Diabète et santé oculaire
Ouardirhi Abdelaziz
La rétinopathie diabétique est la cause la plus commune de la cécité (perte de la vue). Si vous souffrez du diabète de type 1 ou de type 2, vous êtes susceptible de développer une rétinopathie. Si vous avez le diabète de type 2, vous devriez faire un examen de dépistage de rétinopathie dès la confirmation du diagnostic. De nombreux petits vaisseaux sanguins traversent votre rétine. Après un certain temps, une glycémie et une pression sanguine élevées peuvent affaiblir ces vaisseaux, le sang peut alors s’en écouler ou ils peuvent saigner. Le saignement peut causer une vision trouble ou la cécité.
La rétinopathie diabétique est une cause majeure de cécité et de malvoyance qui affecte de nombreux patients atteints de diabète. Cette pathologie, est connue pour altérer le fonctionnement du système visuel. En effet, la rétinopathie diabétique est la 2ème cause de cécité au Maroc, après la cataracte, mais elle est en voie d’occuper la première place étant donné l’augmentation de plus de 25 % du nombre de diabétiques, qui aujourd’hui sont estimés à près de 3 millions de malades. La prévalence globale de la rétinopathie diabétique est de 35% et elle est responsable de 10% de cécité à tout âge (société Marocaine d’ophtalmologie 2015). C’est dire la gravité de cette maladie, ou plus exactement de cette complication du diabète.
Différentes formes de rétinopathie
Le diabète entraîne une altération des petits vaisseaux sanguins de la rétine ou capillaires. Certains capillaires vont laisser s’échapper leur contenu fluide, entraînant une rétinopathie diabétique œdémateuse, d’autres vont se boucher empêchant l’oxygénation et l’apport des nutriments permettant la survie des cellules rétiniennes : c’est la rétinopathie diabétique ischémique.
L’ischémie rétinienne va entraîner la formation de petits vaisseaux anormaux, fragiles (néo vaisseaux rétiniens), qui vont être à l’origine des complications sévères de la rétinopathie diabétique dite alors proliférante, à savoir l’hémorragie du vitré, le glaucome néo vasculaire, et le décollement de rétine.
Une évolution sournoise
Les lésions rétiniennes sont une complication très courante du diabète et peuvent se développer silencieusement sur une longue période sans provoquer le moindre symptôme.
Au début, la rétinopathie diabétique se développe en silence et la vision n’est généralement pas modifiée. L’atteinte touche en général les deux yeux, le patient ne ressent aucune anomalie dans les premiers stades de la rétinopathie .
Lorsque la complication évolue, des symptômes peuvent apparaître comme une impression de voile devant les yeux, des symptômes de type brouillard visuel, de troubles de la vision des contrastes ou des couleurs, de corps flottant, et de baisse de vision surviennent à un stade déjà avancé de la maladie, apparaissent aussi des douleurs.
Tout patient diabétique doit faire un examen du fond d’œil après dilatation pupillaire au moins une fois par an. En cas de lésions rétiniennes le patient sera revu tous les six mois ou un intervalle plus rapproché si le diabète est mal équilibré.
Ce qui est important de retenir, c’est que plus un dépistage est précoce, plus il permet de limiter les conséquences de la rétinopathie diabétique.
Multiples traitements
L’équilibre strict du diabète est très important dans la prise en charge de la rétinopathie diabétique, ainsi que le traitement d’une éventuelle hypertension artérielle, d’une augmentation du cholestérol ou des triglycérides. Une collaboration étroite devra être établie entre le diabétologue, le médecin généraliste et l’ophtalmologiste pour traiter la rétinopathie diabétique le plus efficacement possible.
Les médecins spécialistes en ophtalmologie utilisent aussi le Laser multispot . (le nombre de séances est décidé par le médecin traitant, tout est fonction de la gravité de l’atteinte..).
Pour traiter la rétinopathie diabétique, les médecins ophtalmologues utilisent aussi des injections répétées dans l’œil d’antiVEGF (en anglais Vascular endothelial growth factor ) , ces injections sont réalisées au bloc opératoire par le spécialiste en ophtalmologie par voie intra-vitréenne, empêchant la croissance des néovaisseaux qui sont une affection grave qui menace la fonction visuelle.
