Opacité des associations: Il est temps d’agir et d’assainir

La gestion des associations subventionnées par l’Etat, les collectivités locales, l’Initiative nationale du développement humain (INDH) et par certains organismes étrangers est de nouveau pointée du doigt. C’est le gouvernement qui est monté au créneau, en décidant de resserrer le contrôle sur la comptabilité des associations actives dans plusieurs domaines, a fait savoir son porte-parole.

Par cette mesure, laisse entendre l’initiative gouvernementale, l’Exécutif prend ainsi acte du dernier rapport de la Cour des comptes qui avait révélé moult dysfonctions dans la gestion des associations.

En effet, des financements opaques de nombreuses associations et plusieurs irrégularités entachant leur gestion ont été mis à nu par les magistrats de la Cour des comptes. Cette question avait déjà été soulevée par la même institution de contrôle des deniers publics, le Haut-commissariat au plan (HCP) et les médias. En effet, le chef du gouvernement avait adressé, sur la base d’un rapport de la même Cour des comptes, une circulaire demandant aux différents départements ministériels de mettre à la disposition de l’institution du contrôle financier les listes des associations bénéficiaires, les montants des subventions et des aides et les conventions signées avec ces associations.

Cette mesure était prise sur la base de la disposition 86 de la loi 62-99 relative au code des juridictions financières, et dans le cadre de la bonne gouvernance et du contrôle de l’argent public. Cependant, ces orientations n’ont pas été mises en œuvre, laissant la porte grandement ouverte à toutes les manœuvres et les manipulations dans le tissu associatif. Bien plus, des financements étrangers sont octroyés à des associations locales sans un suivi rigoureux de la part des autorités compétentes. Et pourtant, il s’agit de sommes d’argent importantes.

Le montant global du financement public accordé annuellement par les départements ministériels, les entreprises et les établissements publics au profit des associations dépasse les sept milliards de dirhams. Ce montant s’ajoute ainsi aux subventions et aides versées par les collectivités locales et l’INDH aux associations. Pour ce qui est des contributions financières internationales, le montant frôle les deux milliards de dirhams sur la période allant de 2012 à 2016, selon des informations révélées par la commission des finances à la Chambre des représentants lors du débat du budget sectoriel du Secrétariat général du gouvernement (SGG) de l’exercice en cours.

Eu égard à la valeur de ces subventions et leur exploitation, le jeu en vaut bien la chandelle pour préserver le bien commun et servir l’intérêt général. Car, force est de reconnaitre que cette absence de suivi, de contrôle et d’audit des finances des associations, qui bénéficient des subventions d’ici ou d’ailleurs, a été mis à profit par des politiciens qui exploitent ce domaine à des fins politiques, par des élus qui y recourent pour des visées purement électorales, par des groupes qui s’y investissent à des buts non avoués et par certaines personnes qui l’ont transformé en fonds de commerce.

Et pourtant, il s’agit d’un champ où des milliards de dirhams sont dépensés sans aucun suivi rigoureux par les autorités compétentes. Le dernier rapport de la Cour des comptes a bien mis la puce à l’oreille du gouvernement, qui, semble-t-il, a bien capté le signal et estimé l’ampleur du danger. Reste à savoir comment va-t-il agir ? Et c’est dans «l’agir politique» que sa bonne volonté politique se manifestera.

B.Amenzou

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