Présidentielles tchèques : Un duel très serré

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Les 8,4 millions d’électeurs tchèques qui ont été appelés aux urnes vendredi et samedi derniers, 13 et 14 janvier 2023, pour le premier tour du scrutin présidentiel organisé à l’effet de trouver un successeur à Milos Zeman parmi les neuf candidats en lice, ont permis à Andrej Babis et à Petre Pavel d’émerger du lot et d’occuper les deux premières places en recueillant respectivement 35,4% et 35% des suffrages exprimés.

Mais qui sont ces personnalités que les tchèques vont être appelés à « départager » lors du deuxième tour de cette élection présidentielle les 27 et 28 Janvier ? 

Petr Pavel, 61 ans, ancien militaire parachutiste ayant le grade de général, est un ancien chef d’état-major de l’armée tchèque et un ancien président du comité militaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) qui s’était fait connaître du grand public, en 1993, quand, durant la guerre de Bosnie, il avait volé au secours des soldats français assiégés par les Serbes mais qui se voit, désormais, reprocher son passé militaire à l’époque de l’URSS lorsqu’il donnait des cours de renseignement militaire au profit de l’Etat communiste de l’époque et qui entend, aujourd’hui,  « ramener l’ordre et le calme » dans le pays alors que celui-ci a connu de grandes manifestations pro-russes dénonçant les sanctions européennes appliquées à l’encontre de la Russie à la suite de son assaut contre l’Ukraine.

Au moment d’introduire son bulletin dans l’urne, ce vendredi, dans un bureau de vote de son village natal de Cernoucek, au nord de Prague, Petre Pavel a tenu à faire savoir qu’il s’est présenté à cette course à l’investiture suprême de la République Tchèque avec pour objectif de restaurer la dignité de la fonction présidentielle écornée durant les dix années du mandat de Milos Zeman, d’établir « une communication normale et (d’)essayer d’obtenir des résultats non pas par la confrontation mais par la coopération ». 

Mais, en apprenant, samedi, qu’il ne dépassait que d’une très courte tête, son concurrent immédiat, Andrej Babis, le vieux général, a signalé à ses partisans réunis dans le centre historique de Prague, en arborant un large sourire : « Je pense que je sourirais beaucoup plus si la différence était, disons, de dix points, mais cette marge est si mince que je vois maintenant le dur travail pour le second tour plutôt qu’une raison de faire la fête ».

Son poursuivant immédiat, Andrej Babis, 68 ans, devenue la cinquième fortune dans le pays grâce à l’agro-business, est connu à travers les positions et les décisions éminemment populistes qu’il avait prises lorsqu’il avait été à la tête du gouvernement à partir de 2017 avant d’en démissionner à la suite de son échec aux législatives d’Octobre 2021.

Figure extrêmement controversée, accusé de fraude fiscale du fait de l’utilisation douteuse qu’il avait fait des fonds européens avant d’être acquitté le 9 Janvier, le vieux magnat des affaires qui a sillonné le pays durant l’été afin de redorer son blason et qui craint, toutefois, une campagne de diffamation de la part des « journalistes alliés de Pavel » a tenu à rappeler que ce dernier, qu’il compare à Poutine puisqu’il avait déjà envisagé une carrière dans le renseignement militaire, « a menti lors des débats (car il) n’avait rien fait pour le pays »  

Enfin, avec un tel résultat, il est clair que non seulement le second tour sera très serré mais aussi que celui qui remportera ce scrutin aura fort à faire face à une inflation record qui a atteint 15,8% et aux déficits exorbitants des finances publiques tchèques auxquels a donné lieu la guerre d’Ukraine mais attendons pour voir…

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