Les promesses non tenues et les échecs, signes marquants du bilan à mi-mandat du gouvernement

Hamouni, président du groupe parlementaire du PPS 

M’Barek Tafsi

Le président du groupe du progrès et du socialisme (GPS / PPS) à la Chambre des représentants, Rachid Hamouni, également membre du bureau politique du Parti du Progrès et du Socialisme, a indiqué, lors de la séance plénière consacrée, mercredi, à la discussion du bilan d’étape du gouvernement, avoir relevé un effort de communication de la part du Chef du gouvernement et enregistré dans le même temps un grand nombre de points négatifs et d’échecs.

Haute appréciation des nobles initiatives royales en faveur du peuple palestinien et de la cause du Sahara marocain

  Il a souligné d’entrée la nécessité de saluer les initiatives fortes et les nobles positions de Sa Majesté le Roi en faveur du peuple palestinien frère et de sa juste cause.

  Il a rappelé dans ce cadre que le PPS, qui condamne fermement l’agression sioniste sauvage contre la Palestine, aurait aimé que le gouvernement condamne clairement les crimes de guerre commis par Israël.

    Dans le même ordre d’idées, le PPS, a-t-il dit, salue également les acquis importants qui rapprochent le Maroc de la clôture définitive du différend artificiel autour de la marocanité de son Sahara, qui bénéficie d’un consensus national inébranlable, face aux basses manœuvres des adversaires. Ce qui requiert le renforcement du front intérieur démocratiquement, socialement et économiquement.

  Dans ce cadre, a ajouté Hamouni, l’on aurait souhaité que le bilan présenté montre comment le gouvernement a exploité économiquement cette dynamique diplomatique, cette position montante du Maroc au niveau mondial, grâce aux multiples efforts royaux, et toutes les opportunités offertes par la situation internationale malgré ses difficultés, surtout au niveau de la dette et de ses intérêts et des investissements directs étrangers au Maroc, qui ont malheureusement diminué de 53 %.

   Oui, le gouvernement a bien travaillé et a relativement réussi dans certains dossiers, comme le volume de l’investissement public, la gestion de la pénurie d’eau et le parachèvement du cadre de la couverture sociale avec l’adoption des textes nécessaires, mais le PPS, jouant pleinement son rôle constitutionnel dans l’opposition, se doit de s’arrêter sur les insuffisances et les défaillances du gouvernement et de proposer les alternatives nécessaires, a-t-il affirmé.

   L’objectivité, base de l’évaluation du PPS

 Selon Hamouni, l’évaluation du PPS du bilan de l’action du gouvernement est basée sur l’amère réalité que le citoyen endure et les promesses du programme gouvernemental, dont la plupart n’ont pas été tenues ainsi que sur les données des institutions nationales officielles qui confirment en chiffres l’échec du gouvernement et la référence au modèle de développement, qui a été délibérément ignoré, peut-être parce que son plafond dépasse largement le rendement du gouvernement.

La réalité amère dément le discours rassurant du gouvernement 

Et Hamouni d’indiquer que ce qui dément le discours rassurant du gouvernement, c’est l’inquiétude et le mécontentement exprimés par les députés lors de la dernière séance des questions orales lundi 6 mai courant, concernant notamment la mise en œuvre du chantier de la couverture sociale, chose que la majorité tait.

  Il a également fait savoir que le discours présenté ne reflète guère cette inquiétude et ce mécontentement qui prévalent aujourd’hui chez les citoyennes et les citoyens, qui souffrent des hausses incessantes des prix et parmi les entreprises qui subissent de plein fouet les effets de la stagnation et du  mauvais climat des affaires.

  Et Hamouni de rappeler que 82,5% des ménages marocains ont révélé une baisse de leur niveau de vie, selon le HCP. Quant au Conseil économique, social et environnemental, il indique que 4,3 millions des jeunes marocains ne travaillent pas et ne sont ni à l’école, ni en formation.

  Ces deux chiffres montrent le fossé profond entre le discours du gouvernement et l’amertume de la réalité, a ajouté le député, qui s’est posé la question de savoir pour quelles raisons un certain nombre de statistiques ont été ignorées par le Chef du gouvernement. Et pourtant, il s’agit de chiffres qui montrent l’aggravation des taux de chômage, de pauvreté et de croissance ainsi que le nombre d’entreprises qui ont fait faillite.

Le gouvernement évite les questions politiques et démocratiques

 Par ailleurs, Hamouni a reproché au gouvernement d’éviter les questions politiques et démocratiques, ce qui va à l’encontre de l’affirmation selon laquelle ce gouvernement a des racines et une identité politiques, a-t-il dit.

