La loi sur «l’Etat nation du peuple juif» fortement décriée

La loi fondamentale définissant Israël comme étant «l’Etat nation du peuple juif» adoptée le 19 Juillet par la Knesset ne cesse de soulever des remous tant à l’extérieur qu’à intérieur même d’Israël.

Cette loi stipule expressément que l’hébreu devient la seule langue officielle d’Israël écartant l’arabe qui perd ainsi son statut de «langue nationale»; ce qui a été ressentie par les palestiniens citoyens d’Israël comme étant une profonde humiliation même si dans l’une de ses clauses le texte précise, néanmoins, que le «statut spécial» conféré à la langue arabe ne «changera rien aux usages en cours» et qu’à ce titre les textes administratifs et la circulation routière utiliseront toujours les deux langues.

Le texte énonce également que «les implantations juives relèvent (désormais) de l’intérêt national» ce qui implique que l’Etat va prendre toutes les mesures requises pour «encourager» leur développement.

En ratifiant ainsi, de manière constitutionnelle, le caractère juif de l’Etat israélien, les magistrats de la Cour Suprême israélienne vont, désormais, pouvoir faire prévaloir le caractère juif de l’Etat d’Israël sur son principe d’égalité donc pouvoir reconnaître et légaliser une discrimination systématique des communautés non juives notamment la minorité arabe alors même qu’elle représente 20% de la population israélienne.

Autant de raisons pour lesquelles, Maja Kocijancic, la porte-parole de la cheffe de la diplomatie de l’Union Européenne a déclaré : «Nous respectons la souveraineté d’Israël mais les principes de base, y compris le droit des minorités, doivent être respectés». Ajoutant que l’adoption de cette loi va, immanquablement, «compliquer» la solution à deux Etats donc retarder encore plus le règlement du conflit israélo-palestinien, la porte-parole européenne a notamment rappelé que «la solution à deux Etats est la solution défendue par l’Union Européenne et (que) tout doit être fait pour éviter de mettre des obstacles et empêcher que cette solution ne devienne réalité». Maja Kocijancic a signalé, par ailleurs, que l’Union Européenne va «travailler avec les autorités d’Israël sur tout ce qui risque d’empêcher la solution à deux Etats de voir le jour».

A l’intérieur du pays, l’opposition israélienne estime que ce texte de loi est profondément discriminatoire à l’encontre des arabes israéliens dès lors qu’il encourage ouvertement une attitude préférentielle à l’égard du judaïsme.

Elazar Stern, député du parti d’opposition Yesh Atid, considère cette loi comme étant une insulte non seulement envers les arabes mais également à l’égard des druzes engagés notamment dans les rangs de Tsahal et des services de sécurité israéliens.

Benny Begin, une voix dissidente au sein du Likoud, estime que ce texte va profondément aggraver les tensions sociales et renforcer le nationalisme extrémiste alors que pour Shelly Yachimovich, de l’Union Sioniste, celui-ci «encourage une forme de nationalisme dévalué qui hait l’Autre».

Ayman Odeh, le chef de file de la liste arabe unie a, pour sa part, qualifié cette loi d’«antidémocratique, colonialiste, raciste, au caractère d’apartheid très prononcé» qui ne «mentionne ni le mot démocratie, ni le mot égalité et (qui) s’engage à une emphase brutale de la suprématie ethnique ne laissant aucun doute sur le fait qu’il y ait des types de citoyenneté; les juifs de première catégorie et les arabes de seconde catégorie».

Pour Youssef Jabarren, un autre député arabe, cette loi encourage «non seulement la discrimination mais aussi le racisme et va perpétuer le statut d’infériorité des arabes en Israël» pendant que l’entité sioniste va poursuivre «la judéisation de la terre (et) le vol des droits de ses propriétaires ».

Saeb Erekat, le Secrétaire général de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) a condamné, enfin, sur Twitter, une loi «dangereuse et raciste par excellence» qui légalise «officiellement l’apartheid (et) dénie aux citoyens arabes leur droit à l’autodétermination qui n’est plus déterminé que par la population juive».

De quoi demain sera-t-il fait dans cette poudrière moyen-orientale déjà au bord de la déflagration alors que, par cette loi, l’apartheid devient officiellement raison d’Etat ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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