«Maintenant, parler d’industrie du cinéma d’animation au Maroc est un peu prétentieux !»

Entretien avec Mohamed Beyoud, directeur artistique du FICAM

Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef

La 20ème édition du FICAM a tenu toutes ses promesses. En effet, ce rendez-vous cinématographique incontournable ayant repris son éclat après plus de deux ans d’arrêt du fait de la pandémie de la Covid-19, a créé l’événement en invitant de grands noms de l’animation mondiale tels que Tomm Moore, Michel Ocelot, Véronique Augereau, Philippe Peythieu, Alex Kronemer, Florence Miailhe, Félix Dufour-Laperrière, Ron Dyens, Aymu Watanabe. Entretien. 

Al Bayane : cette année, le FICAM souffle  sa 20ème bougie. Quel bilan faites-vous de cette manifestation cinématographique après un arrêt dû à la pandémie de la Covid-19 ?

Mohamed Beyoud : Je ne sais pas si l’on peut faire un bilan ! Or, je pense déjà que la première satisfaction, c’est d’avoir attient ce chiffre de 20 ans ; même si le festival a dépassé les 20 ans parce qu’on n’a pas compté le temps additionnel, étant donné qu’il y avait le Covid qui a gelé les activités artistiques. On a fait aussi une édition professionnelle durant le mois d’octobre pour garder une dynamique autour du film d’animation. Par ailleurs, la satisfaction, c’est que le FICAM a eu lieu malgré l’incertitude, parce que le temps était court pour organiser cette édition là. Une autre satisfaction, c’est qu’on a encore une fois le Haut-Patronage de Sa  Majesté le Roi. A cela s’ajoutent, les salles qui étaient  pleines et le 1er  forum du marché du film d’animation qui a eu un franc succès.

Justement, cette année vous avez lancé un forum dédié au marché du film d’animation. Peut-on parler d’un cinéma d’animation au Maroc ?

On n’a pas encore une industrie du cinéma. On peut parler d’une industrie en Egypte et en Afrique du Sud parce qu’il y a une vraie dynamique. Il y a des studios et des gens qui travaillent pour la postproduction, pour la télévision. Par exemple, en Egypte, il y a des gens qui travaillent des séries d’animation. En Afrique du Sud, il y a des studios qui sont très dynamiques. Au Maroc, on démarre quelque chose, notamment avec ces appels d’offres des deux chaînes publiques marocaines qui ont permis à deux studios marocains de se lancer dans les séries d’animation. Donc, on est dans le début de quelque chose. Maintenant, parler d’industrie est un peu prétentieux, mais, en tous cas, nous sommes sur les bons rails.

Quels rôles pourraient jouer les écoles en matière de la formation des futurs artistes et professionnels du cinéma d’animation ?

Nous sommes optimistes pour l’avenir de ce pays parce que je pense qu’il y a un vrai potentiel. On a deux écoles d’art (l’Institut des beaux arts de Tétouan et l’école des beaux arts de Casablanca) qui forment  des jeunes avec un potentiel incroyable, soit en film d’animation, en bande dessinée, ou encore en images. Je pense qu’il faut juste capitaliser et parier sur ce potentiel pour pouvoir amorcer une filière d’animation dans l’une de ces écoles là. Je pense que l’institut des beaux arts de Tétouan a ce projet là. En d’autres termes, il est temps aujourd’hui de démarrer un département du film d’animation.

Peut-on espérer à un avenir prometteur pour l’animation marocaine, notamment avec la création des studios et la dynamique que connait ce secteur grâce au FICAM et aux appels d’offres lancés par la  2M et la   SNRT ?

Maintenant, on a trois studios. Autrement dit, cette commende lancée par les deux chaînes publiques est un bon démarrage ! Mais, il  faudrait d’abord que les studios se structurent en corporation professionnelle afin qu’ils puissent demander des choses aux pouvoirs publics. C’est pour cette raison qu’on a essayé de rassembler ces trois studios en créant ce forum pour que ces studios marocains soient aussi une force de proposition.

Cette année, le FICAM a rendu hommage aux deux doubleurs internationaux : Véronique Augereau  et Philipe Peythieu. Quelle place occupent les autres métiers dans la philosophie du festival ?

Ce sont des métiers importants dans le cinéma d’animation. Dans le cas du FICAM, on a un atelier qui est dédié à la création d’un documentaire animé. On a déjà des ateliers de musique de film, du son et de l’image. L’idée aussi, c’est de montrer que l’animation est également tous les métiers qui permettent de faire un film, que soit court ou long. D’où l’hommage rendu à Véronique Augereau et Philipe Peythieu, parce que ce sont des gens qui métrisent l’art du doublage. C’est très important pour toute la chaîne du cinéma d’animation. 

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