L’hétéroclicité fortement dominée par la technocratie

L’actuelle coalition gouvernementale, composée du parti de justice et de développement (PJD), du Rassemblement national des indépendants (RNI), du Mouvement populaire (MP), de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et de l’Union constitutionnelle (UC), est on ne peut plus hétéroclite.

Et au niveau de la représentation des partis politiques au sein de la composition de l’Exécutif, force est de constater que la dimension technocratique est plus dominante que l’appartenance politique à proprement parler.

En effet, le bloc des technocrates est le plus dominant avec neuf ministres. Il s’agit de Abdelouafi Laftit: ministre de l’Intérieur, Nasser Bourita: ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’Étranger, Ahmed Toufiq: ministre des Habous et des Affaires islamiques, Mohammed Hajoui: Secrétaire général du gouvernement, Khalid Ait Taleb: ministre de la Santé, Abdellatif Loudiyi: ministre délégué auprès du Chef du Gouvernement, chargé de l’Administration de la Défense nationale, Noureddine Boutayeb: ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, Mohcine Jazouli: ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’Étranger et Driss Ouaouicha: ministre délégué auprès du ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.

Dans cette nouvelle configuration, le PJD, qui chapeaute pourtant la majorité gouvernementale, n’est représenté que par six ministres, en plus du chef du gouvernement bien entendu. Mais il reste le parti le plus représenté politiquement au gouvernement. Car, le RNI, principal allié du PJD, n’a que quatre ministres, dont deux, (Mohamed Benchaaboun: ministre de l’Économie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, et Mme Nadia Fettah Alaoui: ministre du Tourisme, de l’Artisanat, du Transport aérien et de l’Économie sociale), seraient de véritables technocrates qui n’assistent pas aux activités partisanes de la formation politique qu’ils représentent pourtant au gouvernement.

Le premier, rallié au bureau politique de la Colombe juste après sa nomination après le limogeage de Mohamed Bousaid, n’a jamais pris part aux réunions de l’instance exécutive du parti, alors que la seconde n’aurait jamais mis les pieds sur le terrain aux côtés des militantes du RNI. Cela cadre politiquement avec l’esprit de la création du RNI en 1978 en tant que rassemblement des sans appartenance politique au parlement de l’époque. Dans cette configuration, il en ressort que si les deux principales composantes de la coalition gouvernementales, le PJD et le RNI, totalisent dix ministres, soit seulement un de plus que le bloc technocratique, les trois autres partis politiques (l’USFP, l’UC et le MP) complètent le reste, soit quatre ministres, deux pour l’Epi, et un seul pour la Rose au même titre que le Cheval. Ainsi, dans la composition officielle du gouvernement, le bloc des technocrates arrive en tête avec neuf ministres, suivi du PJD (six), le RNI (quatre), le MP (deux), l’USFP (un seul) et l’UC (un seul).

Et si l’on prend en compte les critères de la culture de l’appartenance politique, le bloc des technocrates serait facilement majoritaire. En interrogeant cette structure telle qu’elle se présente, l’on pourrait se demander comment les électeurs agiraient lors du prochain rendez-vous électoral pour juger le bilan de cette coalition gouvernementale dans le but de la reconduire ou la sanctionner? Apparemment, en raison de cette ambigüité que des composantes de cette majorité se tirent dessus les unes et les autres à des fins purement électorales. Une attitude qui souille l’image de la politique, de l’action politique, de la représentation démocratique et creuse davantage le fossé entre la politique et les citoyennes et les citoyens.

Belkassem Amenzou

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