Déclaration de Dakar
Les participants au Sommet sur la souveraineté alimentaire en Afrique, tenu du 25 au 27 janvier à Diamniadio au Sénégal, avec la participation du Maroc, ont décidé de « mobiliser des financements internes et externes pour les Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture auprès d’un large éventail de partenaires multilatéraux et bilatéraux et du secteur privé », indique la « Déclaration de Dakar ».
Dans cette Déclaration, adoptée lors de ce sommet tenu sous le thème « Nourrir l’Afrique : Souveraineté alimentaire et résilience », les Chefs d’État et de gouvernement de 34 pays africains, chefs d’organisations internationales et bilatérales de développement et dirigeants du secteur privé, se sont dits « préoccupés par le fait que la hausse des prix des denrées alimentaires et les perturbations de l’approvisionnement alimentaire mondial dues au Covid-19, au changement climatique et aux conflits tels que la guerre entre la Russie et l’Ukraine n’aggravent l’insécurité alimentaire en Afrique ».
Ils notent que « l’Afrique abrite environ 65 pour cent des terres arables non cultivées restantes dans le monde et qu’elle a le potentiel de produire suffisamment pour se nourrir elle-même et contribuer à nourrir le reste du monde, ajoute le document.
Ils ont à cet égard dit encourager « le soutien continu des centres internationaux et nationaux de Recherche et Développement agricole, et autres acteurs qui se sont associés aux pays africains pour développer et déployer des moyens de production robustes pour stimuler la productivité au niveau des exploitations et accroître la résilience.
Les participants « reconnaissent qu’en dépit de son énorme potentiel agricole, l’Afrique souffre d’une insécurité alimentaire flagrante, un tiers des 828 millions de personnes souffrant de la faim dans le monde se trouvant en Afrique ».
Tout en soulignant que « l’atteinte et le maintien de la souveraineté alimentaire nécessitent la fourniture de technologies agricoles aux agriculteurs à grande échelle, l’augmentation de la production alimentaire et la croissance des investissements dans les systèmes alimentaires et agricoles », les participants au Sommet Dakar 2 se disent « convaincus que la réalisation de l’objectif de développement durable numéro 2 des Nations Unies Faim zéro ne peut être atteint que s’il est atteint en Afrique «
Les participants à ce Sommet soulignent que « le soutien au secteur agricole africain dépend d’une volonté politique et d’un engagement forts de la part des gouvernements africains, des partenaires au développement et du secteur privé, ainsi que de l’intensification des programmes continentaux à fort impact tels que les Technologies pour la Transformation de l’Agriculture Africaine (TAAT) de la Banque Africaine de Développement, de la réussite de programmes nationaux et de programmes menés par les partenaires « , poursuit le texte
Ils saluent, à cet égard, « les intentions de financement à hauteur de 10 milliards de dollars par le Groupe de la Banque Africaine de Développement et 20 milliards de dollars supplémentaires par plusieurs autres partenaires pour soutenir la transformation du secteur agricole en Afrique à travers la mise en œuvre des Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture et affirment « encourager le soutien continu des centres internationaux et nationaux de Recherche et Développement agricole, et autres acteurs qui se sont associés aux pays africains pour développer et déployer des moyens de production robustes pour stimuler la productivité au niveau des exploitations et accroître la résilience ».
Dans la « Déclaration de Dakar », les participants « reconnaissent que les Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture élaborés lors de ce Sommet ont été préparés par les pays africains, qui se les ont appropriés, et qu’ils transmettent la vision, les défis et les opportunités en matière de productivité agricole, d’infrastructures, de transformation et de valeur ajoutée, de marchés et de financement qui accéléreront la mise en œuvre du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA) de l’Union Africaine.
Ils soulignent que « c’est à présent l’heure pour l’Afrique de se nourrir elle-même et d’exploiter pleinement son potentiel agricole pour contribuer à nourrir le monde » et décident ainsi de « finaliser l’élaboration des Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture approuvés lors du Sommet de Dakar 2 en collaboration avec les parties prenantes des pays, les partenaires au développement et le secteur privé afin de parvenir à la sécurité et à l’autosuffisance alimentaires, d’établir des Conseils Présidentiels pour superviser la mise en œuvre des Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture et de soutenir la mise en œuvre des Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture avec des indicateurs de réussite clairement mesurables et assortis de délais, notamment en adoptant des politiques nationales concrètes, des mesures d’incitation et des réglementations visant à créer un environnement propice à des investissements plus importants et accélérés dans le secteur agricole.
Ils décident ainsi, ajoute le document, de « mobiliser des financements internes et externes pour les Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture auprès d’un large éventail de partenaires multilatéraux et bilatéraux et du secteur privé ; d’augmenter le financement des budgets nationaux pour soutenir les Compacts nationaux pour l’alimentation et l’agriculture conformément à la Déclaration de Malabo sur la croissance et la transformation accélérées de l’agriculture en Afrique pour une prospérité partagée et de meilleures conditions de vie en allouant au moins 10% des dépenses publiques à l’agriculture.
Les participants ont convenu, en outre, de « demander à la Commission de l’Union Africaine et à la Banque Africaine de Développement d’assurer le suivi avec les différents partenaires au développement afin de finaliser le soutien financier de 30 milliards de dollars annoncés lors de ce Sommet, de rechercher un appui financier supplémentaire auprès d’autres partenaires, et de rendre compte du financement global des partenaires au développement; et veiller à ce que la Déclaration du Sommet de Dakar 2 soit soumise au Sommet de l’Union Africaine de février 2023 pour examen », selon le document.
Le Sommet, tenu au Centre international de Conférences Abdou Diouf (CICAD) à Diamniadio, a été marqué par la participation de représentants d’une vingtaine de pays dont le Royaume du Maroc, représenté par une forte délégation conduite par le Chef du Gouvernement, M. Aziz Akhannouch.
L’événement a réuni les gouvernements, le secteur privé, les organisations multilatérales, les ONG et les scientifiques pour relever le défi croissant de la sécurité alimentaire en Afrique.
La délégation marocaine à ce Sommet comprenait également le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Mohamed Sadiki, le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka, le président-directeur général du Groupe OCP , Mustapha Terrab, le Président de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) Chakib Alj, le Directeur général du Fonds « Ithmar Capital », Obaid Amrane et l’Ambassadeur de SM le Roi au Sénégal, Hassan Naciri.
Organisé à l’initiative du Groupe de la Banque africaine de développement, du gouvernement du Sénégal et de la Commission de l’Union africaine, le Sommet Dakar 2 fait suite à la première édition tenue en 2015 qui avait permis de dessiner les contours de la stratégie Nourrir l’Afrique : la Stratégie pour la transformation agricole en Afrique (2016 – 2025).