Farid Mezouar, expert des marchés financiers et directeur exécutif de FL Markets
Propos recueillis par Kaoutar Khennach
Durant l’exercice 2022, les sociétés cotées ont composé avec une inflation élevée conjuguée à un ralentissement de la croissance économique. Ainsi, les résultats annuels des émetteurs, au titre de 2022, ont été marqués pas un nombre de 44 de sociétés cotées ayant affiché des profits en hausse. Celles-ci représentent 65% de la capitalisation boursière du marché. Aussi, 26 sociétés cotées ayant accusé un recul de leurs bénéfices, soit 33% de la capitalisation globale. De plus, 7 sociétés qui pèsent 3% dans la capitalisation boursière, ont publié un profit warning annonçant une baisse de leur capacité bénéficiaire 2022. Pour mieux analyser ces résultats, nous avons interviewé Farid Mezouar, expert des marchés financiers et directeur exécutif de FL Markets. Les propos.
Quelles sont les grandes lignes des résultats de 2022 ?
Selon nos calculs, l’exercice 2022 a été marqué par la hausse de plus de 11,3% de la masse bénéficiaire, notamment grâce à des revenus annuels en progression de 14,1%. Cette hausse des bénéfices a été tirée par les banques ainsi que par plusieurs poids lourds. C’est notamment le cas de la hausse des bénéfices de la BCP (+55,8%) ou d’Attijariwafa (+17,9%). Il en est de même pour Managem (+88%), LabelVie (+83,8%), Wafa Assurance (+83%) ou Lesieur (+47,1%). Par ailleurs, à Flm, nous avons opté dans nos différents calculs pour le RNPG ajusté d’IAM, conformément aux pratiques internationales en la matière, surtout que l’opérateur historique communique régulièrement cette donnée retraitée.
Quels sont les principaux enseignements de ces résultats ?
Tout d’abord, de tels résultats, sont rassurants sur le pricing power des émetteurs en plus de la capacité de transformer la hausse des prix en progression de bénéfices. Aussi, ce cru a confirmé notre conseil du stock-picking en privilégiant le Bottom-Up au Top-Down. En effet, les entreprises cotées ont sur-performé l’économie nationale dont le PIB n’a augmenté en 2022 que de 1,2%. In fine, en dehors de la mauvaise surprise des pertes de change chez certains émetteurs, la masse bénéficiaire a affiché un profil assez robuste.
Quid de la communication financière des résultats ?
Des progrès gigantesques ont été accomplis à ce niveau, notamment grâce à l’action de l’AMMC avec la communication trimestrielle et la publication des revenus annuels avant fin février. Néanmoins, nous pouvons relever la persistance de certaines pratiques limites dans la communication financière de certains émetteurs avec l’utilisation de la langue de bois ou l’annonce d’informations importantes dans l’avis de convocation de l’AG et non dans le communiqué financier. De même, certains émetteurs ne synchronisent pas forcément la mise à jour de leurs sites officiels avec les publications réglementaires.