Les Abaâkil: une saga inachevée

En adoptant une approche long terme, les entreprises familiales se montrent à la fois plus résistantes et plus agiles. Toutefois, ces dernières sont souvent confrontées au problème de la transmission du pouvoir. En effet, la plupart des entreprises dans le monde sont, à leur constitution, familiales, c’est-à-dire créées par un ou plusieurs membres fondateurs appartenant à la même famille.

Mais avec la croissance et les années, certaines d’entre elles adoptent d’autres modes de gouvernance et permettent la participation d’investisseurs externes à la famille. Les autres, qui constituent la majorité, demeurent familiales dans leur actionnariat et leur mode de gestion.De manière plus précise, l’entreprise est réputée familiale si la majorité des droits de vote est détenue par le fondateur ou ses descendants et conjoints oùau moins un représentant de la famille est impliqué dans le management ou l’administration de l’entreprise.

Dans notre cas, la famille Abaâkil, le père Abdellah va s’associer avec les Derhem et les Bouaida, deux familles influentes dans la région du nord, pour créer une minoterie à Tanger, puis en 1962, une usine spécialisée dans la fabrication de piles (Electrochimie Africaine). En effet, Abdellah Abaâkila commencé sa carrière en tant que commerçant dans le nord du Maroc, à Tanger.Après l’Indépendance, l’Etat va attribuer 160 épiceries aux Abaâkil, et c’est à ce moment-là, que les affaires vont réellement commencer.

En 1970, Abdellah Abaâkil s’est éteint suite à un crash d’avion. Après quoi, ses deux fils vont prendre le contrôle des entreprises pour développer le patrimoine familial, mais au bout de quelques années, chacun va poursuivre son chemin.Aujourd’hui, Najèm Abaâkil opère dans le secteur de l’industrie agro-alimentaire, le textile, et la finance, et son frère Houcein Abaâkil contrôle la société familiale « Electrochimie Africaine ».En effet, lors d’un saut générationnel, l’un des membres n’accepte pas que l’entreprise soit dirigée par une autre personne et désire intervenir à tous les stades de la décision.C’est ce qui handicape le processus du développement du patrimoine familial.

Selon les experts en management familial, la transmission du flambeau à un successeur familial commence effectivement dès le berceau, avec la première des quatre phases constitutives du processus d’incubation. De sa prime jeunesse à la fin de ses études, le successeur est imprégné d’une certaine connaissance du métier, de valeurs, de l’esprit de l’entreprise familiale et d’une certaine vision entrepreneuriale. Idéalement, suit alors une phase externe d’environ cinq ans, au cours de laquelle le successeur potentiel peut mériter ses galons à l’extérieur de l’entreprise familiale. Après cela, la phase d’intégration dans l’entreprisepeut commencer. Pendant cinq autres années, le futur successeur y assume diverses tâches et fonctions.

Pour notre experte en management familial chez Hera Consulting, «La disparition des entreprises est la conséquence d’une succession mal préparée ou encore,d’une mauvaise évaluation des compétences et des capacités des repreneurs. Le mauvais choix du successeur, le manque de préparation de cette transmission ou encore le fait de ne pas se faire accompagner par un cabinet spécialisé, sont les causes courantes au Maroc. Cependant, nous observons un changement dans les mentalités et de plus en plus de demandes d’accompagnement dans ce sens».

Kaoutar Khennach

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