Roland-Garros
Rafael Nadal estime que le dépassement de soi est encore plus satisfaisant que la victoire elle-même, au lendemain de son 13e trophée à Roland-Garros et d’un 20e titre record en Grand Chelem au terme d’une démonstration de force face au N.1 mondial.
« Dans le sport de haut niveau, ce qui compte c’est la victoire. Mais au-delà de la victoire, il y a une satisfaction personnelle nettement plus grande encore, parce qu’il a fallu faire des sacrifices à certains moments pour parvenir à son objectif », a déclaré Nadal lors d’un entretien téléphonique avec l’AFP, après son triomphe sur la terre battue parisienne.
En l’occurrence, Nadal semblait pouvoir être battu cette année aux Internationaux de France, qu’il a abordé le 27 septembre avec un bilan de 93 victoires pour deux défaites et un forfait.
Résultat: quinze jours plus tard, l’Espagnol affiche 100 victoires et un 13e titre parisien (jamais personne n’a été aussi prolifique dans un tournoi) et un 20e trophée majeur pour égaler le record de Federer. Et il a écoeuré en finale Novak Djokovic qui pensait bien avoir sa chance, tant le froid et l’humidité de cette édition automnale étaient censés affadir la balle d’habitude si vive et incontrôlable du Majorquin.
Si bien qu’il est devenu, avec plus de quinze ans d’écart, le joueur dont la première et la plus récente victoire en Grand Chelem sont les plus espacées dans l’ère Open. Sans que rien de cardinal n’ait changé, selon lui.
« Ce qui a changé, c’est l’âge, a-t-il lâché en souriant. La seule chose négative est que j’ai quinze ans de plus. Pour le reste, les choses importantes de ma vie n’ont pas beaucoup changé. Je vis quasiment au même endroit, j’ai les mêmes amis, et ma façon de vivre en dehors des tournois a peu évolué ».
En plus des conditions automnales du tournoi, Nadal arrivait à Paris avec un net déficit de compétition, n’ayant joué que trois matches sur terre battue depuis la reprise du circuit après cinq mois d’interruption liée au Covid-19, à Rome où il avait été battu par Diego Schwartzman en quarts de finale.
« Depuis le confinement, je ne me sentais pas bien. Pendant plusieurs semaines, je me suis très peu entraîné. Il m’était difficile de m’entraîner comme je l’aurais voulu, en particulier les deux premiers mois après le confinement », a-t-il reconnu juste avant d’embarquer dans un avion pour l’Espagne.
« Pour les corps qui ont beaucoup de kilomètres comme le mien, un arrêt aussi drastique complique énormément le retour à une activité normale », a-t-il expliqué en soulignant qu’après « des semaines difficiles », son corps s’était peu à peu remis.
Le joueur de 34 ans a aussi insisté tout au long de la quinzaine parisienne sur les moments difficiles que le monde traversait en raison du coronavirus.
« Je suis sensible et quand je vois toute cette souffrance, tous ces morts… je me sens mal. Au bout d’un moment, j’ai arrêté de suivre les informations parce que ça me mettait dans un état de tristesse malsain. J’espère que ce cauchemar va prendre fin et que les gens pourront revivre dans un monde plus agréable et plus heureux », a-t-il commenté lundi.
Quant à son exploit sportif, qualifié par Federer comme l' »un des plus grands accomplissements du sport », Nadal a assuré ne pas avoir eu le temps de se rendre compte de son impact.
« Depuis hier (dimanche), je n’ai utilisé mon téléphone quasiment que pour les journalistes. Depuis la fin de la finale, je n’ai pas eu une seconde à moi, je n’ai lu aucun message. Plus tard, ou demain, j’essaierai de lire les messages qu’on m’a écrits et d’y répondre ».
Et que fera-t-il dans quinze ans ? « Je n’ai pas l’habitude de tirer des plans sur la comète, répond-il. Mais j’ai plein de choses à faire, avec ma fondation, l’académie et d’autres choses qui vont commencer. Mais pour le moment, je joue au tennis… on verra jusqu’à quand ».