Objectif : Eviter une année blanche dans l’intérêt des étudiants et du pays

Conférence du PPS sur «l’avenir de la formation médicale au Maroc»

 M’Barek Tafsi

 Très impliqué dans la recherche d’une solution de la crise dans les facultés de médecine et de pharmacie, le secteur des étudiants du Parti du Progrès et du Socialisme a organisé, jeudi 5 avril, une conférence sous le thème «l’avenir de la formation médicale au Maroc» avec la participation des représentants des parties concernées.

Ouvrant cette conférence, le coordinateur du secteur des étudiants du PPS, Younes Belaidi en a souligné l’importance et l’actualité, tout en regrettant l’absence de représentants des départements ministériels concernés, à qui des invitations ont été adressées.

Ont en effet pris part à cette conférence Dr Jamal Eddine Sebbani, Secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement supérieur, Pr Ali Lotfi, président du Réseau Marocain pour la Défense du Droit à la Santé et Droit à la Vie, Pr Mohamed Ahallat, ancien doyen de la faculté de médecine et de pharmacie de Tanger à l’Université Abdelamalek Saadi, Dr Allaa El Aissaoui, chirurgien orthopédiste et Dr Aymane Fethi, de la commission nationale des étudiants de médecine et de pharmacie.

Nabil Benabdallah : 

Le PPS à la recherche d’une issue à la crise dans les facultés de médecine et de pharmacie

Prenant la parole, le Secrétaire général du PPS, Mohammed Nabil Benabdallah a indiqué que cette rencontre est organisée dans le but ultime de rechercher une issue à la crise dans les facultés de médecine et de pharmacie et de dépasser la tension qui y règne pour permettre la reprise des cours et éviter la perte qui menace l’année universitaire, exposée à la possibilité d’une année blanche.

Dans ce sens, de nombreux contacts ont eu lieu aussi bien de la part de la direction du parti, du Bureau politique et de ses membres que de la part de la Jeunesse socialiste ou encore du secteur des étudiants avec les parties concernées, au cours desquels le parti a soutenu les différentes revendications estudiantines exprimées, tout en soulignant la nécessité de trouver une solution aux problèmes qui se posent, a-t-il dit.

Et c’est dans ce sens qu’il convient d’œuvrer au cours de cette rencontre, a-t-il dit, notant que les deux ministères concernés contactés pour participer à ce débat n’ont pas répondu présents.

Selon lui, la situation tendue entre les parties concernées est insupportable et il importe d’œuvrer à présent pour éviter d’autres réactions nocives.

Il a rappelé avoir eu un long entretien avec le ministre de l’enseignement supérieur à ce sujet, estimant qu’il existe encore quelques pistes exploitables pour dépasser la situation actuelle dans l’intérêt des étudiants et de leurs parents qui s’inquiètent de l’avenir de leurs enfants.

Après avoir remercié les participants, il a insisté sur la possibilité de trouver des solutions, malgré les obstacles et les complications, invitant toutes les parties à faire preuve de responsabilité et de pondération.

Pour ce qui le concerne, le PPS a souligné dans deux communiqués consécutifs de son Bureau politique que le gouvernement doit rester ouvert au dialogue et qu’il doit comprendre qu’il a la responsabilité de gérer les choses publiques dans le pays et de trouver les solutions appropriées à toutes les situations de tensions. Il doit comprendre aussi que toute escalade est préjudiciable et ne justifie pas de porter atteinte aux libertés publiques (certaines mesures prises à l’égard d’associations opérant dans le milieu estudiantin, décisions disciplinaires et interdictions de tous les sit-in de protestation etc….).

Au PPS, l’on estime aussi que quel que soit le degré d’impatience, le gouvernement doit rester ouvert au dialogue et tendre la main pour trouver les solutions appropriées à tous les problèmes qui se posent.

Au-delà de l’actuelle initiative de réunir cette conférence, le PPS aspire à en faire non pas un meeting de mobilisation des étudiantes et des étudiants pour remonter en créneau et intensifier la lutte, mais à la transformer en plateforme pour trouver une issue à la crise, a-t-il martelé.

