Retard de concrétisation de la stratégie Maroc Numeric C 2013
La stratégie Maroc Numeric 2013 accuse un retard dans la concrétisation de nombreux projets et actions fixés initialement. L’évaluation de la Cour des Comptes de cette stratégie en dit long sur les défaillances de la stratégie Numéric du pays et sur l’absence de toute approche participative entre les différents intervenants.
D’ailleurs, certains projets stratégiques et structurants pour l’administration et les usagers n’ont pas pu être concrétisés. Il s’agit des projets relatifs à «l’identifiant unique du citoyen» et à «l’identifiant unique de l’entreprise». Le rapport du département de Driss Jettou qui dresse le bilan la stratégie en question propose une série de recommandations à même de corriger les failles actuelle détectées en termes de gouvernance et de pilotage.
Le rapport revient sur les grands objectifs de la stratégie Maroc Numeric 2013 (NM2013). On rappelle ainsi que la stratégie MN2013 s’est fixée quatre priorités stratégiques notamment la transformation sociale ; la mise en œuvre des services publics orientés usagers; l’informatisation des PME et le développement de l’industrie des technologies de l’information. Le budget alloué à cette stratégie s’élève à 5,19 milliards de dirhams et aucune enveloppe n’a été attribuée à l’accompagnement du capital humain.
Aussi, concernant l’état d’avancement des réalisations prévues au préalable, la cour des Comptes constate que la stratégie accusait un retard au niveau de la concrétisation de plusieurs actions et projets prévus. C’est le cas de la « généralisation de l’équipement des établissements scolaires primaires, collégiaux et lycées (GENIE) dont le taux de réalisation n’a pas dépassé 71% d’équipement en valises multimédia (VMM) et 24% en matière d’équipement en salles multimédia (SMM). Quant aux projets de promotion d’équipement à bas prix et GENI-SUP relatifs à la mise en place d’un système d’information au niveau des universités, ils n’avaient pas encore démarré».
Au niveau de la mise en œuvre des services publics orientés usagers dont ceux jugés prioritaires, le rapport indique que seul le projet «certification électronique» a été mis en œuvre.
Plus encore, des projets stratégiques et structurants pour l’administration et les usagers n’ont pas abouti à l’instar des projets relatifs à «l’identifiant unique du citoyen» et à «l’identifiant unique de l’entreprise».
L’absence des stratégies sectorielles détaillant les projets et actions ainsi que par des processus pour l’atteinte a été pointé du doigt par les experts de la Cour des Comptes. Il en est de même pour l’absence de cohérence dans le contenu de la stratégie MN2013. D’où le retard de concrétisation aggravé principalement par le manque d’engagement formalisé et de l’exploitation de l’outil informatique de gestion des projets. Le suivi du cycle de vie des différents projets n’est pas encore à jour.
Néanmoins, l’évaluation de la Cour des Comptes souligne l’avancé en terme de pénétration d’Internet aux foyers et sa démocratisation, soit un taux de 14% en 2008 à 39% en 2012, ce qui est au-delà de l’objectif de 33%. Et nuance en même temps l’analyse de ces chiffres pour tenir compte des disparités jugées importantes entre le milieu urbain et rural. D’ailleurs, l’impact des TIC sur l’économie nationale renseigne sur son effet modeste et sur une faible contribution à l’amélioration de la vie des citoyens.
Pour conclure son rapport, la Cour des Comptes a préparé une série de recommandations permettant aux autorités gouvernementales de réussir la mise en œuvre de la stratégie NM2013. Il est question de la formalisation du processus d’élaboration et d’adoption des stratégies numériques et de mettre en place un comité spécialisé pour valider les outils de conception de la stratégie NM2013.
Il a été recommandé de tenir compte de la composante régionale ou locale dans l’élaboration des stratégies numériques et de fixer les objectifs et les effets escomptés de manière à faciliter leur suivi et leur évaluation ainsi que la limitation des responsabilités de tout un chacun. La réalisation des objectifs requiert l’identification des ressources humaines et financières appropriées.
D’autres recommandations proposent de surveiller en permanence les indicateurs TIC du Maroc et son classement mondial et œuvrer pour leur amélioration et de garantir la continuité du pilotage global des stratégies numériques pour une meilleures visibilité et traçabilité au moment de leur application. La maitrise des délais d’exécution et l’exploitation des outils informatiques de gestion des projets, de pilotage et de reporting régulier sont vivement recommandés.
Fairouz El Mouden