Nous sommes tous concernés

Le 17 Octobre de chaque année,  la communauté internationale et le Maroc célèbrent  la journée mondiale du don et de la greffe d’organes. C’est un événement qui revêt une très grande importance pour l’ensemble de l’humanité eu égard aux enjeux que revêtent aujourd’hui le don et la greffe d’organes en termes de santé publique. Chaque jour, des hommes, des femmes et des enfants meurent faute d’avoir pu être transplantés à temps, alors que la médecine  est en en mesure de les sauver et de leur assurer une meilleure qualité de vie.

La médecine réalise chaque jour des avancées énormes dans le domaine de la santé, du bien-être des individus. De nombreuses maladies sont totalement vaincues, certaines ont carrément disparu, grâce aux moyens de diagnostic, à de nouvelles technologies, de nouveaux médicaments toujours plus efficaces des vies sont sauvées et prolongées.

Mais malgré tous ces progrès dans le traitement de certaines maladies, le recours à des greffons humains reste, dans de nombreuses situations, le seul moyen permettant la survie d’un patient atteint d’une maladie grave.

C’est ce que l’on désigne sous le terme de transplantation d’organes, qui est une opération chirurgicale par laquelle un organe malade est remplacé par un organe sain prélevé chez une personne vivante  (donneur ) ou prélevé sur une personne  décédée.

La personne transplantée est appelée receveur, celle qui est décédée et sur laquelle l’organe est prélevé est le donneur.

Cependant, le nombre de prélèvements ne suffit pas à couvrir le besoin en greffons, et c’est actuellement la pénurie d’organes qui constitue le frein majeur aux activités de transplantation.

Le Maroc est très concerné par la pénurie de greffons, car notre population demeure à ce jour très partagée sur cette question.

Tordre le cou aux idées fausses

La journée mondiale du don et de la greffe d’organes qui se tient chaque année le 17 Octobre, a justement pour objectif d’attirer l’attention sur les problématiques de la solidarité humaine par le don d’organes.

Cette journée est aussi mise à contribution par les associations, les sociétés savantes pour informer et sensibiliser la population sur cette situation alarmante, et de rappeler que le don d’organes est un acte de générosité et de solidarité qui peut sauver des vies.

Chez nous, nous adhérons aux grandes avancées réalisées dans tous les domaines de la médecine, sauf celui du don d’organes.

Il faut le dire et le répéter sans cesse, pour de nombreux Marocains la question du don d’organes reste encore un tabou, il ne faut pas se leurrer, raconter des histoires à dormir debout pour expliquer ce qui ne peut l’être. Chez nous le don d’organes, ne fait toujours pas partie de notre culture, point à la ligne

Pourtant, force est de rappeler que la première transplantation de rein a été effectuée, au Maroc en 1968, alors que les autres pays du monde arabe n’ont suivi que vers les années 80. Or, inexplicablement, ceux-ci ont réalisé bien des avancées au moment où notre pays demeure au pied de la liste.

Importance du don d’organe

Nous ne le répéterons jamais assez, mais il faut dire et redire que le don d’organes est une nécessité pour que les personnes souffrant d’une insuffisance organique terminale puissent continuer à vivre ou améliorer de manière significative leur qualité de vie. Par exemple, pour les personnes qui sont condamnées à faire la dialyse toute leur vie, à raison de trois séances par semaine, soit 12 séances par mois, chaque séance est facturée à 800 DH, plus certains médicaments indispensables, soit près de 4.500 DH par mois pour chaque malade.

Avec la greffe rénale, toutes ces personnes seront libérées de la machine de dialyse. Elles pourront  poursuivre leur vie normalement, s’ils trouvent un donneur et font une greffe de rein qui est aujourd’hui réalisée au niveau de tous les CHU du Maroc.

La greffe coûte entre 200 000 DH à 250 000 DH, auxquels il faut ajouter les coûts des médicaments antirejet qui doivent être réguliers.
Pour un malade qui a une prise en charge de type AMO, le problème ne se pose pas, mais pour un malade démuni le problème se posera tôt ou tard. Il est vrai que le ministère de la Santé a entrepris des actions louables qui ont permis de greffer plusieurs personnes et que les coûts ont été entièrement financés par le ministère de la santé, mais est – ce que le ministère pourra financer toutes les greffes des malades démunis qui sont des Ramedistes ?

Un geste de solidarité humaine et sociale

Les organes ne se vendent pas, ne s’achètent pas. Le don d’organes est un acte de générosité, un geste de solidarité humaine et sociale.

Aujourd’hui, de nombreux patients attendent avec impatience ce précieux don qui peut leur permettra de changer totalement leur vie.

Mais dans les faits, dans la réalité des choses, il en va autrement. Nos concitoyens ne se pressent pas pour donner un organe ou s’inscrire sur le registre des donneurs d’organes, bien au contraire, nombreux sont celles et ceux qui opposent un non catégorique au don d’organes.

Il faut savoir que pour prélever un organe d’une personne déclarée morte, c’est toute une procédure qui est mise en route dès lors qu’une famille n’oppose pas son refus, mais accepte que les organes du défunt servent à sauver d’autres personnes.

Les donneurs sont des personnes décédées à l’hôpital après un traumatisme crânien, un accident vasculaire cérébral ou parfois après un arrêt circulatoire. Le prélèvement d’un ou plusieurs organes ou tissus est envisagé après le constat du décès. Les organes sont maintenus artificiellement en état de fonctionner jusqu’à l’opération de prélèvement.

C’est un geste de solidarité, de générosité inestimable.

Ce que dit la Loi

Selon le dispositif de la loi n°16-98 relative au don, au prélèvement et à la transplantation : Toute personne majeure peut faire don de ses organes après son décès. Cette volonté de don après la mort, peut être enregistrée auprès du président du tribunal de première instance. De même, les personnes qui, de leur vivant, veulent s’opposer au prélèvement après leur décès expriment ce refus par une déclaration reçue également par le président du tribunal de première instance.
Pour le donneur vivant, le consentement du donneur est obligatoire mais toujours révocable. La gratuité du don est de mise.
En aucun cas, le don ne peut être rémunéré ou faire l’objet de transaction.
Le consentement au prélèvement doit être exprimé devant le président du tribunal de première instance. Les personnes mineures ne peuvent être donneuses. Les donneurs autorisés selon la loi marocaine sont les descendants, les frères, les sœurs, les oncles, les tantes, ou leurs enfants. Le conjoint peut être donneur si le mariage a été contracté depuis au moins une année.

Le 20 juillet 2014, et pour la première fois au Maroc, les organes d’un petit garçon de dix ans se trouvant en état de mort cérébrale ont permis de sauver deux personnes. Il aura fallu beaucoup de courage à la famille pour accepter de donner les organes de leur fils (le rein et le foie.

Ouardirhi Abdelaziz

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