Il faut arrêter de mettre en péril les intérêts des étudiantes et des étudiants et aller vers la sauvegarde de l’année universitaire dans les facultés de médecine et de pharmacie et du cursus universitaire des futurs médecins du pays, a souligné Benabdallah, estimant que si l’année universitaire en cours connait une issue négative, il sera très difficile de récupérer le temps perdu pour les étudiants concernés.

Les étudiants appelés à adopter une approche responsable

Pour ce faire, les étudiantes et les étudiants sont appelés à adopter une approche responsable et pondérée et j’espère que toutes les parties concernées y contribueront, a-t-il expliqué, soulignant encore une fois que ce qui compte pour le PPS à présent c’est de sauvegarder l’année universitaire.

Tout le débat en cours doit se focaliser sur cette mission, a-t-il encore noté, avant de rappeler que le PPS reproche à juste titre au gouvernement son incapacité à mener les réformes requises et satisfaire les revendications du peuple marocain.

Evoquant les points de discorde et la réduction de la durée des études de 7 ans à 6 ans, il a estimé que ce qui intéresse les étudiants, c’est d’être rassurés à propos du parcours, de la manière d’y parvenir et du troisième cycle. Pour le ministère, a-t-il dit, tous les points peuvent être discutés, à condition d’accepter le régime des études de 6 ans, qui est déjà entré en vigueur.

Au-delà des positions des uns et des autres, il a estimé que la priorité doit être donnée à la reprise des cours et l’acceptation d’être disposé à débattre de toutes les autres questions y compris la manière d’organiser ces études durant six ans. Le deuxième point concerne l’organisation des stages des étudiants et également du troisième cycle.  

Il y a d’autres questions et revendications à caractère matériel que le gouvernement doit être disposé à discuter, selon lui.

Pour sa part, le communiqué du Syndicat national de l’enseignement supérieur à ce sujet est clair en ce qui concerne le principe qu’il y a des questions qui concernent directement les étudiants et d’autres qui ont un aspect pédagogique. Ces dernières, selon le SNESUP, ne peuvent être traitées que par les enseignants et les instances ministérielles concernées, a-t-il ajouté.

Quant au PPS, a-t-il encore dit, il considère que les questions qui ont une dimension pédagogique et l’organisation des cours en rapport avec l’aspect pédagogique, ne peuvent pas être débattues avec les étudiants. Il y a des instances chargées de ces sujets et qui sont habilitées à se pencher sur ces affaires.

Il est possible aux étudiants d’exprimer des revendications, mais la décision finale doit revenir aux organismes compétents pour ce qui est des choix pédagogiques, a estimé Benabdallah, invitant les étudiants et leurs représentants à contribuer à l’apaisement de la situation et les autres intervenants tel le SNESUP à soutenir la même vision pour rapprocher les positions et parvenir le plus vite possible à une solution satisfaisante dans l’intérêt des étudiants et du pays.

Faire preuve de flexibilité et reprendre les cours

Reprenant la parole, à l’issue de toutes les interventions, Benabdallah a souligné de nouveau que la présente conférence ne vise pas à alimenter les tensions, mais à trouver une issue à la crise, appelant les étudiants à faire preuve de flexibilité dans le but d’exploiter toutes les pistes existantes.

Commentant l’exposé fait au nom des étudiants, le SG du PPS a estimé qu’il ne tend pas vers la recherche d’une solution. 

Pour le gouvernement, a-t-il dit, le dialogue, organisé entre les parties n’a pas abouti à une quelconque solution, étant donné que les étudiants ont campé sur leur position de refus.

Mais ce qu’il faut comprendre à présent, c’est que le gouvernement n’est plus disposé à reprendre un dialogue clos et qu’il a déjà pris une série de mesures tout en étant prêt à toutes les éventualités, y compris le recours à son plan B, qui signifie qu’il est même prêt à sacrifier les intérêts des étudiants, a expliqué Benabdallah, tout en insistant sur la détermination du PPS pour empêcher une telle aventure.

Après avoir rappelé que c’est au gouvernement, fort de sa majorité numérique, de prendre les décisions finales, il a expliqué que ce dernier a commis l’erreur de présenter la réduction de la durée des études à 6 ans comme une mesure pour résorber le déficit en personnel médical, alors que l’approche saine consiste à définir les besoins de la réforme et les objectifs généraux à atteindre et à présenter les mesures comme résultantes et non pas en tant que causes de la réduction des années de formation.

