Québec: Manifestations contre les violences faites aux femmes

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Ce vendredi, plus de 10.000 femmes ont battu le pavé des rues de Montréal pour dénoncer les violences dont elles sont victimes et qui pendant cette pandémie se sont soldées par la mort de 21 d’entre elles. Déplorant que 13 femmes tombèrent sous les coups de leurs conjoints et que 8 femmes furent assassinées en l’espace de 8 semaines, les femmes se sont trouvées contraintes d’organiser une vingtaine de manifestations dans la province du Québec afin d’interpeler le gouvernement sur la nécessité de renforcer le filet de sécurité autour des victimes de violences conjugales.

A Montréal, elles ont marché, dans le calme, du parc La Fontaine jusqu’au Mont Royal en brandissant des pancartes où l’on pouvait lire : «On ne tue jamais par amour !», «On ne naît pas femme mais on en meurt !», « Des réformes avant qu’on soit mortes ! », « Assez, c’est assez. Pas une de plus !» ou encore «Plus écoutées mortes que vivantes ! » et en scandant, à l’unisson, «Huit féminicides en huit semaines, c’est assez !».

Arrivées au cœur du parc La Fontaine, les manifestantes ont énoncé, en cœur, les noms des 13 femmes tombées sous les coups de leurs conjoints ou ex-conjoints – à savoir, Johanne Corriveau, Sylvie F., Francine Lussier, Mary Saviadjuk, Françoise Côté, Elisapee Angma, Marly Édouard, Nancy Roy, Myriam Dallaire, Sylvie Bisson, Nadège Jolicoeur, Kataluk Paningayak-Naluiyuk et Rebekah Harry – puis observé une minute de silence à leur mémoire.

« Ce décompte est horrifiant » s’est écrié la comédienne Ingrid Falaise, l’une des organisatrices de l’évènement qui se présente elle-même comme étant « une survivante des violences conjugales ».

Victime de violence conjugale puisqu’elle avait été frappée par son conjoint alors même qu’elle était encore enceinte, Noémie qui, bien qu’ayant échappé à la mort, déclare que « l’on ne s’en sort jamais parce que le système de justice n’est pas fait pour les victimes mais pour les bourreaux » a tenu à participer à cette manifestation et à braver le froid de ce vendredi pour « donner sa voix » afin que les femmes n’aient plus honte de parler de ce qui leur arrive, n’aient plus peur de dénoncer ce qu’elles endurent.

« On n’en peut plus, on n’en peut plus. Il faut éduquer nos garçons dès leur jeune âge ! » s’est écriée, en s’adressant à la foule, Viviane Michel, la présidente de la fédération des femmes autochtones du Québec qui a tenu à rappeler que le taux de violence envers les femmes autochtones est encore plus élevé que dans les autres milieux.

Laurence Bettez, la représentante de la Maison « secours aux femmes » de Montréal, elle-même ancienne victime de violences conjugales a tenu à préciser que le nombre d’appels reçus par son établissement a subi une hausse vertigineuse durant la présente crise sanitaire mondiale du nouveau coronavirus mais qu’en l’absence de financement, cette maison éprouve de grandes difficultés à répondre aux doléances de toutes les victimes de violence qui frappent à sa porte.

En rappelant que le problème des féminicides n’est pas l’apanage des femmes mais qu’il concerne l’ensemble de la société, l’oratrice qui a déclaré être présente à cette manifestation non seulement comme citoyenne mais également à titre d’élue venue rappeler à tous que la « lutte contre ce fléau doit continuer », a déploré le fait que les hommes y soient moins représentés que les femmes mais présenté sa gratitude à ceux qui ont, tout de même, fait le déplacement.

Mais si, aux dires des responsables des différentes associations de défense des droits des femmes et centres d’écoute pour celles qui sont victimes de violences conjugales, le drame des femmes « bat son plein » et c’est le moins que l’on puisse dire quand la recrudescence des féminicides plonge ces dernières dans la peur et le désarroi, de quoi donc demain sera-t-il fait dans cette « belle province » qui a pour nom « Québec » ? Attendons, pour voir…

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