   Le gouvernement n’a pris aucune mesure pour parachever la mise en œuvre des dispositions de la Constitution ou rehausser la position de l’espace politique, des partis et des institutions élues. Sous ce gouvernement, le débat public a été bloqué et les craintes des démocrates pour la liberté d’expression se sont accrues, étant donné que le gouvernement s’est accaparé le pouvoir législatif et a vidé le pouvoir de contrôle de son contenu. Il a retiré du Parlement des projets de loi concernant la lutte contre la prévarication et la rente et consacré aux revendications sociales un traitement faible et confus. Il n’a pas présenté non plus sa vision concernant la moralisation du système électoral pour protéger l’espace institutionnel de la prévarication à la source. Il n’a pas encore présenté de projet de réforme du système pénal.

Couverture sociale : L’effort gouvernemental entaché par l’échec dans la mise en œuvre

   Abordant le chantier royal de la couverture sociale que le PPS soutient sans réserves, Hamouni a indiqué que le gouvernement a déployé un certain effort, tout en précisant que le succès du gouvernement dans ce cadre est plus administratif qu’effectif. Le gouvernement, a-t-il dit, a échoué dans sa mise en œuvre saine et à assurer la pérennité de son financement.

   La généralisation ne signifie pas seulement le comptage et l’enregistrement des personnes, mais aussi l’accès effectif et égal aux services sociaux pour toutes les citoyennes et tous les citoyens. Des millions de pauvres Marocains sont exclus des avantages et d’autres sont privés des acquis des programmes précédents.

– Le financement pose problème et la création « des comptes nationaux de la couverture sociale » s’impose

   Mais le plus grand problème reste le financement, a-t-il dit. Le gouvernement n’a pas de vision claire et transparente. Il compte actuellement sur l’assemblage des fonds des programmes précédents, tels que le soutien aux veuves, Tayssir, la cohésion sociale, un million de cartables, Forssa et Aourach.

  A cela s’ajoute le problème des dépenses réelles plutôt que déclarées.

 C’est pourquoi, le PPS demande que le gouvernement crée un «compte national de la couverture sociale » afin que l’on ne confonde pas tout et que l’on connaisse les recettes réelles et les dépenses réelles.

Santé : Le privé grand bénéficiaire de l’effort déployé

  En ce qui concerne le système de santé, a-t-il dit, l’on ne nie pas non plus qu’il y ait du travail qui se fait sous le gouvernement actuel, et qui remonte en fait aux gouvernements précédents, en la personne de M. Khaled Ait Taleb et du professeur El Housseine Louardi.

   Cependant, en termes de couverture sanitaire, le gouvernement a injustement exclu 8 millions de personnes du bénéfice de l’AMO-Tadamon, en leur imposant de payer alors qu’elles n’en sont pas capables, a-t-il dit.

  Le gouvernement a également fait de la collecte des cotisations une priorité, avant d’améliorer les services de santé pour créer l’attractivité de l’adhésion. Par conséquent, il n’a collecté que 27 % du total des cotisations des professionnels indépendants.

  Le gouvernement prétend même avoir réussi à généraliser, mais la réalité montre que les citoyens payaient la même chose avant sans bénéficier des mêmes services. C’est une véritable injustice pour les zones rurales.

   Le gouvernement affirme que les citoyens peuvent accéder avec l’« AMO-Tadamon » à des cliniques privées. Mais en réalité, quand le citoyen s’adresse à la clinique privée, on lui demande de verser 20.000 dirhams qu’il n’a pas. S’il possédait une telle somme, il ne pouvait pas bénéficier de l’AMO-solidarité.

   Selon Hamouni, le plus grand bénéficiaire de ces mesures est le secteur privé, au contraire, alors que la réussite de la couverture santé nécessite un secteur de la santé publique réussi.

  Le soutien social direct trébuche ….

Dans le même ordre d’idées, le gouvernement a lancé l’opération du soutien social direct. Mais au bout de quelques mois, a-t-il dit, il a commencé à suspendre les versements à un grand nombre de ménages.

   Il a également adopté un autre seuil qui exclut des millions de pauvres, et la seule préoccupation maintenant des familles est de savoir comment abaisser leur seuil, car du point de vue du gouvernement, celui qui a un téléphone portable, une motocyclette ou un poste de TV fait partie désormais la catégorie des nantis.

   Le problème de la pérennité du financement reste le signe de l’échec majeur du gouvernement, compte tenu de l’ampleur de la pression sur les finances publiques, suite à l’ouverture de nombreux chantiers.

   Tout ceci requiert du gouvernement d’aller chercher l’argent là où il se trouve, en créant un impôt sur les fortunes improductives, en rompant avec les exonérations fiscales, en taxant de manière appropriée les secteurs en situation de semi-monopole, en augmentant les contributions fiscales de solidarité, en luttant contre l’évasion fiscale, en élargissant l’assiette fiscale, et en intégrant avec les incitations qu’il faut le secteur informel.