Le problème se pose donc dans un premier temps au niveau de la forme. La forme et la manière ne sont pas appropriées.

Il a expliqué dans ce cadre que compte tenu de la pression sur les responsables, suite aux développements rapides concernant notamment la couverture sociale et médicale universelle, qui requiert de disposer d’un grand nombre de médecins dans les différentes unités hospitalières, le gouvernement recherche des solutions rapides avec tous les défis qui se posent en prévision de 2030.

Evidemment, les étudiants craignent qu’ils soient victimes de ces solutions hâtives qui risqueraient de porter atteinte à la qualité de la formation des médecins. Ce qui est également compréhensible c’est que les étudiants demandent à avoir des garanties concernant la manière de mise en application de ces mesures sur le terrain.  

A présent, les étudiants doivent comprendre aussi que la satisfaction de certaines revendications ne peut avoir lieu que dans le cadre d’engagements qui nécessiteront plusieurs années pour leur mise en œuvre. 

C’est ainsi que le nombre croissant des étudiants se heurte au manque des professeurs pour encadrer leurs stages. Pour améliorer le niveau d’encadrement, tout cela devra être réalisé de manière progressive et il sera difficile de le faire d’un seul coup.

Sur un autre plan, il importe de faire admettre au gouvernement que toutes les questions soient discutées de manière globale et qu’il doit s’engager à trouver des solutions progressivement au processus dans son ensemble.

Ce qu’il faut savoir aussi c’est qu’il n’est plus possible pour le gouvernement de faire marche arrière et de renoncer à la durée de six ans des études. Le gouvernement a pris tout un ensemble de mesures d’accompagnement et il est décidé à ne pas reculer, tout en soutenant que la reprise des cours est la condition sine qua non avant de prendre les mesures demandées.    

Tout en invitant les uns et les autres à renoncer à leur intransigeance pour ne pas sacrifier toute une génération, il a attiré l’attention des étudiants sur le risque de s’isoler en se comportant ainsi et de perdre à l’avenir la chance de trouver des acteurs qui porteraient leurs revendications.

Il faut raisonner les choses et éviter une année blanche dans l’intérêt des étudiants et du pays, a-t-il encore dit, invitant les étudiants à faire des propositions constructives, à reprendre les cours et à ne pas se contenter de tenir des propos extrémistes.

Oussama Arroub :

 Les étudiants du PPS, parmi les premiers à avoir apporté leur soutien aux étudiants de médecine

Présentant la position du secteur des étudiants du PPS sur le sujet, Oussama Arroub, chargé du dossier des facultés de médecine au sein du secteur des étudiants du PPS, a indiqué que le secteur a été l’un des premiers à avoir apporté son soutien aux revendications légitimes des étudiants et à dénoncer les politiques de répression et de négligence à l’égard des étudiants de médecine et de pharmacie.

Après trois mois de boycott des cours théoriques et des stages hospitaliers, la situation perdure et la menace d’une année blanche se profile à l’horizon, a-t-il dit, notant que la présente conférence organisée par le PPS avec la participation des parties concernées, se veut être une plateforme de soutien et d’aide pour trouver une solution réaliste et concrète pour éviter le spectre d’une année blanche. Dès lors, toutes les parties concernées sont invitées à faire preuve de responsabilité pour résoudre ce problème qui menace les facultés de médecine et de pharmacie dans l’objectif d’améliorer la formation médicale et d’assurer le droit d’accès aux soins médicaux à tous les Marocains.

Jamal Eddine Sebbani

Le SNESUP disposé à jouer son rôle pour éviter une année blanche

  Pour sa part, Jamal Eddine Sebbani, Secrétaire général du syndicat national de l’enseignement supérieur, a rappelé que son syndicat accorde une grande importance à la problématique de l’enseignement supérieur.

Après avoir rappelé l’histoire de la première université dans le monde fondée au Maroc au 9ème siècle, il a exprimé le regret que cette réalisation de taille n’a pas eu de suites positives dans le pays, du fait de la décadence du monde musulman. Au Maroc, il a fallu attendre 1959 pour voir le pays se doter de son université. Au lendemain de son indépendance, le pays avait tout d’abord tenté de s’inspirer du système anglo-saxon dans le but de rompre avec le système colonial, avant d’y renoncer et de calquer son modèle universitaire sur le système français.

