Seulement 5% des jeunes Marocains ont confiance dans l’action et les partis politiques
Alors que les jeunes Marocains représentent 40% du fichier électoral, seul 1% d’entre eux exerce la politique au sein des partis, selon des statistiques du Haut-commissariat au plan (HCP).
Ce constat soulève moult interrogations quant à la capacité de séduire des partis politiques, leur cadre d’encadrement et leur système de fonctionnement. Ces interrogations interpellent surtout quand on se rend compte, d’après les mêmes statistiques, que seulement 5% des jeunes Marocains ont confiance dans l’action et les partis politiques, tandis que 70% d’entre eux se désintéressent complètement de ce champ.
Ces statistiques laissent entendre que les formations politiques n’accomplissent plus leur mission de sensibilisation et d’encadrement des jeunes. Cette interprétation est expliquée également par le fait que le nombre de jeunes qui s’expriment sur les réseaux sociaux ne cesse de croitre, alors que lors des manifestations partisanes ou syndicales, leurs interventions se font de plus en plus rares.
De même, lors des sit-in, des manifestations de protestations et des mouvements de colère, les jeunes occupent le devant de la scène sans aucun encadrement politique. Il s’agit en fait d’un nouveau phénomène qui commence à prendre de l’ampleur en dehors de tout encadrement politique, syndical ou social. Et lorsque cet état de fait dégénère, des partis politiques et leurs leaders montent au créneau pour critiquer vigoureusement la réaction des jeunes, oubliant que leur politique serait, en grande partie, à l’origine du dérapage.
Ce qui pousse à croire que cette situation alimente un sentiment de méfiance à l’égard des institutions d’intermédiation et d’encadrement des jeunes. En fait, cette situation serait le résultat des visions politiques de plusieurs acteurs politiques eux-mêmes qui ne cèdent pas la place aux jeunes et ne balisent pas la voie devant eux pour s’épanouir politiquement et se préparer à prendre la relève. Dès que ces acteurs prennent les commandes d’une institution politique ou syndicale, ils ne la lâchent que pour des raisons de santé, de mort, mais très rarement de leur bon gré en s’inclinant aux principes de démocratie et d’alternance.
Cette longévité des acteurs politiques alimente la crise de confiance chez les jeunes. En plus de ces facteurs liés aux dysfonctionnements partisans, force est de constater que les conditions sociales aggravent également ce phénomène. En fait, des statistiques du Conseil économique, social et environnemental révèlent que le chômage touche 26.5% des 15-24 ans. Ce taux atteint les 43% dans le milieu urbain.
D’autres statistiques ont révélé que 2.7 millions de jeunes âgés entre 15 et 29 ans sont sans instruction et pas moins de 75% de la même tranche d’âge sont sans couverture médicale. Ce qui impacte la situation des jeunes. Cette vulnérabilité et cette précarité dans lesquelles plongent les jeunes les exposent à des risques et des dérives qui pourraient détruire toute la société.
B.A