La cataracte
La rétinopathie diabétique n’est pas la seule complication oculaire liée au diabète. Celui-ci est également à l’origine de cataractes plus précoces que dans la population non diabétique, et d’atteintes vasculaires aiguës du nerf optique et de la rétine, ces deux dernières atteintes entraînant des baisses de vision subites et nécessitant une prise en charge très rapide.
Le cristallin est une lentille transparente située à l’intérieur de l’œil, derrière l’iris (membrane qui fait la couleur de l’œil) qui permet aux rayons lumineux de converger à l’intérieur de l’œil pour les concentrer sur la rétine. Cependant, majoritairement à cause du vieillissement, des corps amyloïdes se forment à la surface du cristallin. Il s’agit de zones d’opacité, qui trouvent leur origine dans un réagencement des molécules protéiques qui composent cette lentille naturelle. Leur apparition, dont les premiers effets se font ressentir vers 65 ans, puis leur progression, viennent peu à peu troubler la vue des sujets atteints. Ils ont l’impression grandissante de regarder au travers d’un voile trouble, distinguent moins bien les contrastes, les couleurs, leur acuité visuelle diminue et ils sont souvent victimes d’éblouissements, notamment la nuit, quand ils sont exposés à des lumières vives comme des phares de voiture.
C’est la cataracte, affection susceptible de se développer plus tôt que la moyenne chez les sujets diabétiques. Non soignée, la cataracte peut entraîner la perte de vision complète ainsi que d’autres pathologies comme le glaucome ou l’uvéite.
Certaines personnes ont plus de risques de développer une cataracte : les sujets âgés (on estime que la cataracte touche près des deux tiers des plus de 85 ans), les personnes souffrant de myopie forte, les personnes diabétiques, les fumeurs (selon leur consommation) ou encore les personnes sous traitement corticoïde. L’exposition solaire sans protection est aussi un facteur de risque.
Traitement de référence de la cataracte
Quand le diagnostic est établi par le médecin spécialiste (ophtalmologue), celui-ci explique à son patient que le traitement de référence de la cataracte est la chirurgie, qui donne d’excellents résultats. Aujourd’hui les ophtalmologues disposent de moyens sophistiqués, de matériels de pointe, de structures adaptées, de blocs opératoires de dernière génération….
Il faut savoir que plus le patient hésite, recule sa date d’opération de la cataracte, plus l’opacification évolutive du cristallin pourra conduire à une diminution croissante de la vision, et à une perte d’autonomie.
L’opération de la cataracte est une intervention micro-invasive qui utilise la technique de phacoémulsification, une méthode sûre et efficace.
Grâce à des avancées technologiques, les implants intraoculaires de dernières générations appelés implants premiums (multifocaux toriques….etc.) peuvent également corriger d’autres problèmes de vision tels que la myopie, l’astigmatisme et même, dans une certaine mesure, la presbytie, permettant aux patients de réduire leur dépendance aux lunettes.
L’opération est souvent réalisée sous anesthésie locale, et le temps de récupération post-opératoire est généralement court, permettant aux patients de retrouver une vision nette et améliorée. Les implants intraoculaires, qui remplacent le cristallin opacifié, jouent un rôle essentiel dans la restauration de la vision et dans la correction des défauts visuels préexistants.
Au Maroc, plus de 25.000 opérations de la cataracte tous secteurs confondus (public- privé) sont réalisées chaque année, ce qui ne représente que 30 ou 40 % des besoins réels.
Des caravanes de cataractes sont organisées par des associations, des ONG…
En ce qui concerne la prévention de la cataracte, il est recommandé d’arrêter le tabac, la consommation d’alcool, ce qui diminue le risque de souffrir plus jeune d’une cataracte. La protection solaire doit être également systématique, car elle constitue également un facteur de risque de souffrir plus jeune de la cataracte.
Eviter autant que possible de passer des heures interminables devant le PC et les tablettes, portables…