 Il a également rappelé que le SNESUP, conscient des imperfections de ce système français, appelle sans cesse à une réforme radicale du système marocain, dont la réalisation devrait nécessiter plus de 20 ans, selon le ministère, qui se contente de réformes partielles, telle la réforme pédagogique dans les facultés de médecine et de pharmacie.

   Il a précisé aussi que pour le syndicat, toute réforme pédagogique doit revenir aux structures compétentes composées d’enseignants comme en médecine et pharmacie.

 Il a rappelé par ailleurs qu’en 1955-1956, le Maroc ne comptait que 207 étudiants parmi lesquels, il fallait désigner des ministres, des chefs de cabinet, des secrétaires généraux, des généraux, des médecins et d’autres responsables. Parmi eux, il y avait 32 médecins.

   La première faculté marocaine de médecine a été ouverte en 1962 à Rabat, puis d’autres plus tard à Casablanca, Fès, Marrakech, Agadir, Oujda, Tanger, Laayoune, Béni Mellal, Rachidia et Guelmim.

Au terme de cette évolution, a-t-il dit, il faut reconnaitre, qu’un effort colossal a été déployé par le pays depuis son indépendance. De 207 étudiants, le pays compte aujourd’hui 1.300.000 étudiants.

Un effort donc a été consenti pour augmenter le nombre des médecins formés au Maroc, sachant que le pays n’a pas encore atteint le nombre requis de médecins par habitants.

Durant la période 2011-2021, le nombre des étudiants a augmenté de 11.000 à 28.000, alors que le nombre des professeurs enseignants est passé de 1400 à 1800 dans les facultés de médecine et de pharmacie.

Au lendemain de la mise en place en 2005 de l’option du départ volontaire, entre 25 et 30% des professeurs sont partis. En 2006, il a été décidé d’augmenter le nombre des étudiants.

Il y a donc de l’incohérence quelque part, selon lui.

En vérité, le problème est lié à l’existence de deux systèmes privé et public en parallèle. Actuellement, l’attraction du privé est tellement grande qu’elle menace le public. Le salaire dans le privé est cinq fois supérieur à celui dans le public.

Ça veut dire que le professeur de médecine, dont la formation a coûté beaucoup d’argent à l’Etat est en mesure de rejoindre à tout moment le privé.

En 1994, on avait tenté de créer des cliniques universitaires au sein des CHU pour résoudre ce problème lié aux différences de salaires. Un délai de 5 ans a été donné, mais les cliniques universitaires n’ont pas été créées.

Et c’est dans ce climat de déséquilibres à différents niveaux qu’est intervenue la réforme en cours, a-t-il dit, précisant que le SNESUP est disposé à intervenir et jouer son rôle dans le cadre d’une médiation pour éviter une année blanche dont les premières victimes ne sont que les étudiants.

Pr Mohamed Ahallat

«L’actuelle réforme a tous les atouts nécessaires à sa réussite»

De son côté, Pr Mohamed Ahallat, ancien doyen de la faculté de médecine et de pharmacie de Tanger est revenu sur l’évolution historique des études de médecine au Maroc, précisant que la première faculté de médecine dans le pays a été ouverte en 1962-63 à Rabat et que le premier régime des études a été adopté en 1964.

Quant à la durée des études, elle était fixée à 6 ans, dont une année d’études internée et il y avait un concours pour les stages externes.

En 1965, a eu lieu une réforme du régime pour tenter de trouver une solution au système d’externat, copié sur la France et qui avait montré ses limites. Et même en France, l’externat a été annulé de facto.

La durée des études a été fixée à 6 ans dont une année préparatoire. Cette durée a été complétée par une année de stage. Ce stage n’était pas évalué. Après le stage, l’étudiant devait passer ses examens cliniques.

En 1967, le décret royal relatif aux externes-internes a été publié au BO. Et c’est là que l’on va décréter l’externat sur concours ouvert aux étudiants ayant accompli deux années d’études médicales plus l’année préparatoire.

C’est dire que le régime des études était toujours en cours d’élaboration et que les imperfections qu’il connaissait n’ont jamais été totalement résorbées.

En 1983, la réforme qui a eu lieu avait supprimé l’année prépa : 7 ans d’études avec une année de stage.

