Les Jeux disent au revoir à Pékin

JO d’hiver-2022

Une pincée de Covid, un soupçon de politique, une fine couche de neige, un maigre public mais aussi une grosse dose de Valieva et des exploits sportifs à foison, à l’instar de ceux d’Eileen Gu: les Jeux olympiques de Pékin se sont achevés dimanche sur le cocktail habituel.

Le président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach a, comme le veut la tradition, « clos » ces 24e JO d’hiver sur un discours de paix, avant que la flamme olympique ne s’éteigne dans la capitale chinoise au terme de cette quinzaine si particulière, sous le régime d’une bulle sanitaire très stricte qui a grandement gâché la fête.

Tout aussi regrettable mais plus commun dans l’histoire olympique, le dopage s’est aussi invité à Pékin avec un nom: Kamila Valieva.

A 15 ans, la patineuse russe se retrouve au centre d’une retentissante affaire qui se poursuivra bien au-delà du rendez-vous chinois.

Arrivée comme favorite de l’épreuve individuelle grâce à ses quadruples sauts, Valieva a commencé par remporter l’épreuve par équipes, devant les Américains et le Japon, le 7 février. Patatras! Le lendemain, elle est notifiée d’un contrôle antidopage positif pour un test réalisé le 25 décembre.

A coup d’appel et de procédures, Valieva, le CIO et l’Agence mondiale antidopage tentent de démêler l’imbroglio.

A la veille de l’épreuve individuelle, la patineuse est finalement autorisée à participer. Mais le CIO prévient qu’il considèrera les résultats comme provisoires et ne donnera pas de médailles tant que le cas ne sera pas réglé – ce qui peut prendre des mois. Finalement, après avoir dominé le programme court, elle craque littéralement dans le libre et termine… au pied du podium, usée par la pression.

Vite rentrée chez elle, l’adolescente doit maintenant se remettre et attendre, tout comme les Américains, furieux de ne pas avoir reçu leur médaille, et les Japonais.

Des médailles, certains s’en sont abreuvé.

La crème du biathlon, le Français Quentin Fillon Maillet, les Norvégiens Johannes Boe et Marte Olsbu Roeiseland, et le fondeur russe Alexander Bolshunov repartent chacun avec cinq médailles dans les valises.

La Chinoise Eileen Gu, sacrée en ski big air et en half-pipe et en argent en slopestyle, a écrasé ces JO grâce à ses performances et son histoire.

Née en Californie d’un père américain et d’une mère chinoise, Gu, objet de toutes les attentions dans le pays organisateur, a choisi de concourir pour la Chine en 2019, devenant une icône de son sport.

Malheureusement, ces exploits n’ont pu être aussi festifs qu’ils le méritaient.

Le public invité par les responsables était bien présent (contrairement à l’été dernier à Tokyo) mais, avec moins de 100.000 spectateurs annoncés par les organisateurs (contre 1 million il y a quatre ans à Pyeongchang) répartis sur treize sites et 109 épreuves, ces JO ont été moroses et souvent silencieux.

La bulle sanitaire a gâché une grande partie du plaisir, avec le port du masque obligatoire, les tests quotidiens et, surtout, les restrictions de déplacement, l’impossibilité pour les sportifs de rester quelques jours une fois leurs épreuves terminées pour encourager leur compatriotes, d’échapper à cette bulle pour rencontrer la population…

Mais, au final, la politique zéro Covid des organisateurs a fonctionné. Certes, quelques sportifs, touchés par le Covid-19, ont dû renoncer à leur rêve olympique. Mais, au regard des plus de 60.000 tests quotidiens, il n’y eut point de cluster ni d’hécatombe, puisque la population olympique ne comptait pas plus de trois cas positifs sur les dix derniers jours. Et ceux placés à l’isolement n’ont pas semblé en avoir souffert, à l’image de Johannes Boe, quadruple champion olympique.

La quinzaine avait aussi commencé par des polémiques sur les droits de l’Homme ou l’absence de neige naturelle, fabriquée à coup de canons à neige.

Le débat sur les droits de l’Homme n’est venu ni des sportifs, ni des pays comme les Etats-Unis ayant décidé d’un boycott diplomatique, ni des organisations opposées à la tenue de ces JO en Chine, accusée d’atteinte aux droits humains contre la minorité musulmane ouïghour dans la région du Xinjiang.

L’administration Biden accuse Pékin d’y avoir enfermé dans des camps des Ouïghours, ainsi que d’autres minorités, et parle d’un « génocide ».

Aux quelques questions posées sur ce sujet, la porte-parole du Comité d’organisation, Yan Jiarong, a parlé de « mensonges », avant de se faire rappeler à l’ordre par le CIO qui ne veut pas mêler sport et politique, et les organisateurs ont sorti de leur chapeau la skieuse de fond ouïghoure Dinigeer Yilamujiang pour allumer la vasque olympique lors de la cérémonie d’ouverture le 4 février.

Le ciel a aussi éteint la polémique sur la neige puisque, après une semaine passée à regretter les paysages secs, arides et dépourvus de blanc des sites de montagne de Zhangjiakou et de Yanqing, la Sainte neige est finalement tombée au milieu des JO, blanchissant les arrières-plans.

Maintenant, place aux JO suivants avec un retour en Europe, après Rio, Pyeongchang, Tokyo et Pékin, première ville à accueillir les JO d’été (2008) et désormais d’hiver.

Dans quatre ans, la prochaine édition hivernale aura lieu en Italie, avec un duo inédit Milan/Cortina, qui a récupéré le drapeau olympique au cours de la soirée des mains de Thomas Bach, avant l’extinction de la flamme olympique.

Et dans deux ans Paris ! Le prochain rendez-vous en 2024 se déroulera dans la capitale française, où les organisateurs promettent des JO d’été festifs. Le monde olympique en a bien besoin.

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