La récente annonce du projet d’envergure de l’unité mutualisée de dessalement de l’eau de mer à Chtouka pour l’irrigation et l’alimentation en eau potable de la région Souss Massa, consacre le plein engagement du Royaume en faveur d’un développement durable et respectueux de l’environnement.
Conçu comme étant le plus grand du genre à l’échelle mondiale de par sa capacité de production mutualisée pour les besoins de l’irrigation et de l’eau potable, ce projet intervient dans la foulée de la centrale solaire Noor de Ouarzazate, un autre chantier titanesque de la stratégie marocaine des énergies renouvelables.
Les conventions pour la réalisation de cette unité ont été signées en juin dernier à Rabat, entre le ministère de l’Economie et des Finances, le ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), des entreprises espagnoles et le groupe BMCE.
Ce vaste projet nécessitera, dans ses deux composantes (eau potable et eau agricole), un coût global de 4 milliards de dirhams, et devrait permettre, à terme, de sécuriser l’approvisionnement en eau potable du Grand Agadir et fournir de l’eau pour l’agriculture irriguée à haute valeur ajoutée de la zone de Chtouka.
Le recours au dessalement de l’eau de mer a été dicté par la nécessité d’accompagner le développement de cette zone, caractérisée par son dynamisme socio-économique, urbanistique et touristique.
Aujourd’hui, le Souss-Massa est alimentée à partir des ressources superficielles à raison de 80% et des ressources souterraines à hauteur de 20%.
Le projet de dessalement de l’eau de mer se veut ainsi une solution incontournable pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable du Grand Agadir et fournir l’eau pour l’agriculture, sachant que la région assure notamment 65% de la production nationale d’agrumes et de primeurs, destinée en grande partie à l’exportation.
Il faut rappeler que les apports en eau de surface du Souss-Massa sont caractérisés par l’irrégularité et l’impact des changements climatiques. La zone subit des sécheresses longues et sévères et la pluviométrie moyenne ne dépasse pas 150 mm par an dans les plaines et 600 mm par an sur les sommets.
Devant une forte demande, la gestion de ces ressources demeure une opération complexe. Le déficit en eau estimé à 271 millions m3, s’est accompagné d’une baisse du niveau de la nappe phréatique et une montée des eaux de mer avec des répercussions sur l’environnement et l’économie.
Face à cette réalité, le secteur agricole s’est orienté vers les eaux souterraines qui constituent une part importante du potentiel en eau du bassin de Souss-Massa.
Selon les données officielles, les ressources hydriques de surface et souterraines de la région s’élèvent à 1,271 millions m3 par an, alors que les retenues des huit barrages représentent 765 millions m3 auxquelles s’ajoutent 1,4 million m3 au niveau des barrages collinaires.
Depuis quelques années déjà, une approche participative impliquant les utilisateurs, les planificateurs et les décideurs à tous les niveaux, a été privilégiée pour mobiliser l’ensemble des intervenants.
L’objectif de cette unité est de réduire la pression exercée sur l’eau souterraine qui se trouve dans un état de surexploitation chronique et commence à présenter un réel danger pour la pérennité des investissements déjà réalisés et à hypothéquer le développement de la région, selon l’Agence du Bassin hydraulique Souss-Massa.
Basé sur le scénario de préservation, le contrat de nappe comporte, pour sa part, notamment la reconversion de 50.000 ha en irrigation localisée en mettant un dispositif financier plus motivant avec l’arrêt de l’extension des périmètres irrigués, la suspension de l’utilisation des eaux souterraines au niveau des périmètres irrigués à partir des barrages, ainsi que l’amélioration du rendement des réseaux d’irrigation, ce qui a permis une économie en eau de 144 millions m3 par an.
Hassan Hermass (MAP)