Il a rappelé aussi que les professeurs se plaignaient de la baisse du niveau des étudiants envoyés en périphérie et du nombre élevé des échecs dans les examens cliniques.

En 1993, on a procédé à une nouvelle réforme qui s’est avérée peu concluante.    

En 2014, on a procédé à une autre réforme « vide », qui était l’œuvre de professeurs et de doyens et non pas du gouvernement. C’est ce qui explique sa limite et son abandon.

En 2022-23 a eu lieu la réforme actuelle pour la réduction des études à six ans. Sa mise en œuvre a suscité un deuxième mouvement des étudiants, qui « n’expriment pas de manière claire ce qui les inquiète dans cette réforme ».

Si c’est seulement la réduction des années de formation, il faut dire qu’il s’agit d’un problème pédagogique qui requiert une solution pédagogique qui est réalisable. Ce problème ne doit en aucun cas constituer un obstacle devant la reprise des cours, a indiqué Dr Ahallat, allant jusqu’à dire que la 7ème année n’est pas très bénéfique aux étudiants. Pire encore, quelques étudiants perdent de leur niveau au terme de cette année d’externat et d’autres apprennent des choses contraires à la déontologie du médecin.

Et Pr Ahallat d’affirmer qu’il s’agit à présent d’une « véritable réforme qui a toutes les caractéristiques nécessaires à sa réussite », à savoir l’engagement du gouvernement.

Ceux qui avaient élaboré ce projet avaient même proposé cinq ans de formation et non pas six ans, a-t-il dit, rappelant que partout dans le monde, la formation dure six ans (France, Allemagne, Espagne, etc.).

Un autre atout de cette réforme réside dans l’existence de mesures d’accompagnement, a-t-il dit, affirmant que toutes les facultés ont été dotées de postes budgétaires nécessaires.

Pour le praticien, a-t-il dit, l’on sent que le gouvernement fait quelque chose de concret dans le cadre de cette réforme fondée sur l’efficience pour avoir un médecin en six ans avec moins de frais.

Elle est dictée aussi par le souci d’équité, en rapport avec la médecine de proximité, surtout que l’éventualité d’introduire la médecine de famille est inscrite dans cette réforme.    

Mais ce qui est important dans ce cadre, c’est que les enseignants n’ont pas d’objection contre cette réforme au même titre que la société civile.

Pour lui, il faut faire preuve de rationalité et faire de cette réforme une opportunité qu’il faut saisir pour améliorer les conditions de stage.

Il a noté par ailleurs que le CHU n’est pas le lieu idéal de la formation des étudiants, parce que le futur médecin ne va pas exercer durant toute sa vie dans le CHU mais ailleurs dans le pays. Il va s’occuper de la pathologie dans les hôpitaux régionaux et provinciaux. L’idéal c’est d’effectuer un stage dans le lieu où le futur médecin va exercer mais sous l’encadrement d’un professeur d’enseignement supérieur. 

Pour lui, l’engagement du gouvernement est la pierre angulaire de la réussite de cette réforme, qu’il convient d’accompagner par la suppression du TPA (temps plein aménagé, pour les enseignants de facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire). 

La formation en pédagogie des enseignants est un problème majeur, sachant que l’enseignement est un métier à part qui requiert sa propre formation et que l’enseignement traditionnel, basé sur le cours magistral est démodé et dépassé.

Et Pr Hallat de souligner la nécessité pour les étudiants de saisir l’occasion de cette conférence pour reprendre les cours tout en restant vigilants dans leurs discussions avec les responsables pour réaliser leurs revendications en particulier pour le troisième cycle et en matière de formation et d’amélioration des conditions matérielles.

Dr Ali Lotfi

L’initiative d’organiser cette conférence est louable

D’entrée, Dr Ali Lotfi, président du réseau marocain pour la défense du droit à la santé, a souligné que le PPS a pris une noble initiative, à travers l’organisation de cette rencontre compte tenu de la gravité de la situation et du risque d’une année blanche dans les facultés de médecine et de pharmacie.

Il a rappelé que la crise du Covid au Maroc avait dévoilé au pays son déficit en personnels médical (30.000 médecins) et paramédical (60.000 infirmiers) et qu’il est temps d’y remédier.

A présent, les responsables n’excluent plus la possibilité de faire appel à des médecins étrangers parallèlement à la poursuite du renforcement du secteur privé à travers l’ouverture de nouvelles cliniques et facultés.

