Netanyahou vole au secours de Trump

La dernière sortie en grandes pompes et bien orchestrée de Benjamin Netanyahu relative à la masse d’informations qu’il prétend détenir sur le programme nucléaire de Téhéran et aux «preuves nouvelles et concluantes du programme d’armes nucléaires que l’Iran a(urait) dissimulé pendant des années aux yeux de la communauté internationale» a-t-elle des chances de faire basculer le sort de l’accord sur le nucléaire iranien?

A première vue, il semble que non – fort heureusement, du reste – puisque contrairement à Donald Trump, le principal allié d’Israël qui a enjoint les Européens de proposer, avant le 12 mai 2018 , un nouveau texte destiné à combler les «terribles lacunes» que contiendrait l’accord de 2015 – faute de quoi les Etats-Unis s’en retireront – la France, le Royaume-Uni et l’Union Européenne, farouches partisans du maintien de ce texte dans sa mouture initiale, semblent, pour l’heure, camper sur leurs positions et n’accorder aucun crédit aux allégations du Premier ministre israélien qui entend, également, les communiquer à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (A.I.E.A.) et à tous les «acteurs internationaux concernés». Prête à examiner toutes les «informations pertinentes» qui lui parviendront, l’A.I.E.A. a, néanmoins, tenu à rappeler que, dans les conclusions contenues dans l’un de ses rapports datant de 2015, elle avait précisé ne disposer d’«aucune indication crédible d’activités en Iran liées au développement d’un engin nucléaire après 2009».

Mais force est de constater, toutefois, que bien que les informations que prétend détenir Benjamin Netanyahou soient sans réelle valeur, elles jouent, tout de même, la carte de Washington en ce sens qu’elles confortent un Donald Trump qui cherche obstinément et par n’importe quel moyen à faire sortir les Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire signé à Vienne le 14 Juillet 2015 par l’Iran, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’O.N.U. (USA, Russie, Chine, France et Royaume-Uni) et l’Allemagne.

Pour rappel, ce Plan d’action qui était entré en vigueur en Janvier 2016 lorsque l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) avait confirmé que Téhéran respectait ses engagements, avait poussé les Américains et les Européens à annuler les sanctions initialement imposées à l’Iran à cause de son programme nucléaire.

Or, en considérant que ce plan d’action n’est pas un traité, le président Barack Obama n’avait pas cru devoir le soumettre à une ratification par le Congrès. Raison pour laquelle, lors du 114ème Congrès des Etats-Unis, les Républicains, majoritaires, avaient adopté une loi dite «Iran Nuclear Agrement Review Act» (INARA) qui, bien que n’engageant que les seuls Etats-Unis, oblige le locataire de la Maison Blanche à le «certifier» tous les 90 jours de manière à confirmer au Congrès que l’Iran n’a pas développé de programme nucléaire lui permettant de se doter de l’arme atomique.

Or, en refusant aujourd’hui de «certifier» ce plan malgré les assurances de l’A.I.E.A., le Président américain court  le risque d’être à l’origine d’une relance de la course aux armements et de la prolifération nucléaire en ce moment où le Royaume Wahhabite et la République Islamique se disputent le leadership dans la région et qu’Israël qui considère que Téhéran constitue une menace pour son existence a envoyé, encore une fois, son Premier ministre, rejouer sa sempiternelle pièce de théâtre devant la communauté internationale.

Moscou estime, pour sa part, que la manière d’agir de Donald Trump à l’égard de l’accord sur le nucléaire iranien nuira incontestablement «au climat de prévisibilité, de sécurité, de stabilité et de non-prolifération dans le monde entier» alors que le président iranien Hassan Rohani, considère que «si les Etats-Unis prennent une position hostile à l’égard d’un accord international, ils ne s’opposeront pas seulement à l’Iran mais au monde entier».

Que dire pour terminer sinon que les gesticulations du Premier ministre israélien poussent, encore une fois, Paris, Moscou, Pékin, Londres et Berlin à mettre en garde Washington contre «un retour en arrière aux conséquences imprévisibles» ? Qu’en sera-t-il dans les jours qui viennent du texte sur le nucléaire iranien signé à Vienne le 14 Juillet 2015 par Téhéran, Berlin et les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’O.N.U. ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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