Le terrain de la mort!

Le récent drame d’un patelin reculé de Taroudant a ébranlé l’opinion publique nationale. Au-delà des sentiments de compassion et d’indignation qui ont retenu l’haleine des populations aussi bien dans ce faubourg sinistré qu’au sein de l’ensemble du pays, ce malheur vient, encore une fois, de mettre à nu le comportement laxiste et dédaigneux des multiples décideurs envers les citoyens, un peu partout dans le territoire, notamment dans des bourgades des milieux abandonnés à leur sort.

Ce cataclysme dont les victimes sont toujours en cours d’identification, révèle non seulement la vétusté des infrastructures de base de ces lieux laissés pour compte, mais aussi le laisser-aller des responsables en place. Des cas pareils pullulent dans des régions de royaume en manque criard d’équipements sociaux, sans parler des projets destinés à la jeunesse.

La nature a horreur du vide, dirait-on usuellement !

En effet, la démission d’intervenant de l’Etat, censé prendre en charge la promotion plurielle du monde rural, incite donc à l’improvisation. La catastrophe qui vient de faire périr dans lez torrents diluviens, des personnes innocentes, dévoile la permissivité mortuaire dont elles sont victimes. Le bout de lot sur lequel fut construit une surface en terre battue qui faisait office d’un terrain de jeu, était bel et bien bâti dans le lit d’un cours en hibernation. La règle que les savants en la matière ne cessaient de redire, selon laquelle «Tôt ou tard, l’oued finit par revenir  dans son lit !». Une règle que semble-t-il, n’a pas pu résister au besoin pressant et vital des jeunes pour faire du sport, puisque l’Etat s’est dérobé de  son devoir de combler ces attentes.

On se demande aujourd’hui, qui est derrière toutes ces constructions anarchiques et comment on peut taire ces fraudes urbanistiques qui menacent des vies humaines, en cas de calamité naturelle. Certes, les doigts d’accusation sont braqués sur nombre d’auteurs directs de ces malfaçons. Sans doute, ces bonnes volontés, généralement du giron associatif, se sont attelé, dans le bénévolat civique, à doter le douar d’un terrain de loisir sportif qui meublerait le temps vacant des jeunes. Assurément, ils ne se sont jamais rendus compte qu’ils allaient peut-être un jour, commettre la bêtise de construire sur le lit d’un fleuve endormi.

Forcément, ils se repentissent en profonde culpabilité, face à leur acte généreux mais fatal. Faudrait-il actuellement les incriminer, quoique « la loi ne protège guère les crédules », diraient  les juristes. Cependant, la responsabilité de ces fléaux qui rongent le pays, de long en large, incombent essentiellement aux services l’Etat qui brillent par leur indifférence à l’égard des citoyens, en particulier dans les points lointains du territoire qui souffrent toujours de la privation, en matière de conditions les plus élémentaires.

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