Pour redresser la situation, la durée des études a été ramenée à 6 ans comme c’est le cas en général en Europe, sachant que le Maroc est appelé à doubler ses effectifs s’il veut combler son déficit en personnels médical et paramédical, a-t-il dit, tout en appelant au renforcement du secteur public et de la faculté publique.

Dr Aymane Fathi

Les étudiants sont ouverts au dialogue

Prenant la parole, Dr Aymane Fathi de la commission nationale des étudiants en médecine et en pharmacie a loué l’initiative du PPS d’organiser cette conférence dont l’intitulé résume les préoccupations des étudiants à savoir « l’avenir de la formation médicale au Maroc ».

Il a estimé que la valorisation des ressources humaines est un pilier très important dans le cadre de la mise en œuvre de la couverture sociale et médicale universelle et de l’amélioration de la qualité de l’offre médicale. Ce sont deux éléments interdépendants, a-t-il dit.

La valorisation des ressources humaines suppose de garder ces ressources au Maroc et faire en sorte qu’elles n’émigrent pas.

Cela suppose évidemment de les former dans l’amour de la patrie et l’attachement au pays. 

Quant à l’offre médicale, elle doit être au niveau de la dignité des Marocains, a-t-il ajouté, notant que les deux éléments dépendent de l’avenir de la formation médicale au Maroc.

Evoquant le problème dans les facultés de médecine et de pharmacie, il a fait savoir que la fermeture du dialogue avec les étudiants et leur commission nationale est une erreur de la part des responsables.

Il a souligné de même que les punitions et les dissolutions n’ont fait qu’augmenter la tension chez les étudiants, qui ne réclament que le dialogue pour débattre des points de discorde.

Selon lui, le dossier des revendications des étudiants ne doit pas être réduit à la durée des études (6 ans au lieu 7 ans). Il concerne des points non résolus depuis le démarrage de la réforme en 2015.

Les points de discorde portent aussi sur les conditions de formation dans le cadre de l’augmentation du nombre des médecins, a-t-il ajouté, notant qu’il est inadmissible que le médecin formé ne soit pas de bon niveau.

Le 3ème cycle et la médecine de famille ainsi que d’autres questions se posent et restent sans réponse au même titre que celle de la réduction des années de formation à 6 ans.

Si cette réduction a été présentée comme solution à la crise du déficit, il faut reconnaitre qu’elle ne va pas contribuer à la lutte contre l’exode des médecins. Au contraire, elle va l’encourager. Ailleurs, des pays européens leur accordent une année supplémentaire (7ème année) pour parachever leurs études.

Si le dialogue suppose d’accepter l’échange d’idées et d’arguments, le gouvernement campe sur ses positions, selon lui, affirmant que les étudiants ne sont pas nihilistes et qu’ils sont ouverts à débattre de tous les points litigieux en toute responsabilité. Ils sont pour un dialogue effectif, constructif et véritable.

S’agissant des indemnités pour des missions, il a rappelé que l’indemnité actuelle de 21 Dirhams par jour est très insuffisante et ne couvre ni les frais de transport, ni les autres charges.

Il a également souligné que l’avis des étudiants est important au cours de l’examen des demandes d’accréditation des facultés, qui doivent présenter une évaluation de leurs étudiants pour en tenir compte, avant de répéter que les étudiants refusent la réduction des années de formation de 7 à 6 ans.

Dr Allaa El Aissaoui

Besoin d’une meilleure communication

Prenant la parole, Dr Allaa El Aissaoui, chirurgien orthopédiste, a souligné que ce qui inquiète surtout les futurs médecins c’est d’être lâchés, face à leurs responsabilités de médecins, sans la formation nécessaire, estimant que la lourde responsabilité du médecin exige de lui un effort continu pour sa mise à jour.

Quoi qu’il en soit, les étudiants ont besoin d’être mieux informés sur les atouts de cette réforme et la réduction de la durée de leurs études à 6 ans ainsi que sur les mesures d’accompagnement prises pour leur assurer une bonne formation, a-t-il dit, émettant l’espoir que la présente conférence débouche sur une solution de consensus qui permette de dénouer la crise et de sauver l’année universitaire dans les facultés de médecine et de pharmacie.

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