Karim Ben Amar
Les pluies diluviennes survenues la semaine dernière dans plusieurs régions du Maroc, et qui se poursuivront cette semaine ont fait bien des dégâts. Sur les réseaux sociaux, on a pu visionner des scènes apocalyptiques : Tramway submergés, maisons détruites, routes endommagées. Les plus chanceux ont relevé des dégâts mineurs comme des fuites d’eau dans leurs appartements.
Quant aux SDF, par ces temps de météo peu clémente et de grand froid, ils sont confrontés de plein fouet au «Général hiver». Sans toit, ni vêtements chauds, ils sont exposés à cette vague de froid. Comment font-ils en cette période pour se protéger? Sont-ils exposés au danger de mort? Reçoivent-ils de l’aide? Les détails.
Cet hiver restera sans doute gravé dans nos mémoires, comme étant l’un des plus froids, du moins dans les grandes villes. Les pluies survenues la semaine passée et qui se poursuivront cette semaine ont causé bien des remous à la population, notamment dans les quartiers populaires où des maisons se sont littéralement écroulées. Force est de constater qu’au cours de ces dernières inondations, de nombreux dégâts matériels ont été relevés dans toutes les régions touchées. Les délégataires en ont pris pour leurs grades, critiquées de toute part pour leur absence de prévision, de vision, au même titre que les élus, complétement déconnectés du quotidien et des problèmes que connaissent leurs administrés.
Mais il y a encore plus alarmant. En cette période de grand froid, pour les SDF, se protéger de la météo très peu clémente, c’est le parcours du combattant. Lorsque nous sommes dotés d’un minimum de cœur et que l’on aperçoit des SDF dans la rue durant l’hiver, une question est censée nous tarauder l’esprit : mais comment font-ils? Pour y-répondre, l’équipe d’Al Bayane a contacté Yasser Darraâ, bénévole dans la fondation Assalam pour le développement social.
Présidée par Leila Fetgeh, cette fondation assiste les SDF, et cela tout au long de l’année. À l’aide d’un camion spécialement aménagé (douches, vestiaires, salle de repos et d’écoute), les bénévoles de l’association font des tournées de jour comme de nuit pour aller à la rencontre des plus démunis. Le jeune bénévole âgé de 29 ans, et opérant à Casablanca, a assuré que la plupart des SDF se trouvent dans les grandes artères de la capitale économique du Royaume. «L’on peut les apercevoir à la sortie des fast-food et des restaurants. Quémandant à boire et à manger aux clients, ils se pointent entre 12H et 14H, pour disparaitre jusqu’à la nuit tombée. Ils réapparaissent entre 20H et 21H».
L’étudiant en journalisme ajoute que ces SDF sont âgés pour la plupart entre 8 et 16 ans. 70% d’entre eux sont âgés entre 14 et 16 ans. Pour se protéger en cette période de grand froid, le bénévole a affirmé que la plupart des SDF du centre-ville se réfugient dans une villa à l’abandon, située sur le boulevard Zerktouni. Dans cette habitation désolée, plus de 300 SDF y squattent depuis le début des pluies.
«Sinon, la plupart utilisent des cartons pour se protéger des pluies et du froid. Vêtus de vêtements légers, inadaptés à cette basse température et de sandales, ces jeunes souffrent réellement du froid. Avec des habits trempés, ils s’exposent à tous types de maladies, sans oublier que leur système immunitaire est affaibli puisqu’ils ne se nourrissent convenablement». Et d’ajouter, «ces jeunes risquent leur vie fortuitement. Pas plus tard que la semaine dernière, un jeune adolescent de 13 ans a rendu l’âme dans le quartier Derb Sultan».
Les SDF sont notoirement solidaires. À cet effet, Yasser a annoncé que «pour se tenir chaud, ils se blottissent les uns contre les autres comme dans une boite de sardines».
Le jeune bénévole nous a confiés son vœu. Il espère qu’un esprit de solidarité se forme à l’échelle nationale afin de récolter des vieux vêtements pour les distribuer aux démunis, comme cela se fait en France ou encore en Turquie. «Propre et au sec, les SDF retrouveront ainsi un semblant de dignité», a-t-il conclu.