Campagne agricole : loin des rendements de 2018 et 2017

Par Fairouz El Mouden

Les pluies au cours des quinze jours à venir seraient déterminantes pour la campagne céréalière. Le retard des précipitations depuis plus de deux mois commence à peser sur le moral des agriculteurs et des éleveurs. La situation varie d’une région à l’autre. La zone sud est aujourd’hui la plus inquiétante. Cela étant,  et dans les meilleurs des cas, le scénario d’une production record comparable à celle des deux dernières années est totalement écarté. Néanmoins, qu’il pleuve ou pas, d’aucuns s’interrogent sur l’intérêt porté aujourd’hui au développement de la petite agriculture.

La campagne agricole est encore loin d’être compromise déclare, à Al Bayane, un grand opérateur du secteur, requérant l’anonymat.  De son avis, la situation varie d’une région à l’autre. Dans les régions situées au nord de Casablanca (Gharb, Saïs),  la situation est jugée encore satisfaisante et pas encore  inquiétante. Dans la région du Ghaouia, grenier du Maroc, il faut dire que les dernières pluies ont légèrement amélioré la situation mais, malheureusement,  le volume reçu  reste insuffisant et en deçà des attentes  pour dire que la campagne a été définitivement sauvée. Un peu plus loin dans le sud du pays, on constate une petite amélioration grâce aux dernières précipitations mais l’inquiétude commence à s’installer.

Le froid atténue le besoin des plantes

Les pluies  des mois de mars et avril seront déterminantes pour les rendements de l’actuelle  campagne céréalière.  Les prévisions tablent dans  le meilleur des cas sur des rendements moyens à médiocres dans certaines régions. Notre interlocuteur estime,  qu’on n’aura pas un rendement comparable à celui de l’année 2018 ni 2017.  Malgré cet état des lieux,  les opérateurs préfèrent ne pas s’inscrire dans les scénarios catastrophiques qu’ils jugent très possibles.

Néanmoins, si dans les prochains 15 jours, la situation ne se redresse pas, non seulement la céréaculture va être compromise mais l’élevage va être également touché.  Ces deux secteurs restent liés fortement  à la petite agriculture et à la pluie. Pour temporiser, cet opérateur explique qu’heureusement, malgré l’absence de la pluie, la poursuite du froid est un facteur favorable puisqu’il atténue le besoin des plantes en eau.

Pour résumer, il  explique que l’agriculture est une question de recette comme dans la cuisine, la préparation d’une recette nécessite de l’eau, une température ambiante et équilibrée et les bons ingrédients. Du coup, s’il n’y a pas suffisamment d’eau dans la  marmite, les aliments brulent.

Bref, regrette notre source, qu’il  pleuve ou pas, le débat est ailleurs. Car selon lui, il faut aller au fond des choses. Au-delà  de la situation conjoncturelle, il faut s’atteler au développement structurel de ce secteur  et s’interroger  sur ce qui est fait particulièrement par le département de tutelle pour la valorisation et la mise à niveau de la petite agriculture.  Il est grand temps de mettre sur la table tout le monde pour développer ce secteur de la petite agriculture et l’inscrire dans le discours royal.     Deux ratios clés restent très significatifs. Les  céréales  couvrent 75% de la superficie agricole consacrée à ces cultures et concernent 80% des agriculteurs. D’où l’importance et le poids de la céréaculture en tant que principal indicateur d’une bonne, moyenne ou médiocre campagne agricole. L’urgence reste de mise!

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