Les abeilles, une source de vie en voie de disparition

Plusieurs ne le savent pas, mais nous devons tous la vie aux abeilles. Sans leur pollinisation, la vie serait impossible. Les êtres humains crèveraient de faim, puisqu’il n’y aurait alors ni légumes, ni fruits, ni céréales… Mais depuis la fin des années 90, ces insectes indispensables à la chaîne alimentaire sont fortement menacées et même en voie de disparition, du fait de plusieurs facteurs, dont les produits chimiques. En effet, Greenpeace vient de demander à L’Union Européenne d’interdire les néonicotinoïdes, des pesticides qui seraient nocives pour les abeilles. Au Canada, le gouvernement est sur le point d’interdire l’imidaclopride, un produit chimique pulvérisé sur les fruits et légumes qui appartient à la famille des néonicotinoïdes et qui menace particulièrement les abeilles. Une décision à laquelle résistent les lobbyistes de l’agrochimie du pays, puisque ce produit vaut des milliards. Parviendra t-on à sauver les abeilles de l’extinction ? Les solutions envisagées permettront-elles de  maintenir la chaîne alimentaire mondiale?

Jadis, on pouvait rencontrer des abeilles un peu partout. Aujourd’hui, les abeilles sont devenues une espèce rare. Cette raréfaction est d’ailleurs plus accentuée dans les pays industrialisés et d’agriculture intensive, notamment en Europe. D’après des chiffres de Greenpeace, depuis 2006, on a assisté aux Etats-Unis à une perte de l’abeille commerciale de l’ordre de 40%. En Europe, les chiffres se situent à 20% depuis 1985. Le phénomène est d’autant plus prononcé au Royaume-Uni où la perte de l’abeille commerciale est chiffrée à 45% depuis 2010. En France, le taux de mortalité des abeilles est passé de 5% à 30% en moyenne. A dire que la perte et la disparition des abeilles gagnent en ampleur. En septembre 2016, l’organisme fédéral des Etats-Unis dépendant du ministère de l’Intérieur, The United States Fish and Wildlife Service (USFW) a officiellement classé les abeilles comme « espèce en voie de disparition».

Plusieurs facteurs pointés du doigt

Dans une étude parue en 2013, Greenpeace attribuait principalement le déclin des abeilles aux insecticides, en particulier les néonicotinoïdes qualifiés de « systémiques », c’est-à-dire qu’ils ne restent pas à la surface de la plante mais se propagent dans le système vasculaire de la plante. Suite à cette étude, l’Union européenne avait restreint l’usage de trois de ces pesticides pour les cultures à fleurs.  Quatre ans après la publication de ce rapport, l’ONG a réalisé un autre rapport dans lequel il confirme la nocivité de ces pesticides pour les abeilles. Aujourd’hui, l’ONG appelle  l’Union Européenne non pas à une interdiction partielle de ces pesticides, mais à l’étendre à tous  les néonicotinoïdes, sachant que les abeilles ne seraient pas les seuls insectes visés par ces pesticides. Selon le rapport, les abeilles, les papillons et les insectes aquatiques seraient impactées par ces substances chimiques.  Mais les pesticides ne sont pas les seuls facteurs responsables du déclin des abeilles. D’autres facteurs, comme la déforestation, la pollution de l’air, le changement climatique, les infections parasitaires …

La disparition des abeilles : quelles conséquences ?

Si les abeilles disparaissent, l’agriculture, notamment fruitière, légumière et céréalière en sera impactée fortement, puisqu’elles jouent un rôle incontournable dans les cultures par la pollinisation. Les abeilles pollinisent à elles seules les trois quarts des principales cultures du monde, notamment fruitières, légumières et céréalières. La pollinisation étant un mode de reproduction qui consiste au transport d’un grain de pollen depuis les étamines (organe mâle) vers le pistil (organe femelle). Ce transport est assuré par des insectes comme les abeilles, permettant ainsi la fécondation des espèces végétales … Si les abeilles viennent à disparaitre, la pollinisation devra être faite par les êtres humains, ce qui nécessiterait beaucoup de main d’œuvre. Une étude (Lautenbach et al, 2012) a évalué la valeur économique de la pollinisation par les abeilles à 265 milliards d’euro par an. Une somme colossale ! D’où la nécessité de les protéger. Par ailleurs, la disparition des abeilles aurait un impact sur le tissu économique. En effet, plusieurs emplois seraient également menacés, notamment au Portugal.

La protection des abeilles : une urgence !

Un article du journal Le monde a qualifié l’année 2017 comme l’année décisive pour les insecticides tueurs d’abeilles. En effet, fin 2016, la Commission Européenne devait décider de la fin de l’utilisation des néonicotinoïdes. Le verdict est toujours en attente puisque la Commission avait repoussé le moratoire à l’automne 2017, en attendant que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) finalise sa réévaluation complète des risques de ces substances. «Après examen des données de confirmation pour l’imidaclopride et la clothianidine, nous avons identifié des risques élevés ou nous n’avons pas pu exclure des risques pour certains usages», souligne l’EFSA. A dire que l’UE devrait prononcer une interdiction définitive de ces substances en agriculture, mais l’approbation de tous les Etats membres est loin d’être acquise. Sans oublier qu’aujourd’hui, le secteur des pesticides est mené par des mastodontes qui gagnent en puissance et qui défendent bec et ongles ces substances.

Danielle France Engolo

avec Greenpeace

Top