’acquisition par la Fédération de Russie de l’arsenal nucléaire soviétique… les moments de faiblesse de Moscou et puis le dernier sursaut en Ukraine… après le rattachement à l’Otan ou à l’UE des pays limitrophes à la Russie, après la dislocation de l’ex Yougoslavie, de la Tchécoslovaquie (Tchéquie, Slovénie, Moravie)

C’est toute une histoire qui passe à rebours, celle de toute une génération…

A cela il faudra ajouter d’autres mutations internationales, avec l’émergence de la Chine en tant que puissance économique majeure.

Mais face à cela, les Etats Unis sont passés de l’isolationnisme à la domination du monde, soumis à leur diktat, politique, militaire et économique, face à une Europe devenue des satellites américaines, y compris l’Allemagne, la France et la Grande Bretagne. La suite on la connait : le soutien aux dictatures en Espagne, au Portugal, en Amérique latine – jugée comme chasse gardée-, en Indochine, etc.

Et de citer, rien que pour la fin du dernier siècle les 20 dernières années, les guerres menées  par l’Amérique (Vietnam, Corée, Irak, Afghanistan, Libye, Syrie, Serbie… avec des mensonges montés de toutes pièces pour justifier ses guerres et créer des organisations terroristes du genre de Daesh…

Des pays concurrentiels de l’Occident

C’est donc cet équilibre basé sur la force militaire que Washington veut continuer à dominer le monde, sans aucun partage.

Cette situation fera dire à certains idéologues occidentaux que « c’est la fin de l’Histoire » et que l’Occident continuera à dominer le monde sans fin… sans aucune opposition au nouvel ordre mondial voulu par l’Amérique, basé sur le capitalisme sauvage.

Aujourd’hui, après Rome, les Pharaons,… les empires, etc. le monde change encore.

C’est l’apparition de certains pays émergents comme le Japon, la Corée du sud, la Corée du nord (sur le plan de l’armement), de la Chine, de la Malaisie, de l’Inde… qui ont des potentiels énormes et qui concurrencent sérieusement l’Occident dans sa globalité.

C’est parce qu’ils ont mis « l’homme au centre de leurs visions et comme moyen pour développer leurs pays ».

Leçons pour le Maroc

C’est là une réalité dont notre pays devra tenir compte. A plus forte raison que les menaces terroristes sont à nos portes que cela soit au niveau de notre voisin oriental, avec sa décennie d’horreur, ou encore au niveau du non lointain Mali…

En définitive, le pays doit se comporter avec intelligence et esprit de suite face à cette évolution de la conjoncture mondiale, avec l’espoir que l’on sorte de cette guerre dévastatrice, alors que tous les problèmes évoqués auraient pu se résoudre par la voie des négociations et du dialogue.

 Il n’a aucun intérêt à adhérer à aucun bloc et à travailler avec le voisinage par une coopération mutuellement avantageuse.

A ce propos, l’orateur a affirmé que « les décisions avec l’Espagne ont donné des résultats qu’aucune guerre ne peut donner… »

Et, l’exemple de l’engagement de SM le Roi avec Al Qods et la Palestine traduit cette autonomie de décision et d’aucun suivisme politique.

Dans ce cadre, Abdelouahed Souhail a rappelé les grands succès remportés par le Maroc et sa question nationale, l’ouverture sur l’Afrique, le Moyen Orient, l’Amérique latine et les développements positifs des relations avec l’Allemagne et l’Espagne…

Mais face à ces succès, la situation intérieure reste alarmante, avec un gouvernement sans expérience politique et se trouve hors-jeu… qui ne sait sur quel pied danser.
Le manque de prise de décisions efficaces allant dans le sens du rassemblement des Marocains nuit hautement à l’image du pays.

Cela le met face à des dangers sociaux qui le guettent et encourage le désintérêt à la politique du pays.

C’est pourquoi, il faudra compter, d’abord, sur nos propres potentialités et moyens, par une politique qui consacre l’homme, le développement économique et la démocratie. Cela confèrera au pays une image plus rayonnante et une voix de plus en plus entendue à travers le monde. Ce qui lui attirera plus de respect.

S’agissant de la prestation télévisée du chef du gouvernement à la Chambre des représentants, lundi après-midi, Abdelouahed Souhail a vivement critiqué l’attitude de M. Akhennouch, hautaine et sans intérêt, confirmant ainsi le conflit d’intérêt, en matière de hausse des prix des carburants et des prix des produits de première nécessité. Ce qui met le pays dans une situation sociale explosive, si des mesures efficaces et audacieuses ne sont pas prises rapidement.

Car l’histoire des hydrocarbures et de la cherté de la vie ne se résume pas aux 5 millions DH générés par les impôts, sachant que les prix à la pompe ont atteint un sommet inouï …et que des mesures globales et audacieuses peuvent stopper, rappelant ainsi les différentes prises de position du PPS, notamment celles exprimées dans les derniers communiqués de son bureau politique.

La conférence a été clôturée par des réactions de l’assistance et les conclusions du conférencier.

Étiquettes

Related posts

Top