   Toutes ces mesures sont à prendre sans recourir excessivement à l’emprunt et au démantèlement voilé du service public.

L’inflation et la hausse des prix

  Pour faire face à l’inflation et à la hausse des prix, le gouvernement a effectivement prévu une série de subventions, mais il n’a pas réussi à rabaisser les prix au niveau d’avant son avènement.

  Les importateurs d’ovins et de bovins et les professionnels de transports ont bénéficié de milliards de dirhams et en même temps de la liberté des prix sur le marché, sans impact tangible sur les prix, et sans que le gouvernement n’impose leur plafonnement.

 C’est ainsi que la viande rouge est vendue par le boucher à 100 et à 140 dirhams le kg, et le prix des carburants varie entre 13 et 15 dirhams le litre.

   C’est ainsi que 3,2 millions de Marocains sont tombés dans la pauvreté et la précarité, a affirmé Hamouni, notant que le gouvernement, qui s’était engagé à créer un million d’emplois, n’a pas respecté cet engagement. Pire encore, ce gouvernement a fait perdre au pays environ 200 000 emplois. Le chômage a atteint des niveaux record de 13,7 % et 38 % chez les jeunes.

    En ce qui concerne le dialogue social, le PPS, a-t-il dit, enregistre positivement les résultats de l’accord du 29 avril 2024, en particulier pour le secteur public, malgré le fait que l’augmentation prévue ne couvrira pas la cherté de la vie, et malgré le fait que de grands groupes attendent toujours une réponse à leurs revendications légitimes, au premier rang desquelles se trouve la catégorie des retraités et les étudiants en médecine et en pharmacie avec lesquelles la porte du dialogue a été fermé.

Le faible taux de croissance entre 1% et 3% inquiète

   Il n’est pas possible de financer tous les fronts ouverts sans une économie nationale forte, sans une entreprise nationale responsable et compétitive, et sans un climat des affaires sain dans lequel une concurrence transparente et loyale prévaut. A l’exception du tourisme, qui a prospéré grâce à la prestation exceptionnelle de l’équipe nationale de football au Mondial et à l’exception également des transferts élevés des Marocains du monde et de certaines exportations, le gouvernement n’a pas été en mesure d’atteindre le taux de croissance de 4% prévu, qui oscille en réalité entre 1% et 3%.

   En deux ans, a-t-il encore dit, plus de 27 000 entreprises ont fait faillite.

  Au niveau de la charte d’investissement, le système de soutien aux petites entreprises n’a pas été mis en œuvre.

   Pour ce qui est des grands chantiers de la commission d’investissement, ils sont peu rentables en termes d’emploi et de transfert de technologie.

  Hamouni a rappelé de même que le gouvernement ne s’est pas engagé à élaborer le contrat national d’investissement, pour lequel Sa Majesté le Roi a appelé à mobiliser 550 milliards de dirhams pour créer 500 000 emplois entre 2022 et 2026.

  Au niveau de l’investissement public, a-t-il dit, le gouvernement a réussi à maintenir son développement, mais sa répartition territoriale pose un vrai problème, car 60% de la richesse nationale est concentré dans seulement 3 régions.

  Il a par ailleurs estimé que le renforcement de l’économie nationale ne peut en aucun cas être réalisé sans une industrialisation nationale réelle et moderne qui crée de la valeur ajoutée et stimule l’emploi.

   Tout en enregistrant positivement l’effort du gouvernement pour la promotion de certaines industries, le député a rappelé que la contribution de l’industrie au PIB est encore faible (entre 15 et 16%). Les projets industriels successifs n’ont pas atteint leurs objectifs déclarés.

  Il a fait remarquer aussi que la souveraineté industrielle ne peut être imaginée sans souveraineté énergétique nationale. A ce propos, le gouvernement refuse toujours de redémarrer la seule raffinerie nationale de la SAMIR. Il refuse également de lutter contre toutes les pratiques illégales sur le marché des hydrocarbures, qui ont été confirmées par les décisions du Conseil de la concurrence.

   S’agissant de la politique agricole poursuivie par le gouvernement et qui se base sur l’exportation comme priorité, elle n’a pas permis d’assurer la souveraineté alimentaire ou d’améliorer les conditions du petit agriculteur et du monde rural en général. Au contraire, le Maroc est obligé d’importer de la viande et des céréales, et en retour exporter des fruits et légumes qui consomment beaucoup d’eau pour leur production.

  Tout en notant les efforts du gouvernement pour faire face aux effets de la sécheresse, Hamouni a exprimé sa déception du refus du gouvernement de revoir ses plans relatifs à l’utilisation des eaux du pays.

 Il s’est enfin interrogé sur le sort réservé aux sports nationaux dans le pays, à l’Amazighité, que le gouvernement ne traite que comme slogan, à la culture, à la transformation écologique, à la fonction publique et aux institutions et entreprises publiques.

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